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Borderline (1)

Les douanes à Philipsburg
Monique Dupuis

Saviez-vous que l’ancien hôtel de ville de Philipsburg avait été un poste de douanes, jusqu’à l’été de 1957 ?  (Photo : Monique Dupuis)

La frontière Saint-Armand/Vermont s’étend sur environ 12 kilomètres, de la baie Missisquoi à Frelighsburg. Cette situation géographique en a modelé l’histoire et la petite histoire.

Bien que la frontière ait été établie en 17681, celle-ci n’a pas toujours fait l’objet de contrôle. Au cours de son histoire, Saint-Armand a eu simultanément jusqu’à trois postes de douane. Le plus ancien serait celui de Philipsburg, ouvert en 1839, suivi de celui de Saint-Armand, en 1865, et de celui de Pigeon Hill, en 1928, qui sera remplacé par celui de Morse’s Line, en 1937. Voici donc l’histoire de ces postes de douane que nous vous présenterons en trois volets.

Philipsburg

Il n’est pas facile de trouver de l’information précise sur les douanes à Philipsburg. En 1961, dans un document sur l’histoire des douanes à Philipsburg, M. Rodrigue Dupuis note la même chose puisqu’il écrit : « Nous avons fait des recherches parmi de vieux livres, revues, etc., mais les écrivains du temps semblaient porter bien peu d’intérêt aux affaires de douane ; ils aimaient mieux mentionner que la contrebande était florissante d’après la citation suivante : « Philipsburg était un petit hameau en 1809 mais en 1814 c’était un endroit commercial de grande importance, des transactions de plusieurs milliers de dollars s’effectuant par jour, mais ce commerce était fait par des contrebandiers. « 2 »

Selon M. Dupuis, le bureau de Philipsburg aurait été ouvert le 6 mai 1839. Voici comment il en arrive à cette date :

« Nous avons en main des registres indiquant les importations par eau, par voiture, à dos de cheval et à pied, en date du 6 mai 1839. Dans l’un des registres, on donne le numéro des entrées et dans l’autre registre, on donne le numéro des mandats ou manifestes3 ; les deux registres commencent avec le numéro 1 et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’année qui se termine le 5 janvier 1840 inclusivement. Durant cette partie de l’année, il y eut 296 entrées et 425 manifestes ; l’année est divisée en trimestres se terminant les 5 avril, 5 juillet, 5 octobre et 5 janvier ; en conséquence, vu que ces registres commencent par le numéro « un » le 6 mai 1839, date qui n’est pas un commencement d’année ou un commencement de trimestre, nous sommes enclins à conclure que le bureau de douane de Philipsburg a débuté à cette date ; en passant, nous voulons faire remarquer que dans nos vieux registres le nom du Port était écrit « PHILIPSBURGH ». »

Les premiers employés furent M. C. U. Jones, sous-percepteur, et M. John Drew, responsable des manifestes du 6 mai 1839 au 28 mars 1842, suivis de MM. Paschal P. Russel, sous-percepteur, et P.P. McNaughton, responsable des manifestes à partir du 20 avril 1842. M. B. Burland a assuré l’intérim du 28 mars au 20 avril.

M. Dupuis note dans son document que « la première importation dans nos registres fut faite par la goélette Malvina conduite par le capitaine Thomas Green de Vergennes, VT,· l’importateur était A. B. Merritt, probablement un ancêtre de A. H. Merritt, sous-percepteur à Philipsburg de 1908 à 1943. La cargaison se composait de 35 barils de porc, 1000 minots de blé d’inde, 25 tonnes de plâtre et 100 barils de farine. »

Selon une carte Walling de 1864, le bureau de douane était situé au coin des rues Day et Rhodes, aujourd’hui Montgomery et Champlain, et le quai ou débarcadère était situé à l’arrière. Il fut ensuite déménagé du côté sud de la rue Day (Montgomery), en face du 117. Un paragraphe du document de M. Dupuis nous donne une indication de la présence du bureau de douane sur la rue Day : « /…/ nous avons trouvé une revue du comté de Missisquoi pour les années 1879, 1880 et 1881, publiée par O. L. Fuller de Montréal que Monsieur Philip E. Luke était sous-percepteur de douane, le bureau étant situé sur la rue Day. »

En 1926 et 1927, la circulation ayant augmenté de façon constante, Je bureau est déménagé pour la saison d’été sur la rue South. En 1928, le bureau déménage dans une bâtisse construite par le ministère du Revenu national, sur la route 7 (aujourd’hui 133), à environ 100 pieds de la frontière américaine. Cette bâtisse d’environ 35 pi par 40 pi fut érigée au coût de 5 000 $ et servait à abriter les douanes et l’immigration.

