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- Édito -

Il était une Foi

Jean-Pierre Fourez et Pierre Lefrançois, paru dans nos pages il y a 12 ans.

Parmi nous, il y a ceux qui ont la Foi et ceux qui ne l’ont pas. Et il y a ceux, peut-être encore plus nombreux, qui n’ont pas vraiment de certitude absolue à cet égard. Cependant, à l’approche du 25 décembre, les uns comme les autres ont la tête qui résonne des échos de cantiques entendus lors des nuits de Noël de leur enfance. Notamment l’incontournable « Minuit, chrétiens ! », écrit aux alentours de 1843 par Placide Cappeau, négociant français en vin et poète résidant à Roquemaure, dans le Gard (France), et mis en musique à la même époque par Adolphe Adam, un compositeur lyrique parisien.

Nul doute que, rien qu’à évoquer ce chant, sa musique et ses paroles vous reviennent et résonnent dans votre tête. Histoire d’aller au-delà du « peuple à genoux », profitons donc des échos de la musique d’Adolphe Adam, qui trotte désormais dans nos caboches, pour prêter un peu d’attention à quelques-unes des paroles de Placide Cappeau, particulièrement celles du second couplet, juste avant la note aiguë, laquelle donne tant de mal au ténor ou au baryton qui, comme il se doit, ose grimper à l’octave supérieure sur le dernier « Noël ».  Vous l’entendez cette note, n’est-ce pas ?

Vous avez peut-être aussi en mémoire les mots qui ont amené le compositeur à inscrire une telle prouesse vocale dans son arrangement musical :

Le Rédempteur a brisé toute entrave ;
La terre est libre et le ciel est ouvert.
Il voit un Frère où n’était qu’un esclave ;
L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer.

Puis, un peu plus loin :

Peuple debout, chante ta délivrance !
Noël ! Noël !

 C’est certes plus joli que « Aux armes, citoyens ! » et « L’étendard sanglant est levé », mais probablement pas moins revendicateur.

Cette note finale, et les paroles qui l’on inspirée, ne manquent pas de nous rappeler que certains ne sont « grands » que parce que nous sommes « à genoux » et que tout être humain porte en lui une « grandeur » véritable, qui ne peut cependant s’exprimer que lorsqu’il se donne la peine de se lever.

D’où ce Noël final qui s’élève au-delà de la mêlée.

Après tout, quelles paroles a-t-on attribuées à ce « Rédempteur » ? Nous aurait-t-il recommandé de libérer les marchés financiers, de dérèglementer les industries polluantes, de privatiser la Santé et l’Éducation, d’abaisser les impôts des compagnies ? Non, il nous aurait plutôt suggéré de veiller les uns sur les autres et il aurait même, dit-on, recommandé aux riches de donner davantage aux pauvres. Mais bon, chacun est libre de ne pas souscrire à de telles idées séditieuses et de préférer rester à genoux à subir l’oppression des « grands ». Pas vrai ? Ah non ?

Alors, à Noël cette année, tout le monde debout ! Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas nous tenir debout tout au long de la prochaine année ? Ce serait pas mal comme résolution citoyenne : une Armandie qui se tient debout…

Peuple debout, chante ta délivrance ! Comme la population ukrainienne devant l’envahisseur brutal, les Iraniennes devant leur cruel gouvernement, certains Chinois devant leur dictateur égaré…

Joyeux Noël et Bonne Année tout l’monde !

 

 

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