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- Affaires municipales -- Aînés -- Des nouvelles de Bedford -

Villas des Rivières

le véritable problème
Guy Paquin

REMARQUE DE LA RÉDACTION

Dans notre dernier numéro, nous rapportions que des résidents des Villas des Rivières de Bedford devraient être relocalisés ailleurs en juillet 2022, les gestionnaires de cette résidence pour personnes âgées (RPA) ayant décidé de transformer la vocation de l’établissement afin d’en restreindre l’accès aux seuls aînés entièrement autonomes.

Cette menace de coupures dans les services de santé a entraîné une vaste mobilisation au sein de la population locale et de ses élus. Un groupe citoyen a été créé, les élus de la ville de Bedford sont intervenus et l’ensemble des maires de la MRC de Brome-Missisquoi ont joint le concert pour demander un moratoire d’un an avant de jeter l’éponge et d’accepter cette coupure dans les services.

Jean-Marc Savoie, responsable de la gestion des Villas des Rivières et président de l’OHBM (Office d’Habitation de Brome-Missisquoi), évoque une pénurie de personnel pour justifier le changement de vocation de cette RPA. Or, derrière ce manque bien réel d’employés qualifiés se cache un autre problème, d’ordre financier celui-là. Voici ce qu’en disent des intervenants conscients de ce problème et déterminés à le résoudre afin d’éviter l’éviction des résidents semi-autonomes.

Le règlement du Centre intégré universitaire de Santé et de Services sociaux (CIUSSS), qui régit les RPA de niveau 3, exige la présence sur les lieux d’au moins un, ou une, préposé(e) qualifié(e) 24 heures sur 24, soit pour les 3 quarts de travail de 8 heures chacun. Aux Villas, le quart nocturne est assumé par un gardien de nuit, ce qui n’est pas conforme à la règlementation.

Afin de maintenir la certification de niveau trois, il faut donc trouver des préposés qualifiés. Il est clair que, dans l’incapacité de dénicher ces perles rares, l’OHBM a baissé les bras, préférant mettre à la porte les résidents et résidentes qui ont besoin de services spécialisés en tout temps.

Subvention envolée

Daniel Tétreault, maire de Notre-Dame-de-Stanbridge et préfet suppléant de la MRC Brome-Missisquoi, suit de près ce qui se passe aux Villas. C’est lui qui qui attire notre attention sur la face cachée du problème : l’argent.

« Tout d’abord, explique-t-il, les résidents paient un loyer très modeste, parce que, dès le départ, cette RPA, a été conçue pour des gens à très faible revenu. Cela se solde donc par un déficit. Ensuite, les Villas ont été gérées, au départ, par des gestionnaires locaux et bénévoles. Depuis qu’on a centralisé la gestion de toutes les RPA municipales à Cowansville, il faut payer Jean-Marc Savoie, qui agit comme gestionnaire.

« Faute de disposer de personnel à temps plein pour les trois quarts de travail, on doit avoir recours à des travailleurs embauchés ponctuellement et fournis par des agences privées qui demandent le gros prix. »

« Finalement, à l’origine, cette RPA bénéficiait du programme de subventions Service Plus. Or, cette aide substantielle n’existe plus. Aujourd’hui, la contribution totale du CIUSSS est bien moindre qu’au départ. En 2014, elle était de 167 256 $ tandis que, en 2022, elle ne sera que de 131 517 $. »

Nul besoin d’un doctorat en sciences économiques pour comprendre qu’un manque à gagner de 35 739 $ ne facilite pas la chasse aux préposés spécialisés.

La nouvelle mouture des RPA

La pénurie de préposés spécialisés est bien réelle, mais le déficit financier et l’inaptitude du modèle de gestion à combler les postes requis contribuent également au problème. Que ou qui faut-il remplacer, le modèle de gestion ou la clientèle qu’il doit servir ?

Le comité citoyen durcit le ton

Pour sortir de l’ornière administrative où se trouve la RPA de Bedford, on a décidé, le 17 mars dernier, de créer une table ronde. Yves Gnocchini, conseiller municipal à la ville de Bedford et désormais membre du conseil d’administration de l’OHBM, nous apprend que, outre lui-même, la table de consultation comprendrait un représentant du pôle de Bedford (logiquement, Daniel Tétreault, préfet suppléant de la MRC et maire de Notre-Dame-de-Stanbridge), deux ou trois autres représentants de l’OHBM, un ou deux autres représentants de la ville de Bedford ainsi que des observateurs non votants provenant du CIUSSS de l’Estrie et du personnel politique de la députée-ministre provinciale, Isabelle Charest.

Qu’en est-il des citoyens qui contestent la décision de l’OHBM ? Ceux-là même qui ont formé le comité citoyen pour les services de santé dans le pôle de Bedford (CCSSPB) rejettent les nouveaux critères d’admission aux Villas et exigent le retour aux règles en vigueur depuis la fondation de la RPA.

Photo : Paulette Vanier

« On leur a réservé deux ou trois sièges à la table ronde, répond Yves Gnocchini. Ils pourront faire valoir leur point de vue. » Pourtant, selon Yves Lévesque, ex-maire de Bedford et grand manitou du CCSSPB, « tous les membres du comité de citoyens sont déçus de la rencontre du 17 mars où on nous a annoncé la création de la table ronde. Il est clair que l’on y sera beaucoup plus à l’écoute de l’OHBM que de qui que ce soit d’autre. Nous ne sommes donc pas d’accord avec cette table ronde biaisée. »

« Que l’Office d’Habitation fasse sa job ! »

 Pour Yves Lévesque, il y a unanimité au comité de citoyens : ce n’est pas à une table ronde de faire le travail de l’OHBM. « On manque d’argent aux Villas des Rivières ? Que l’OHBM en trouve ! On manque de personnel qualifié ? Que l’OHBM en embauche ! Pas besoin d’une table ronde qui ne nous semble pas neutre. Nous croyons que ce comité va pencher vers la solution de l’Office : exclure les résidents qui ne « fittent » plus avec les nouveaux critères de sélection. »

Selon lui, le comité de citoyens se demande si l’OHBM parle avec son bailleur de fonds, le CIUSSS de l’Estrie. « C’est à ces deux-là de débloquer l’embâcle financier ou la pénurie de personnel. La table ronde, elle, va créer un huis clos décisionnel qui, au bout du compte, mettra la population devant un fait accompli. On déresponsabilise ainsi l’OHBM et le CIUSSS. Il faut revenir aux règles du début, d’avant qu’on enlève la gestion des RPA municipales aux municipalités. Le nouveau modèle de gestion ne correspond pas aux objectifs de départ : offrir un chez-soi décent et pas cher à des personnes âgées sans ressources financières. »

Les citoyens membres du comité souhaitent donc rencontrer Isabelle Charest dans les plus brefs délais. Ils désirent également donner la parole aux familles des résidents des Villas lors d’une assemblée qui se tiendra le 9 avril au local du Club de l’Âge d’or de Bedford et région. De son côté, Yves Gnocchini espère que la table ronde se donnera un échéancier au plus tard fin avril… Ces violons-là ne seront peut-être pas faciles à accorder.

 

 

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