Le 9 février 1964, j’avais 16 ans et je visionnais en direct le passage des Beatles au Ed Sullivan Show. C’était comme une bombe artistique qui explosait à New-York, trois mois après l’assassinat de John F. Kennedy, le président des États-Unis. Et quelques mois avant l’entrée en guerre des Américains au Vietnam.
Jamais je n’aurais imaginé alors que, 50 ans plus tard, j’aurais le privilège de fêter ce moment unique d’histoire musicale au même réseau de télévision (CBS). Depuis lors, on est passé des antennes installées sur le toit de nos maisons (sans paiement mensuel) aux soucoupes ou autres dispositifs de réception via Bell ou d’autres compagnies à but lucratif.
Cependant, en 50 ans, faut dire qu’il s’en passe des choses. Autant dans nos vies privées que dans la société. Une métamorphose inimaginable à l’époque où les technologies de l’information n’arrivaient pas à la cheville de ce qu’elles nous offrent aujourd’hui.
Bref, le 9 février 1964, j’ignorais que j’allais me marier sept ans plus tard. Décision arrêtée dans mon esprit au cours d’un party de gars, en écoutant The Long and Winding Road des Beatles. Plus tard, en 1973, arrive le moment de la naissance de mon premier enfant. À la radio, on joue Here Comes The Sun. Pour moi, la chanson annonçait l’arrivée d’un fils, ce qui fut le cas… Faut dire que, dans le temps, on n’avait pas accès à l’échographie.
Avec la chanson Give Peace A Chance, John et Yoko ont mis Montréal sur la « mappe » du monde lors de leur fameux bed-in de trois jours. La chambre qu’ils occupaient est devenue depuis un attrait touristique convoité. Des dizaines d’autres chansons qui parlaient d’amour et de paix, dont Imagine de Lennon, sont devenues pour les fans un hymne international à la paix, dépassant les frontières des pays.
J’étais devenu un rockeur, un vrai fan des Beatles. Mon idole était John Lennon, le contestataire du groupe… Son assassinat a été pour moi un immense choc émotionnel. J’en ai pleuré comme jamais auparavant. On aurait dit que toute ma culture venait, tout d’un coup, de s’effondrer. C’est mon fils qui m’a consolé : « P’pa…, ok ! C’est assez ! »
La famille a grandi. Mes fils savaient que leur père avait quelque chose de spécial dans la tête qui s’appelle la révolution culturelle que les Beatles ont lancée partout dans l’univers. C’était la belle époque. Que de chance nous avions de la vivre. On rejetait les valeurs de l’époque précédente. C’était une révolution incompréhensible pour nos parents qui n’appréciaient guère cette brusque attaque contre leurs valeurs et leurs croyances…
En ce 9 février 2014, je suis envahi par la nostalgie en regardant cette émission spéciale en hommage aux Beatles dont deux sont toujours vivants : Paul et Ringo. Assis près d’eux, Yoko et le fils de John (qui lui ressemble, avec sa barbe, comme ça ne se peut pas).
J’ai des amis proches qui ont perdu des enfants… J’ai aussi des amis partis dans l’au-delà et qui ont laissé leurs enfants dans le deuil. J’ai perdu des amis, fauchés dans des accidents, alors
qu’ils étaient jeunes adultes. Ils n’ont connu ni le mariage ni la paternité. Des départs spontanés et inattendus. La vie est parfois cruelle.
L’émission a duré deux heures et demie. Ça m’a ramené plein de souvenirs. J’étais tellement emballé avant qu’elle ne débute que j’ai appelé quelques vieux amis pour leur signaler cet hommage extraordinaire aux Beatles. Une grand-messe me disait un ami qui fabrique des guitares haut de gamme…
J’ai 66 ans. Nos deux survivants des Beatles ont passé le cap des 70 ans… Depuis lors, il s’en est passé des choses incroyables dans notre univers. On est même débarqué sur la Lune en 1969… Qui l’aurait cru en 1964 ?
Longue vie aux Beatles encore vivants ! Et merci à eux pour toutes ces merveilleuses chansons qui nous ont charmés et qui restent encore tatouées dans nos esprits après toutes ces années. Et, selon un présentateur de l’émission, elles seront encore jouées dans 100 ans… Elles sont donc immortelles… J’espère qu’elles seront au répertoire du Ciel… C’est quoi déjà le nom du disque-jockey là-haut ?
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