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- Santé -

Bedford au cœur du système de santé de la région immédiate ?

Pierre Lefrançois

Nous assistons présentement à une nette érosion des services de proximité en matière de santé dans le pôle de Bedford. Bien que nous disposions d’un CLSC, d’un CHSLD, de deux pharmacies à grande surface et de quelques résidences pour aînés (RPA), force est de constater que l’offre de services ne peut être tenue pour acquise en ces temps difficiles.

Au cours de la dernière année, les coupures dans les services d’urgence les fins de semaine au CLSC ont forcé les citoyens d’ici à se tourner vers Farnham ou Cowansville. Les médecins qui pratiquent à Bedford se comptent sur les doigts d’une seule main et ceux qui partent ne sont pas remplacés.

La menace qui pèse sur l’avenir de la RPA Les Villas des Rivières est un autre exemple : laissés dans l’inquiétude depuis des mois, les résidents ne savent toujours pas si les soins pour personnes semi-autonomes seront maintenus ou si celles-ci devront quitter leur milieu de vie pour être hébergées loin de leurs proches. L’an dernier, la RPA de Philipsburg changeait sa vocation pour ouvrir ses portes à d’autres clientèles que les aînés tandis que celle de Notre-Dame-de-Stanbridge fermera ses portes en décembre.

La pénurie de main d’œuvre, la décentralisation à outrance et le sous-financement chronique du système de santé ont pour conséquence la détérioration de grands pans de l’offre de services de proximité mis en place au cours des dernières décennies grâce à l’action concertée de quelques fondations philanthropiques, d’élus locaux visionnaires et de citoyens dévoués. Devant ces tristes constats, les membres du Comité citoyen santé du pôle de Bedford ont interpelé, au cours de la récente campagne électorale, les candidats qui se disputaient l’honneur de nous représenter à Québec, là où se jouent les destinées du système de santé. Ils leur ont posé la question suivante : « Comment comptez-vous préserver, améliorer et même développer l’accès à des services de santé de proximité dans le pôle de Bedford ? »

Chacun des candidats y est allé d’une brève déclaration dans laquelle ils/elles reconnaissaient l’importance, voire la nécessité, des services de proximité en matière de santé sans toutefois prendre d’engagements formels sur les moyens qu’ils/elles entendaient prendre pour enrayer la pénurie de main d’œuvre, renverser la décentralisation à outrance et contrer le sous-financement chronique du système de santé. Comment pourront-ils/elles, réparer ce qui est cassé s’ils/elles sont incapables de nommer les causes du délitement de notre système de santé et de décrire comment on pourrait y remédier ?

La réforme envisagée par Christian Dubé

Nous savons maintenant que monsieur Dubé demeurera aux commandes de la réforme du système de santé qu’il s’était engagé à réaliser quelques mois avant les élections. Nous connaissons son programme, puisqu’il l’a dévoilé en mars dernier. Il a notamment promis d’embaucher davantage de personnel soignant, d’augmenter le nombre de lits dans les hôpitaux, de numériser les dossiers médicaux, de décentraliser la gestion des services de santé, d’opérer un virage massif vers les soins à domicile, etc.

En bon gestionnaire qu’il est, le ministre a mis sur pied le Tableau de bord national et régional sur l’atteinte des objectifs du plan stratégique et des priorités visant à mesurer le degré d’atteinte des objectifs visés*. « Vous me connaissez, on va se mesurer, a-t-il dit en mars dernier. Parce que ce qui se mesure s’améliore […]. À moyen terme, je pense qu’on peut faire bouger l’aiguille très rapidement. » C’est vrai qu’il n’a commencé à déployer sa réforme qu’au printemps, mais on est forcés de reconnaître que, depuis six mois, le manque d’effectifs dans le personnel soignant s’est encore aggravé, que les lits promis ne sont pas encore arrivés et que les listes d’attente pour des services de soins à domicile continuent de s’allonger.

Notons que, dans la foulée des efforts de décentralisation, une personne a été embauchée pour assurer la coordination entre les autorités du CIUSSS de l’Estrie et le réseau de services locaux de La Pommeraie. Le bureau de cette personne  chargée de faciliter la décentralisation administrative se trouve à… Cowansville. C’est certes un pas dans la bonne direction, mais il en faudra beaucoup d’autres avant d’arriver à Bedford.

Yves Lévesque

En 2017, quand le gouvernement avait décidé que Les Villas des Rivières seraient dorénavant gérées par l’Office d’Habitation de Brome-Missisquoi plutôt que par l’Office municipal de Bedford, Yves Lévesque, qui était alors maire de Bedford et qui avait auparavant fait partie du groupe de citoyens ayant contribué à la création de cette RPA, s’était fortement opposé à cette décentralisation qui, disait-il alors « finira probablement par conduire à des coupures dans les services de proximité ». La suite lui aura donné raison. Rien d’étonnant dans le fait qu’il préside aujourd’hui le Comité citoyen santé du pôle de Bedford. Nous aurons bien besoin de la vigilance de gens comme lui pour nous assurer que la réforme du ministre Dubé aille dans la bonne direction.

* https://www.quebec.ca/sante/systeme-et-services-de-sante/organisation-des-services/donnees-systeme-sante-quebecois-services/performance-reseau-sante-services-sociaux

 

 

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