Kalmie à feuilles étroites (photo : Jean-Simon Voghel-Robert)
Dernier vestige de mon périple en Gaspésie : une mémoire emplie de couleurs, d’odeurs et de plantes aux multiples espèces.
Quand on se promène régulièrement dans le bois, on se rend rapidement compte que l’indice de biodiversité de la forêt canadienne n’est pas comparable à celui de la jungle amazonienne. On retrouve souvent les mêmes plantes, arbres et arbustes, qui finissent par devenir familiers. Cet été, j’ai passé beaucoup de temps en forêt et le rythme de la marche en solitaire m’a permis d’observer une foule de détails. Malheureusement, la plupart du temps, les plantes que j’aperçois au cours de mes marches me sont inconnues. Cela dit, voici quelques-unes des photos de plantes magnifiques que j’ai prises au cours de mon périple et quelques noms que, je l’espère, vous pourrez coller aux plantes que vous connaissez de vue.
Le cornouiller quatre-temps (Cornus canadensis) est un incontournable des forêts. Ses quatre feuilles symétriques, qui rappellent le hosta en plus petit, enveloppent une fleur blanche évoquant une grosse fleur de fraisier. À partir du milieu de l’été, la fleur, qui est en fait la bractée, se transforme en un bouquet de petits fruits rouges comestibles. Les ours en raffolent. Le cornouiller est très différent du thé des bois, dont les feuilles rappellent davantage le laurier et les baies, des griottes, mais qui sont tout aussi comestibles. Quant à la baie d’amélanchier, c’est l’un des fruits que consommaient les Amérindiens et qui est
malheureusement tombé dans l’oubli. Au hasard d’une promenade dans une tourbière, vous pourriez aussi tomber sur la chicouté (plaquebière), cette belle grosse framboise orange-blanche.
Puisqu’il est question de petits fruits, pourquoi ne pas parler du bleuet ? Si vous allez vous promener au mont Sutton au mois d’août, il y a de fortes chances que vous tombiez sur des plants chétifs portant quelques fruits. Rien à voir avec la productivité des massifs que nous avons croisés dans l’arrière-pays de la rivière Madeleine ! Il ne faut surtout pas confondre le bleuetier avec la jolie clintonie boréale, qui produit elle aussi des baies bleues appétissantes, mais toxiques. Cependant, ces deux plantes diffèrent par le fait que la première est un arbuste, la seconde une plante de sous-bois.
Je dois dire que je n’ai pas encore percé un des mystères entourant certaines plantes. Ainsi, d’après ce qu’on voit sur la photo, c’est sans conteste une kalmie à feuilles étroites, mais mon frère, qui a suivi des cours sur la flore forestière, prétendait qu’il s’agissait de thé du Labrador. Chose certaine, ces plantes se ressemblent énormément et nous les avons certainement croisées toutes les deux.
La perle du voyage, c’est sans conteste cette jolie drosera à feuilles rondes (Drosera rotundifolia). Étant donnée sa petite taille, elle peut facilement passer inaperçue, mais cette plante carnivore valait la peine qu’on s’arrête pour l’observer et la photographier. Elle pousse en bordure des plans d’eau stagnante : lac, tourbière ou étang. Bref, là où les moustiques pullulent.
Bien entendu, nous avons vu beaucoup d’épervières orangées, qui se répandent sur les pelouses comme des pissenlits, des chicorées sauvages, des asclépiades communes, des épilobes et des barbarées communes, des milliers d’espèces de mousses et de champignons, mais c’est toujours les rencontres rares qui nous restent en tête. Une dernière photo d’une rencontre marquante : ce n’est pas une plante, mais un thuya occidental appelé, à tort, cèdre (voir page 13). Les cèdres poussent au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans l’Himalaya, mais pas chez-nous.
Bonne randonnée !
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