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- Environnement -

Protection des habitats de trois espèces en péril

Julie Reinling, OBVBM*
Tortue molle à épines. Photo : Zoo de Granby

L’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) amorce un projet en trois volets dans le but de rétablir des populations de tortues-molles à épines et de protéger des habitats de la tortue des bois et de la salamandre pourpre, trois espèces inscrites dans la Loi sur les espèces en péril. Débutées en 2023, les activités s’échelonneront jusqu’en 2026 et auront cours dans le bassin versant de la rivière aux Brochets ainsi qu’à Venise-en-Québec.

Le projet s’appuie sur les mesures et les actions préconisées par les programmes de rétablissement de ces trois espèces. Il a pour objectifs de réduire les menaces qui pèsent sur elles en sensibilisant les propriétaires à l’importance des habitats nécessaires à leur survie, en favorisant leur connectivité et en sensibilisant la population à l’importance de la conservation des milieux naturels dans le but d’assurer la protection des espèces menacées.

Tortue-molle à épines (Apalone spinifera)

Tortue molle à épines, mise à l’eau. Photo : Bertrand Duhamel

Une attention particulière sera portée au rétablissement de la tortue-molle à épines, espèce désignée en voie de disparition au Canada et menacée au Québec. Dans la province, la seule population considérée viable se trouve dans les secteurs de la baie Missisquoi, du lac Champlain et de la rivière aux Brochets.

Essentiellement aquatique, l’espèce fréquente les cours d’eau et les milieux humides riverains, et s’alimente dans les eaux peu profondes. Comme pour les autres tortues, les femelles atteignent leur maturité sexuelle au bout de 10 ans. La ponte des œufs a généralement lieu à moins de 50 mètres de la rive, là où la végétation est absente ou clairsemée et où le substrat est mou, sablonneux ou graveleux.

L’OBVBM s’associe au Zoo de Granby, qu’il soutient financièrement pour une période de trois ans, dans la mise en œuvre d’un programme visant à maximiser la survie des œufs de la tortue-molle à épines. Ce dernier consiste à assurer un suivi des pontes au seul site connu de l’espèce, à y collecter des œufs, à les incuber, puis à remettre les juvéniles en liberté. Depuis 2009, le travail du Zoo de Granby a permis de relâcher 2300 individus. En 2023, 227 œufs issus de 12 nids ont été collectés. Avec un succès d’éclosion de 92 %, ce sont 209 tortues-molles à épines qui ont été mises à l’eau dans la rivière aux Brochets. En protégeant les œufs des menaces que représentent la prédation et les fluctuations importantes des niveaux d’eau provoquées par les changements climatiques, le programme vise à préserver cette espèce emblématique de la région.

L’OBVBM sensibilise également les plaisanciers de la baie Missisquoi à la vulnérabilité de cette espèce grâce un sondage qu’il a mis en place. En 2023, on a ainsi pu joindre 1580 plaisanciers. Un peu plus de la moitié des sondés connaissaient l’existence de cette tortue ainsi que son statut d’espèce menacée au Québec et en voie de disparition au Canada. La grande majorité des sondés (81 %) se disaient prêts à réduire leur vitesse de 10 km/h dans le but de la protéger.

Tortue des bois (Glyptemys insculpta)

Tortue des bois. Photo : Jocelyn Ouellet, Amphibia Nature

L’OBVBM mène également des démarches auprès des propriétaires de terrains riverains de la rivière aux Brochets qui ont une haute valeur pour la conservation des habitats de la tortue des bois et de la salamandre pourpre (population des Appalaches), des espèces considérées comme menacées au Canada et vulnérables au Québec. Ces démarches visent à mettre en place des ententes de conservation volontaire à l’échelle du bassin versant de la rivière.

La tortue des bois est une espèce semi-aquatique qui vit exclusivement dans le nord-est de l’Amérique du Nord. Le nombre exact d’individus n’est pas connu, mais des observations ont permis d’estimer en 2018 que, sur l’ensemble du Québec, il en existait 119 groupes (gouvernement du Québec, 2024). Cette espèce est particulièrement menacée en raison des collisions avec les véhicules, du développement résidentiel, industriel et agricole qui altère et fragmente son habitat, mais aussi en raison de la prédation, de la garde en captivité et du commerce illégal. En l’absence de mesures de protection renforcées, on estime également que le déclin de l’espèce se poursuivra (gouvernement du Québec, 2024).

