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Lothar Hartung, l’homme de fer

André Leduc

Lothar Hartung (Photo : Photo : André Leduc)

Qu’est-ce qui fait tourner ces belles girouettes sur certains de nos bâtiments de Saint-Armand jusqu’à Sutton ? C’est certainement le vent, mais aussi le talent et l’art de Lothar Hartung, ce forgeron génial derrière lequel se cache un dessinateur, un joaillier, un auteur de textes pour enfants et un ingénieur remarquable. Je l’ai rencontré chez lui.

Muni de 54 brevets et de plus de 200 inventions, Lothar Hartung arrive il y a 7 ans à Saint-Armand,  pour retrouver son amie de la maternelle qu’il n’a pas vue depuis 40 ans. Libéré de tout le stress et du tumulte de 28 ans dans le monde de l’ingénierie, en Allemagne,  le voici maintenant au-dessus de son fourneau, façonnant des objets ludiques à partir de métal qui, de toute manière, était voué à la ferraille. Lothar met à profit ses connaissances de la forge en martelant le métal en fusion,  juste au point critique du froid et du chaud, pour créer ses œuvres. De ses tenailles et de ses 50 marteaux de diverses formes et pesanteurs, il fait surgir, à notre grand étonnement, et dans une même pièce de métal, des formes à la fois plates et rondes qui s’étirent et se divisent. Sa grande connaissance de la forge réside dans ces prouesses.

Véritable alchimiste et philosophe, il aime donner une autre vie au métal froid  et rouillé qu’il récupère.

Sur les plages de la Normandie, à la vue de carcasses de chars d’assaut, sur arrière-plan de bunkers et de cimetières militaires, Lothar a une émotion qui le mènera à la passion de la forge. Il sait reconnaître la présence du fer en se fiant seulement à la couleur du sol. Pour lui, le métal aura une autre fonction que celle de la guerre, il deviendra forgeron.

À travers ses créations, l’artiste -ingénieur souhaite qu’on ressente ses convictions : simplicité, fascination pour la mécanique, souci de la récupération, joie du moment. Au-dessus de sa table à dîner, on se plaît à faire vibrer les clochettes en métal que Lothar a façonnées. Difficile d’y reconnaître le fer rouillé d’une citerne de mazout qui a servi à leur fabrication. Crédo du forgeron authentique : ne faire appel à aucune soudure. En prime, les clochettes sont peaufinées  à l’huile végétale chauffée et embellies par une patine à la cire d’abeille. À l’origine de la conception de ses girouettes, ses chandeliers et autres objets, il y a toujours des références à des ouvrages anciens sur la forge, des plans, des croquis aux annotations techniques diverses et placés soigneusement dans des cartables. Lothar a aussi une production en dessins et en peintures dont il tire parti dans l’élaboration de son métier de forgeron.

L’homme est ordonné. Le long parcours de l’ingénieur Lothar Hartung en Allemagne est toujours présent dans ses œuvres. Il me parle volontiers de cette autre vie.

Après des études chez les jésuites en Alsace, Lothar a des ambitions pour l’ingénierie. Il faut dire que la route est ardue pour celui qui veut devenir ingénieur en Allemagne, pays phare de l’ingénierie mondiale.

Compétence exige, pour être admis dans les universités allemandes d’ingénierie, il faut deux préalables importants : réussir tous les concours à 100 % et avoir un métier. Le jeune Lothar a donc étudié et pratiqué le métier de forgeron avant de devenir ingénieur. Le son de l’enclume et la fusion du métal sont dans la nature même de Lothar Hartung, car son père et son grand-père pratiquèrent, eux aussi,  le métier de forgeron. Lothar Hartung répond aux exigences et étudie donc l’ingénierie à l’Université d’Aachen (Aix-la-Chapelle en français) fondée par Charlemagne, dont le fils appelé Lothar a hérité d’un large domaine auquel il a donné son nom : Lothringen, qui veut dire Lorraine en français ! Voilà pour notre culture.

Pour réussir ses études en ingénierie, en Allemagne, chaque étudiant doit faire une invention et déposer un brevet. Ces étudiants sont sollicités par les grandes industries. L’industrie automobile fait appel à cette pépinière de talents pour trouver des solutions mécaniques et économiques à de grands défis techniques. Les Américains et leurs capitaux importants ont su tirer profit de ces étudiants talentueux. Lothar fut un de ceux-là. Au cours de ses études, il est exposé à la difficulté de trouver un modèle mathématique à un problème particulier en aéronautique. Son invention contribue à la conception d’un nouveau type d’ailes d’avion, plus dynamiques et plus silencieuses. Lothar réussit tous les diplômes : baccalauréat en ingénierie (Cologne), doctorat (Aachen)… Pas étonnant de constater que les girouettes de Lothar ont belle allure esthétique et dynamique.

