Photos d’archives Ville de Montréal et livre du centenaire de Philipsburg
Vêtus d’habits protecteurs, de bottes, de gants et de casques, armés de haches, de pics, d’échelles et de boyaux, toujours prêts à affronter incendies, accidents et désastres, à faire face aux catastrophes, aux sinistres et aux crises de toutes sortes et dans tous lieux… Qui sont ces valeureux et ces braves ? Ce sont nos pompiers et nos pompières : les chevaliers des temps modernes.
On sait que l’être humain a découvert le feu il y a environ 790 000 ans.
Mais depuis quand existent les premiers combattants du feu, c’est-à-dire les pompiers ?
Antiques vigilances
C’est seulement vers l’an 115 av. J.-C. que la première unité de pompiers a été fondée à Rome. À cette époque, la ville comptait environ 500 000 habitants, c’est-à-dire l’équivalent de la population de la ville de Québec. