LARVE DE PLÉCOPTÈRE
Les illustrations sont une gracieuseté de l’OBVBM
On ne soupçonne pas leur existence, et pourtant. Cachés sous les pierres, dans le sable ou la litière, une multitude de petits organismes peuplent le fond de nos rivières et rendent de grands services à la science.
Cette communauté́, c’est le benthos. Également appelées macro-invertébrés benthiques, ces petites bêtes dépourvues de squelette sont visibles à l’œil nu. Ces insectes, mollusques, vers et crustacés, vivent au fond des cours d’eau et constituent un maillon important de la chaîne alimentaire aquatique. Mais leur utilité́ ne s’arrête pas là : ce sont aussi d’excellents indicateurs de l’état de santé global d’un écosystème aquatique.
De petites bêtes au secours de la science
Bien qu’ils partagent un même monde, ces organismes sont plus ou moins sensibles à la pollution et aux perturbations qui affectent leur habitat : les espèces les plus sensibles meurent, les plus résistantes survivent. La composition de la communauté́ benthique est donc représentative des conditions environnementales d’un milieu aquatique et nous renseigne sur la qualité́ biologique et physique de l’habitat et de l’eau. Plus ou moins sédentaires et fidèles à certains substrats, les macro-invertébrés benthiques sont abondants et faciles à collecter, ce qui est très pratique pour les scientifiques. Et comme ils vivent de quelques mois à quelques années, ils peuvent témoigner de l’évolution de l’état de santé d’un cours d’eau au fil du temps, en fonction des perturbations subies ou des efforts investis pour restaurer la qualité́ du milieu.
Quand la science participative passe le benthos à la loupe
LARVE D’ÉPHÉMÈRE
Ces bioindicateurs sont également de précieux alliés pour comprendre comment les changements climatiques affectent les milieux aquatiques d’eau douce et leur biodiversité́, que l’on sait particulièrement sensibles à l’augmentation de la température de l’eau et de la fréquence et de l’importance des crues, phénomènes que l’on observe malheureusement de plus en plus.
C’est dans cette optique qu’en 2017, le Groupe d’éducation et d’écosurveillance de l’eau a mis en place Des rivières surveillées : s’adapter pour l’avenir !, un programme de science participative qui repose sur un réseau de surveillance volontaire et permanente — que l’Organisme du bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) a rejoint en 2021, et qui utilise le benthos comme outil de diagnostic de la santé des rivières. Les participants s’engagent à procéder à un échantillonnage rigoureux en suivant un protocole élaboré́ par le ministère de l’Environnement. Collectés à l’aide d’un filet, les macro-invertébrés sont triés et identifiés à l’aide d’une clé et d’un guide d’identification visuelle. La diversité, l’abondance totale et relative, et la présence ou l’absence de certaines familles permettent in fine de calculer un « indice d’intégrité́ biotique » reflétant la capacité du milieu à maintenir une communauté́ vivante équilibrée et résiliente.
Les données collectées dans le ruisseau Morpions, un affluent de la rivière aux Brochets, indiquent un état de santé précaire dans un secteur où 58,7 % du bassin versant du ruisseau est occupé par l’agriculture, 26,1 % par des milieux boisés et 9,2 % par des milieux humides.
Il y a donc du travail à faire pour améliorer la qualité́ de l’eau de nos rivières, et le benthos est là pour nous le rappeler.
* Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi
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