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- Agriculture -- Environnement -

Le vérificateur général blâme le ministère de l’Agriculture

Les terres agricoles du Québec menacées ?
Pierre Lefrançois

Dans un rapport dévastateur déposé ce printemps à l’Assemblée nationale par le bureau du vérificateur général du Québec, Mme Janique Lambert, commissaire au Développement durable, estime que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) fait preuve de laxisme et se traîne les pieds en matière de mécanismes mis en place pour préserver et améliorer la santé des sols et permettre leur conservation. Entre 1988 et 2022, « 6772 hectares des meilleures terres ont été exclus », relève-t-elle, au profit, entre autres, des infrastructures routières et énergétiques, et de la construction résidentielle.

Selon elle, le constat est clair : la pérennité du territoire arable est en danger de même que l’atteinte des cibles d’autonomie alimentaire du Québec. À peine le tiers du territoire agricole serait présentement en culture. Une réalité qui a entraîné une augmentation extraordinaire de la valeur des terres (+84 % de 2012 à 2022, selon la Financière agricole du Québec). Par conséquent, l’établissement d’une relève agricole en souffre.

Même si la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles interdit l’usage d’un lot agricole à des fins autres qu’agricole, le MAPAQ n’a pas joué son rôle de protection et de mise en valeur des terres sous sa responsabilité, conclut la commissaire dans son rapport. « Bien que le MAPAQ connaisse les grands enjeux qui nuisent à la pérennité du territoire agricole, ajoute-t-elle, il n’a pas élaboré d’orientations précises dans ses plans stratégiques ni dans la politique bioalimentaire lui permettant d’y faire face. Il est difficile, voire impossible, de connaître les intentions du ministère à court, moyen et long terme, car il n’a pas identifié les objectifs précis et mesurables qu’il veut atteindre. »

Janique Lambert tape aussi sur les doigts de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) qu’elle désigne comme l’un des principaux responsables de l’accès de plus en plus limité aux terres cultivables. « La surveillance exercée par la CPTAQ est insuffisante pour détecter les infractions commises en zone agricole et pour agir avec diligence afin de corriger la situation », dénonce-t-elle. Des pratiques comme le morcellement des terres ont, par exemple, tendance à passer sous le radar de la commission.

Dans son audit de performance, la commissaire reproche également au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs de ne pas avoir défini « d’indicateurs ou de cibles pour mesurer les effets » d’une cinquantaine de mesures financées par le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC), ce qui représente pas moins de 2,7 milliards de dollars.

Par ailleurs, les mesures d’écoconditionnalité et d’écoresponsabilité mises en place par La Financière agricole du Québec dans ses programmes sont insuffisantes pour accélérer l’adoption de pratiques agricoles durables favorisant la santé et la conservation des sols.

Bref, il semble bien que le gouvernement Legault n’entende pas grand-chose au rôle qu’il devrait jouer en ces temps d’inflation et de crise climatique. C’est la population, et au premier chef les agriculteurs, qui en paient la note.

Consulter le rapport : https://bit.ly/3fGgrOs

 

 

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