Entre 2007 et 2013, l’OBVBM a procédé à un important travail de caractérisation des milieux riverains de la rivière aux Brochets. Les inventaires réalisés ont permis d’établir la présence de plusieurs espèces à statut précaire, dont la tortue des bois, et ont permis d’élaborer 300 cahiers individualisés qui ont été remis aux propriétaires des terrains ciblés par le projet. Ces cahiers présentent les caractéristiques des propriétés visitées, mais aussi des recommandations pour la protection des habitats des espèces observées. Dans le cadre du présent projet, on revisitera une trentaine de sites de pontes et présenterons aux propriétaires des recommandations sur les besoins en restauration de ces habitats. En 2025-2026, on réalisera une caractérisation complète du secteur de la rivière compris entre Stanbridge East et Frelighsburg afin de documenter la population de tortues des bois.

On a également communiqué avec une trentaine de propriétaires ciblés afin de les informér des saines pratiques de gestion des terres pour la protection de l’habitat de cette espèce et des autres observées dans le secteur. Ceux qui souhaitent en savoir plus sur les solutions de conservation sont référés aux organismes de conservation comme la Fiducie foncière du Mont Pinacle.

Salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus)

Salamandre pourpre. Photo : Patrick Galois, Amphibia-Nature

La salamandre pourpre est la plus grande des salamandres de ruisseau du Québec. On ne la trouve que dans le sud-est de la province. En 2021, on rapportait 331 occurrences (une occurrence peut comprendre de 1 à plus de 100 individus) sur l’ensemble du Québec, mais la taille exacte des populations n’est pas connue. On estime que la moitié d’entre elles auraient de bonnes chances de persister dans les 20 prochaines années, si les conditions actuelles sont maintenues ou améliorées.

Respirant uniquement par la peau, la salamandre pourpre est particulièrement sensible à toute modification ou détérioration de son habitat. L’apport de sédiments dans les ruisseaux, des changements dans l’écoulement naturel de l’eau, la fragmentation de l’habitat et la diminution du couvert forestier sont les principales menaces qui pèsent sur cette espèce (gouvernement du Québec, 2024).

En 2023, l’OBVBM a confirmé sa présence en ruisseau forestier, soit dans la portion amont de la rivière aux Brochets Nord. Un inventaire faunique et floristique complètera ce volet afin de brosser le portrait de la richesse de ce secteur en termes de biodiversité. Les propriétaires riverains ciblés recevront eux aussi un document faisant état des caractéristiques de leur propriété et comportant des recommandations pour la protection des espèces observées, dont la salamandre pourpre.

Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier du programme d’intendance de l’habitat pour les espèces en péril (PIH) du gouvernement du Canada, du programme Faune en danger de la Fondation de la faune du Québec, de Corridor appalachien, de la Fondation du Zoo de Granby, du Lake Champlain Basin Program, de la MRC Brome-Missisquoi et de l’OBVBM.

Pour plus d’information :

-sur la tortue-molle à épines : https://www.zoodegranby.com/animaux/tortue- molle-a-epines

-sur la tortue des bois : https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources- naturelles/faune/animaux-sauvages-quebec/liste-des-especes-fauniques/tortue-bois

-sur la salamandre pourpre : https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/faune/animaux-sauvages-quebec/liste-des-especes-fauniques/salamandre-pourpre.

Vous pouvez transmettre vos observations de tortues et de salamandre au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec, sur Carapace.ca, sur l’Atlas des amphibiens du Québec ou sur iNaturalist.

* OBVBM : Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi, https://obvbm.org/

L’Organisme de Bassin Versant de la Baie Missisquoi a pour mission d’améliorer la qualité de l’eau de son territoire, de favoriser la concertation des acteurs concernés par la gestion intégrée de l’eau, mais aussi d’informer, de mobiliser, de consulter et de sensibiliser la population à ces enjeux.

 

 

 

 

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