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- Mot du président -

NOUS SOMMES TOUS CHARLIE…

Jean-Yves Brière, président
La censure, quelle qu’elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l’homicide ; l’attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. »

Gustave Flaubert

Comme l’a déjà souligné Léon Blum à propos du journalisme : « Ce qui est difficile, ce n’est pas de ne dire que la vérité. C’est de dire toute la vérité ». Malheureusement, en nos sociétés démocratiques, toute vérité n’est pas nécessairement bonne à dire. En ce début d’année, les tueries survenues dans les locaux de Charlie Hebdo et à Paris nous en offrent d’éloquentes illustrations. Il s’agit là, à n’en pas douter, d’attaques contre la démocratie, la liberté de parole et la liberté de la presse. Comme organe de presse, Le Saint-Armand s’est senti interpelé et meurtri par ces actes de barbarie commis outre-Atlantique. Ces attentats visent tous les médias puisqu’ils s’attaquent au fondement même de la presse, soit la Liberté. Rappelons que les extrémistes sont viscéralement contre toutes les libertés. Il faut se garder de penser qu’ici, en Amérique, nous sommes à l’abri de telles tragédies. Rappelons que la bêtise humaine et l’extrémisme n’ont pas de frontière. Les événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et du Parlement d’Ottawa en sont de cruelles illustrations. Malgré la douleur qui afflige toutes les personnes qui sont soucieuses de préserver nos valeurs démocratiques, il faut cependant se garder du discours sécuritaire à outrance qui est véhiculé par certains politiques. En effet, un discours d’exclusion des étrangers ou de renforcement des frontières ne servira qu’à nous donner un faux sentiment de sécurité et à stigmatiser la différence. Il nous faut plutôt lutter contre la marginalisation et l’exclusion de façon à empêcher la radicalisation des individus qui pourraient être tentés par l’extrémisme. À ce mal qui ronge les démocraties, il n’y a pas de réponses toutes faites ou de prêt-à-porter. Il nous faut plutôt amorcer une réflexion collective sur les façons de prévenir, en amont, la radicalisation des individus, tout en prenant soin de préserver nos libertés individuelles et collectives. Une telle amorce de changement ne doit pas être un blanc-seing donné à nos politiciens et à la droite religieuse. Bien au contraire, demeurons vigilants afin d’éviter que certaines personnes utilisent la situation dans le but de servir leurs visées politiques.

En attendant que s’amorce cette réflexion, il nous faut faire preuve de solidarité, continuer à exercer notre liberté de parole et refuser toute censure, mais surtout nous rappeler que nous sommes tous Charlie.