Annonce
Annonce

Danielle Huguette Clément

Yvan Pellerin, en collaboration avec Jean-Pierre Fourez

Danielle Clément, une amoureuse de la nature (Photo : Monique Dupuis)

Danielle Clément est tombée littéralement en amour avec la région de Philipsburg-Saint-Armand et s’y est installée dans le but de peindre avec toute sa passion et sa fougue lumineuse les villages, coins pittoresques, granges et autres lieux romanesques de Brome- Missisquoi.

Née à Montréal en 1930, elle désire, depuis sa plus tendre enfance, devenir peintre. Mais ses parents, conscients de ses talents artistiques mais sans doute désireux de la voir apprendre d’abord un « vrai métier », l’aiguillent vers le dessin commercial au collège Sir George Williams, où elle acquiert de bonnes bases techniques.

Cependant, le regard esthétique qu’elle pose sur la vie l’entraîne plus vers l’art que vers la technique.

Elle devient photographe et ouvre une galerie-studio. Entre 1951 et 1957, elle est portraitiste des artistes montants qui gravitent autour de la télévision naissante.

La bohême

La rencontre avec celui qui deviendra son mari est déterminante. Le goût de l’aventure, des voyages le sac au dos et des découvertes l’amène à vendre le studio. Ils partent pour New York où ils resteront cinq ans. Période difficile où l’asphalte de Manhattan lui fait regretter la nature québécoise. Pour oublier la précarité de son existence, elle s’évade, lors de cours de peinture, au Musée d’art moderne et nourrit sa culture générale au Musée métropolitain. Elle y fait des reproductions d’œuvres d’art. Lors de sorties en camping, elle réalise des multitudes de croquis, paysages et autres scènes. Durant ces cinq années, elle fera de nombreux voyages au cœur des États-Unis.

Pour survivre, elle trouve un emploi à la French Line de la Compagnie générale transatlantique et, après avoir démissionné, elle s’embarque sur le paquebot « France » où elle fait la connaissance du peintre Léo Ayotte.

Arrivés en France, elle et son mari s’installent à L’Haÿ-les-Roses, en région parisienne. Elle fréquente les cours de modèles vivants à Montparnasse et les cours de pose à l’Académie de la Grande Chaumière.

Après deux années à Paris, la nostalgie du Québec et de ses paysages sauvages lui pèse. Elle peint de mémoire les souvenirs du lac et du chalet de son grand-père. Période difficile, séparation, puis retour au Québec où, seule, elle repart à zéro.

Retour aux sources

Elle retrouve le lac des Grandes Baies et peint de nombreuses toiles à partir d’une barque ou sur l’île où se trouve le chalet. Elle se fait elle-même construire un chalet.

Les hasards de la vie font que, par l’intermédiaire de locataires à Montréal, elle croise à nouveau Léo Ayotte, qui deviendra son ami, mentor et conseiller. Celui-ci lui suggère d’acheter une auto pour se déplacer et peindre les régions du Québec. Elle fait donc l’acquisition d’une « van » et parcourt Charlevoix, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, et c’est lors d’une balade dans les Cantons-de-l’Est qu’elle découvre Saint-Armand, région « vierge » pour elle et resplendissante. Artistiquement, c’est une période faste : elle vend comme des petits pains chauds des tableaux « même pas encore secs ».

En 1985, elle trouve rue South, à Philipsburg, un studio habitable dont elle fera sa résidence, plus tard, après sa retraite.

Durant toutes ces années, depuis son retour de France, elle travaille comme illustratrice scientifique à l’Université de Montréal. Ses qualités de dessinatrice sont remarquées à la Faculté de médecine dentaire où elle fournit, pour différentes publications, croquis, dessins, coupes, etc. de l’anatomie de la bouche et des dents. Le milieu universitaire étant favorable aux arts, elle expose ses œuvres dans son bureau et dans les locaux de la Faculté. Elle vend ainsi de nombreux tableaux.

Pendant 28 ans, elle occupera cet emploi qu’elle adore mais qui, sans doute, est moins romantique que le paysage. C’est pourquoi, chaque fin de semaine, elle est sur les routes et peint des scènes en extérieur, « pour la lumière et les sensations », dit-elle.

En 1995, elle s’installe pour de bon à Philipsburg où plus que jamais elle continue à peindre. Elle chérit son bassin d’eau et crée un jardin (sous l’influence de Monet peut-être ?) aux fleurs éclatantes. L’âge et la santé ralentissent un peu sa frénésie créatrice mais elle continue à produire des toiles et à donner des cours d’huile et d’aquarelle.

Elle est membre de la Tournée des 20 et expose chez elle au 94, rue South, à Philipsburg.