En 1935, le sous-port de Philipsburg est reclassé et passe de Service limité à Sous Port Classe 1, puis en 1940, à Sous-Port Classe 2, ce qui entraîne une situation singulière où le sous-percepteur reçoit un salaire annuel de 2 040 $ en plus des 100 $ versés par le ministère de l’Immigration, tandis que son supérieur, le percepteur de Saint-Armand, touche un salaire annuel de 1 920 $.

En janvier 1947, Philipsburg est reclassé Port Classe 1 alors que Saint-Armand devient une station préventive sous le port de Philipsburg. M. C. Dean, percepteur à Saint-Armand, est transféré à Philipsburg le 18 janvier 1947. À la fermeture du sous-port de Philipsburg le 17 janvier 1947, les revenus de douane s’élevaient à 135 710,65 $. Vu l’importance du bureau, il fut reclassé Classe 4 le 1er avril de la même année. L’année 1947 marque aussi une première : la nomination de trois femmes officiers de douanes. Ce sont Mlles T. Campbell, H. Leblanc et D. Reid.

En 1953, un entrepôt temporaire de 30 pi par 40 pi est construit à 200 pi au nord du bureau. Au printemps 1957, le ministère des Travaux publics fait construire une rallonge du côté sud de l’édifice des douanes ; cette rallonge abritera le bureau d’immigration à partir du 18 juillet de la même année, laissant vacant l’ancien bureau de douane. Celui-ci est mis en vente à l’automne, acheté par la Corporation de la municipalité du village de Philipsburg pour servir d’hôtel de ville et déménagé en janvier 1958 à son emplacement actuel, au 203 de la rue Philips.

Le 21 février 1958, M. Clifford Dean, percepteur, prend sa retraite après 33 ans de service à Saint-Armand et à Philipsburg. Le 17 mars, il est remplacé par M. Henri Routier, percepteur à Coaticook depuis septembre 1954.

L’entrepôt temporaire construit en 1954 est réduit accidentellement en cendres en février 1959 et reconstruit la même année.

Voici quelques chiffres qui illustrent l’importance du port de Philipsburg en 1960-1961 :

Revenus : 2 159 784,10 $ Entrées d’importation : 14 723,00 $

Entrées d’exportation : 14 733.00 $

Exemptions : 39 347,00 $

Il y a alors 31 officiers permanents et 4 employés saisonniers.

Le 24 avril 1962, on joue à la chaise musicale. M. Henri Routier, receveur à Philipsburg, échange son poste avec M. L. K. Shepperdson, receveur à Rock Island.

Le 29 mars 1963, inauguration des nouveaux édifices de la douane, de l’entrepôt et du bureau. Les travaux, commencés en mai 1962, avaient été octroyés à un entrepreneur, M. J. A. Léveillée, au montant de 133 800 $ pour la construction d’un édifice de 110 pi par 40 pi, avec une rallonge en façade de 20 pi sur 40 pi.

Le 1er avril 1972, Philipsburg devient port de secteur avec les bureaux extérieurs de Noyan, Clarenceville, Sutton, Abercorn, Morse’s Line, Frelighsburg, East Pinnacle et Saint-Jean. M. Jean Bourcier, receveur au port de Stanhope (Coaticook), devient gérant (receveur) à Philipsburg.

1 Fournier, Philippe, Les Seigneuries du lac Champlain 1609-1854, p. 39.

2 Dupuis, Rodrigue, Histoire du port de douanes de Philipsburg, Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), 1961.

3 ou connaissement.

 

  • Autre

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