Fin mai dernier, avait lieu la deuxième assemblée générale annuelle de la Coop Santé Bedford et région. Cette rencontre aura permis aux membres présents de mesurer l’importance du travail accompli au cours de la dernière année par les membres du conseil d’administration de cette coopérative de solidarité qui devrait bientôt prendre vie. C’était également l’occasion de prendre conscience du chemin qu’il reste à parcourir avant que la coop soit prête à ouvrir ses portes.
En juillet 2011, les membres du conseil d’administration ont élus (CRÉ) de la Montérégie-Est. Sa première tâche aura été d’animer le kiosque d’information de la coop à l’exposition agricole de Bedford. Ladite coop s’est dotée d’un logo et a fait imprimer un dépliant promotionnel, lequel décrit les raisons de sa création et résume clairement sa mission. Équipé de ce matériel promotionnel, les administrateurs et le coordonnateur ont par la suite rencontré plusieurs regroupements auprès desquels ils ont entrepris de vanter les mérites de l’organisme : regroupement des gens d’affaires de Bedford et région, table de développement des organismes communautaires du pôle de Bedford, Popote de la région de Bedford, journée de la santé de la Caisse populaire Desjardins de Bedford, souper de Noël de la FADOQ, Maison de la Famille des Frontières, Centre d’action bénévole de Bedford et région, etc.
Au cours de l’année qui vient de s’écouler, les administrateurs auront également visité pas moins de cinq autres coopératives de santé – Saint-Isidore, PointeduLac, Roxton Pond, Acton Vale et Pierreville – afin d’en observer le fonctionnement et recueillir quelques précieux conseils qui pourraient leur faciliter la tâche.
Ils ont également été très actifs au niveau du recrutement de futurs médecins. D’abord, ils ont animé un kiosque d’information à la Journée Carrière Québec destinée aux résidents en médecine et, en novembre, ils ont participé à la rencontre semestrielle de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec, à laquelle la coop de Bedford avait adhéré le mois précédent. Sur un plan plus stratégique, ils ont également soutenu la candidature de leur collègue, monsieur Kevin Craft, lequel a réussi à se faire élire au CA du CSSS de la Pommeraie ; grâce à lui, la coop reste informée des activités qui se déroulent à la table de recrutement ainsi qu’à la table du réseau du CSSS La Pommeraie en matière de recrutement de nouveaux médecins.
À Bedford même, les administrateurs ont rencontré à plusieurs reprises les médecins et le personnel administratif du Centre médical et professionnel afin de les inciter à s’associer au nouveau projet de coopérative. Ces rencontres auront permis d’en arriver à un accord de principe avec les médecins de la clinique et de mieux cerner les besoins des praticiens et de leur personnel en matière d’aménagement et de mise à niveau de leurs locaux. Ces discussions préliminaires ont mené à la création d’un comité de localisation dont le mandat consiste à analyser, rechercher et recommander le choix d’un édifice susceptible d’offrir un lieu de travail plus propice à l’exercice des médecins actuels tout en offrant cette petite touche « d’originalité supplémentaire », susceptible de séduire de nouvelles recrues et de les convaincre de venir pratiquer la médecine à Bedford. Ce comité a actuellement comme mandat de négocier une entente de collaboration formelle avec les médecins qui pratiquent à l’actuelle clinique, de travailler au montage financier devant mener à l’acquisition d’un bâtiment et de planifier les rénovations qui mèneront à la création d’une toute nouvelle clinique à Bedford. « En ce qui concerne l’acquisition d’un bâtiment, précise la présidente du conseil d’administration, madame Gnocchini, nos démarches sont très avancées, mais, pour des raisons d’affaires, nous devons, pour le moment, rester très discrets quant au choix du bâtiment, l’identité des bailleurs de fonds et les conditions de financement. Cependant, sitôt que ces démarches seront complétées, nous réunirons nos membres pour les informer en détail de notre proposition et recueillir leur approbation. »
Après ce résumé des activités de l’année, les membres ont eu à se prononcer sur deux modifications aux règlements de régie interne que recommandait le conseil d’administration. La première, qui a été adoptée à l’unanimité, consistait à faire passer le coût de la part sociale de qualification des membres utilisateurs de 70 $ à 10 $, de manière à permettre à un plus grand nombre de personnes de devenir membre de la coop. La seconde, également adoptée à l’unanimité, visait à abroger l’article 4.2, lequel se lisait comme suit : « Le territoire ou le groupe de recrutement de la Coopérative est Bedford et région, donc les municipalités situées dans un rayon de 16 kilomètres à vol d’oiseau. » Le fait d’abroger cet article limitant la zone de recrutement permettra aux patients qui font partie du Groupe de médecine familiale (GMF) de Bedford et qui sont membres de la coopérative de demeurer membres utilisateurs, même s’ils devaient déménager pour habiter hors de cette zone.
