Le sourire d’une centenaire (photo : Jean-Pierre Fourrez)
Selon les plus récentes estimations démographiques de Statistique Canada, le Québec compte actuellement 1625 centenaires ; 9589 Québécois ont entre 95 et 99 ans, et ils sont 46 915 à avoir entre 90 et 94 ans. Suivant la statistique, le territoire de l’Armandie devrait normalement compter 2 ou 3 centenaires.
Nous en avons trouvé une à Philipsburg.
C’est la joie au Manoir Philipsburg, car ce n’est pas tous les jours qu’on fête les cent ans d’une résidente !
Annette Normandin est née le 5 février 1914, juste avant la Grande Guerre, à Saint-Bernard-de-Lacolle, tout près des douanes, et cent ans plus tard, elle déclare : « Ça a passé tellement vite, je ne peux pas croire que j’ai cet âge-là ! » Effectivement, elle paraît vingt ans de moins (ce qui lui en donnerait tout de même 80 !).
Toute mince et menue, elle semble fragile, mais on sent une belle force de caractère derrière son regard souriant ; ce regard identique à celui de son portrait de jeune fille accroché au mur de sa chambre. Elle est encore capable de reconnaître chacun des membres de sa famille : « Là, c’est mon père Louis Normandin, elle, c’est ma mère Alvina Laramée, puis Jeanne, ma sœur, et mes frères Paul, Wilfrid et Georges ».
Jeune fille solitaire, elle est restée célibataire toute sa vie active. Jusqu’à sa retraite, elle a été à l’emploi des Forces armées, à la base de Saint-Jean-sur-Richelieu, où elle occupait un emploi de technicienne aux ateliers des pièces d’avions militaires.
C’est là qu’un certain Antonio Dinarzo, employé au « champ d’aviation », la remarque et a le « kick » sur elle. Annette aux instruments et Antonio à la peinture des numéros sur les ailes des avions… tout ce qu’il faut pour décoller vers le 7e ciel ! Célibataire lui aussi après avoir élevé ses enfants d’un premier mariage, il se fait un honneur de devenir son chevalier servant. « En retour, dit-il, elle m’a tellement gâté ! »
Annette et Antonio se sont épousés sur le tard à Bedford, et leur union a été bénie par l’abbé Chicoine. « Il est plus jeune que moi, il a juste 93 ans », dit-elle en parlant de son mari. Celui-ci répond : « Ça me permet de pouvoir prendre bien soin d’elle ». Puis il rajoute : « Je ne sais pas ce que je ferais sans ce petit bout de femme si jolie, qui ne boit pas, ne fume pas, ne chicane pas et ne ferait pas de mal à une mouche… une sainte femme quoi ! ! » Elle rit et lui retourne le compliment en disant de façon plus prosaïque : « C’est un homme bon, avec lui je suis en sécurité ! »
Il y a sept ans, Antonio a vendu sa maison de Saint-Jean-sur-Richelieu, et il est venu s’installer au Manoir Philipsburg avec Annette. Ils n’ont jamais regretté cette décision. Ils y sont bien et ne tarissent pas d’éloges sur la qualité de vie qu’ils y ont.
Annette a toujours été en bonne santé, mais depuis deux ans environ, elle a cessé de marcher et circule maintenant en fauteuil roulant poussé par son fidèle Antonio qui l’emmène en été jusqu’au quai pour admirer le lac Champlain. Petit à petit, ses capacités déclinent. « Dans le temps, j’aimais ça la musique et la danse, mais là, c’est fini. Même pour le bingo, je ne suis plus assez rapide pour réagir aux numéros ».
Elle est toute étonnée quand on parle de la fêter, car personne ne lui soulignait son anniversaire, les liens familiaux étant assez distants chez les Normandin. Elle considère aujourd’hui que sa vraie famille, c’est le Manoir.
Elle ne semble pas comprendre cette célébrité soudaine. Quand on lui demande le secret de sa longévité, elle dit : « Je ne l’ai pas fait exprès, c’est arrivé de même, j’y peux rien ! », et son amoureux d’ajouter : « Elle mérite le mieux qu’on peut donner à une aussi belle personne ! »
Tout ça pour dire que l’amour n’a pas d’âge.
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