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Vergennes, VT

Charles Lussier

Charles Gravier, comte et chevalier de Vergennes  (Source : Internet)

Par une fin de journée ensoleillée du début sep­tembre, je descends à trente-six kilomètres au sud de Burlington, au Vermont, dans l’ancien royaume de Charles Gravier (Dijon 1717-1787), comte de Vergennes.

J’aménage mon campe­ment au Button Bay State Park, ancienne propriété de la famille Welcher d’Hartford, dans une des nombreuses genévrières de Virginie, inexistantes à nos latitudes pourtant si proches. Le courant est si fort envers ces terres et leurs milieux aquatiques que j’y passerai la semaine. La grande veine fluviale du territoire est la rivière aux Loutres, maintenant la Otter creek et son Marais (Dead Creek), voie d’eau ouverte adjacente qui descend vers le sud et que j’ai explorée en kayak. Les Abénakis l’avaient nommée Wonakake-took en lien avec l’abondance du petit mammifère aquatique et riverain. En remontant cette rivière sur douze kilomètres à partir de l’embouchure avec le lac Champlain, on arrive à des chutes de douze mètres où Vergennes s’est développée. Incorporée en 1788, cette petite ville (pop. env. 2 700 hab.) se situe au troisième rang des villes les plus anciennes des États-Unis d’Amérique, après ses aînées Hartford et New Haven au Connecticut, créées en 1784.

La rivière aux Loutres fut la base de référence pour la création en 1734 de la seigneurie de La Pécaudière concédée à Pierre-Claude Pécaudy, sieur de Contrecœur, qui enseigna dans les troupes de la Marine et fut aussi capitaine des régiments de Contrecoeur et de Carignan­Sallières. Restitué au Domaine royal faute de mise en valeur, le territoire est agrandi de quelques lieues et concédé à nouveau en 1752 à Jacques-Pierre Dagneau de Muy, capitaine d’infanterie. Suite à la con­quête par les Britanniques, les alentours des chutes de la rivière aux Loutres furent le théâtre d’affrontements militaires entre le gou­vernement royal du New Hampshire (1760-1776) et les autorités de New York pour contrôler ce site stratégique. Des moulins à scie et à farine y ont été érigés à partir de 1764 par Isaac Peck, John Griswold et Daniel Brunes Jr. L’État du Vermont sera une république indépendante de 1777 à 1791.

En 1812, pour contrer la dernière grande tentative d’invasion britannique pendant la guerre anglo-américaine, Vergennes fut un point stratégique pour la guerre navale qui aura eu lieu sur le lac Champlain. Un chantier naval fut établi par le général américain Thomas Macdonough au pied des chutes pour cons­truire une flotte de vais­seaux qui servit à vaincre en 1814 les troupes du général britannique Prevost dans la baie de Plattsburg. Un monument en hommage au général est érigé dans un beau petit parc au centre-ville. Vergennes est très riche en histoire et architecture. Elle possède un Opera House où Roger McGuinn du groupe The Byrds est venu y jouer l’an passé. Ce petit bourg industriel développé au l 9 siècle fait partie d’un collier de petites villes telles Winooski, Swanton et Bedford toutes établies au premier pouvoir d’eau des basses terres du corridor du lac ? Champlain.

Le comte de Vergennes a été ambassadeur à Cons­tantinople puis à Stockholm, ministre des affaires étrangères (1776) et chef du conseil des finances de France. Avec l’émissaire Benjamin Franklin, il œuvra pour la promotion puis la signature de l’Alliance française pour la guerre d’Indépendance des États-Unis. Il aura été un des négociateurs du Traité de Paris du 3 septembre 1783 où la Grande-Bretagne reconnaissait l’indépendance des États-Unis. Il est considéré comme l’un des plus habiles diplomates de l’ancienne monarchie française. Vergennes, j’y retournerai souvent.

Références

Remerciements à Mesdames Joan Devine et Melissa Wright de la Ville de Vergennes pour leur collaboration.

Fournier, P. 2004. Les seigneuries du lac Champlain 1609-1854. Philippe Fournier éd., 274 p.

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