Malgré un travail ardu (et plusieurs approches auprès d’organismes de la région et d’élus municipaux), le nombre de membres reste faible : seulement dix nouveaux depuis une année, pour un total de 64 membres en règle au moment de l’assemblée générale. Cela semble peu, mais l’expérience des autres coopératives de santé ayant vu le jour au cours des dernières années indique que les adhésions affluent dès que la coopérative ouvre ses portes.
UNE CONFÉRENCE INSPIRANTE
En conclusion de son assemblée générale annuelle, le conseil d’administration de la Coopérative de solidarité santé Bedford et région avait invité le docteur Bernard Gélinas, membre fondateur de deux coopératives de santé en Outaouais, à prononcer une conférence intitulée PLACE ET DÉFIS DES COOPS SANTÉ : des communautés saines pour des individus en santé.
S’inspirant de l’expérience acquise en 2007 et en 2010 à titre d’observateur du fonctionnement des coopératives de santé au Japon, le docteur Gélinas s’est appliqué à tracer l’histoire de la naissance des coopératives de santé dans ce pays, à en résumer la philosophie et à souligner les leçons que nous, Québécois, pourrions en tirer. Et pour démontrer l’intérêt d’un tel exercice, le conférencier a commencé par tracer un bref parallèle entre les sociétés québécoise et japonaise : nombre de médecins per capita à peu près similaire ; à quelques mois près, une espérance de vie égale… À cette différence près que la santé des Japonais décline rapidement dans les six derniers mois de leur vie, alors que le Québécois moyen passe les six à huit dernières années de sa vie dans un état de santé lamentable… Cherchez l’erreur !
Pour le docteur Gélinas, cette différence marquée entre l’état de santé des Japonais et celui des Québécois relève en bonne partie de l’action remarquable des coopératives de santé au pays du Soleil levant. Tout d’abord, ces coopératives ont une approche globale, en ce sens qu’elles ne s’attachent pas uniquement à prodiguer des soins de santé, mais qu’elles agissent également en amont, sur les conditions propices au maintien de la santé. Dans ce contexte, le credo partagé par une large majorité des coopératives de santé nippones se décline en trois volets :
Cette philosophie globale s’incarne dans des activités diverses qui dépassent, et de loin, la simple fourniture de soins médicaux. Pendant qu’un petit groupe de parents reçoit, par exemple, des informations de base sur l’hypertension, le diabète, le tabagisme ou la ménopause, la direction organise dans un local voisin des cours de premiers soins destinés aux enfants. La plupart des coopératives organisent des fêtes de la santé en plein air où les membres se rendent pour s’amuser, se rencontrer… et passer divers tests médicaux dans une ambiance festive !De nombreuses coops proposent des conférences sur le thème de la santé et une kyrielle d’activités qui, toutes, ont la particularité d’avoir la santé comme dénominateur commun : club d’exercices ou de marche, cours de cuisine pour hommes, clubs d’échanges intergénérationnels, clubs de futurs ex-fumeurs, etc.
Au terme de la conférence du docteur Gélinas, il est clair que les membres de la Coopérative de solidarité santé de Bedford et région avaient compris que leur aventure ne faisait que commencer et qu’elle devait dépasser, et de loin, le simple maintien des acquis médicaux actuels. Imaginer les moyens de croître, vivre et vieillir en excellente santé… Voilà le défi que devront relever les membres au cours des prochaines années.
Dans le prochain numéro du Saint-Armand, le second volet de ce dossier fera le point sur le degré d’avancement du projet de coopérative et présentera divers aspects intéressants relatifs aux succès et aux misères d’autres entreprises de ce type au Québec.
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