C’est pour son grand talent qu’il est engagé à Bonn, par le ministère des Sciences et de la Technologie. Il devient alors le plus jeune ingénieur au service des sciences et, dans ce contexte, il continue à se distinguer comme inventeur. Il possède, entre autres, le brevet d’un moteur chimique qui a la particularité de détruire les produits toxiques, dont la dioxine, les BPC et les armes chimiques.

Avec ce bagage impressionnant de connaissances et au grand étonnement de son entourage, il quitte après dix ans de service la fonction publique pour mettre sur pied sa propre compagnie. Pour ce faire, il ajoute à sa longue liste de diplômes un MBA, diplôme international d’études supérieures du plus haut niveau dans le domaine de la conduite globale des affaires. Période florissante où il vend ses brevets et où il fait affaire avec un gros client qui, malheureusement, fera banqueroute après deux ans. Lothar perd tout et devient consultant. Des jours meilleurs l’attendent ailleurs.

Depuis 1957, il a perdu la trace de sa petite voisine et copine de maternelle qui est déménagée au Canada avec sa famille. En l’an 2000, grâce à Internet et une tante de son amie d’enfance, il la localise à Saint-Armand.  Les retrouvailles des deux amis d’enfance à l’aéroport de Dusseldorf  et la suite de leur relation seront décisives. Après de multiples allers retours Allemagne-Canada-Allemagne, le nouveau couple doit choisir son lieu de vie. Pour sa beauté et sa liberté, Lothar choisit Saint-Armand qui voit, tout à coup, s’installer un citoyen remarquable.  Il a ainsi retrouvé la petite Arlésienne de son enfance  et la forge. Face à l’impossibilité de travailler ou d’enseigner dans sa propre langue, Lothar décide de mettre toutes ses connaissances au service de la forge.

Le succès de ses ventes à la foire des artisans de Saint-Armand, édition 2008, l’encourage. Il se fait une clientèle et réalise plusieurs projets comme la décoration d’une porte de 24 pieds en fer forgé. Il affirme trouver un grand plaisir dans  son métier de forgeron.

Si un jour vous le rencontrez, vous l’entendrez aussi parler, avec enthousiasme, d’énergie libre qui occupe tout le « vide » qui nous entoure et qui pénètre et voyage à travers la matière. Il a consacré 28 ans de sa vie à cette discipline. Il travaille sur la biophotonique qui permet de récolter l’énergie des biophotons et rendre possible des  rémissions  du cancer. À cet égard, il construit une chambre noire dans laquelle on s’installe pendant un certain temps.

À tout moment, nous sommes soumis à un bombardement continu d’ondes invisibles venant de notre environnement, mais également du cosmos.  Lothar voit les cellules humaines non seulement comme un biologiste, mais comme un physicien et un chimiste. Les cellules humaines sont formées de molécules d’ADN et d’une enveloppe  qui agissent comme isolateurs, mais aussi comme syntonisateurs sensibles aux ondes extérieures. Nous sommes tributaires de cette énergie extérieure qui affecte notre corps et insuffle la vie aux cellules pour faire fonctionner l’ADN, notre patrimoine génétique.

La chambre noire qu’il a construite est munie d’un filtre et d’un amplificateur. Cet appareil intensifie la puissance des ondes extérieures et amène de l’énergie dans nos cellules. En conséquence, notre système immunitaire s’en trouve renforcé et le processus d’auto-guérison des cellules endommagées est facilité. Il cite des cas d’auto-guérison chez des personnes de son entourage. L’exemple de sa sœur en est un : après une dizaine de chimiothérapies et plusieurs opérations, elle vient dire ses adieux à Lothar. Celui-ci l’invite à essayer la chambre noire. Elle guérit et, 16 ans plus tard,  est toujours en bonne santé.

Il a aussi adapté et expérimenté avec succès son appareil avec un échantillon des algues bleues du lac Champlain. L’oxygénation et la marche arrière du processus de pollution de cet échantillon d’eau ont été rendues possibles.

Les girouettes de Lothar Hartung ne font pas que virevolter aux caprices des quatre vents, elles rencontrent parfois des ondes célestes.

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