La pandémie de COVID-19 a sérieusement ébranlé la prestation de services de santé dans notre région, comme dans toute l’Estrie et le Québec. Elle a occasionné des retards importants dans le traitement des malades et causé la fermeture temporaire de beaucoup de cliniques externes dans nos hôpitaux, dont celles de l’hôpital Brome-Missisquoi-Perkins (BMP) de Cowansville.
« Nous avons vécu la pandémie en devant tenir compte d’un fait fondamental : la disponibilité du personnel médical et hospitalier a des limites, explique Karine Duchaineau, directrice-générale adjointe des programmes de santé pour le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie (CIUSSS). À mesure que nous affections des personnes à l’accueil des malades de la COVID ou aux quatre cliniques de diagnostic, nous disposions de moins de personnel pour assurer les services habituels. »
Les mesures accrues d’hygiène et de salubrité ont aussi réclamé l’attention du personnel hospitalier. En effet, le temps passé à désinfecter et à nettoyer a été perdu pour d’autres tâches. C’est ce qui fait que, bien que la pandémie n’ait pas frappé aussi fort chez nous qu’ailleurs, l’impact sur les services médicaux a tout de même été très important.
Tout au ralenti
Au plus fort de la crise, on observait un ralentissement très important des services aux patients. Le 12 mai, le CIUSSS Estrie faisait savoir que les interventions chirurgicales sur son territoire étaient à la moitié de leur niveau habituel. L’activité dans les cliniques externes des hôpitaux comme le BMP de Cowansville était fortement perturbée et on visait à la ramener à 70 % « dès que possible ».
En oncologie, toujours en date du 12 mai, on parvenait tant bien que mal à maintenir les soins presqu’à la normale. L’activité dans ce secteur atteignait les 80 % de ce qu’elle est habituellement.
« L’oncologie est le secteur où l’on devait au plus vite rétablir le niveau habituel, rappelle Mme Duchaineau. Nous l’avons fait en privilégiant les alternatives aux rendez-vous physiques chaque fois que possible. Au lieu d’un face à face réel, nous préférions la téléconsultation ou la vidéoconférence. Nous avons aussi favorisé une prise de médicaments par voie orale le plus souvent que possible. Cela remplace la visite au centre hospitalier pour traitements des cancers par une visite du patient à la pharmacie pour remplir son ordonnance de pilules. »
Le programme québécois de dépistage du cancer du sein a, quant à lui, été carrément interrompu. Le 25 mai, on a recommencé à faire de l’imagerie mammaire, mais ce n’est que le 4 juin que l’on a repris graduellement les activités du programme. Le 17 juin la clinique de dépistage de BMP s’est enfin remise en activité.
« Nous avons rappelé les femmes de 60 à 69 ans de notre liste à partir du 10 juillet et, belle surprise, elles se présentent au centre de la Pommeraie, faisant confiance à l’environnement sécuritaire de la clinique » se réjouit Mme Duchaineau.
Retards à rattraper
Le 15 juillet dernier la situation se présentait comme suit pour l’ensemble du territoire de l’Estrie : reprise des activités en oncologie à plus de 90 % ; reprise en imagerie médicale et atteinte du niveau de 95 % en moyenne. Pour les cliniques externes et ambulatoires de l’hôpital de Cowansville, on en est, au 16 juillet, à un peu plus de 80 % de l’activité, avec une préférence pour la téléconsultation.
C’est certainement en chirurgie que le retard reste le plus important. Selon Mme Duchaineau, le 16 juillet, on en était à 75 % du volume habituel à l’hôpital de Cowansville. On vise le retour aux pleins services en septembre.
Si on compare les deux premières semaines de juillet 2020 aux deux mêmes de 2019, on constate un retard de 50 chirurgies pour le territoire du CIUSSS Estrie. Au total, la quantité de chirurgies à faire reste très importante, soit 1500.
Que faire pour réduire cet arriéré de travail ? « Il n’y a pas de miracle, répond Karine Duchaineau. On essaie de prolonger les heures de travail, de se rattraper pendant les fins de semaine et les jours fériés. Mais ce qui nous limite encore et toujours, c’est la disponibilité du personnel. »
On nous assure que les divers syndicats ne posent aucun problème et collaborent au mieux. Cependant, même le meilleur syndicat ne peut, d’un coup de baguette magique, multiplier les infirmières ou les inhalothérapeutes spécialisés en salle d’opération.
Et la deuxième vague ?
Après le choc subi par le système de soins, surtout fin avril, début mai chez nous, le système a encaissé le coup et se remet en marche. Mais la COVID a-t-elle dit son dernier mot ? « Nous avons divers scénarios pour les prochains mois, assure Mme Duchaineau, et l’un d’entre eux prévoit une seconde vague. »
Sans être prophète de malheur, on peut implorer la population de prendre les mesures nécessaires pour éviter que la pandémie ne vienne à nouveau chambouler nos services de santé.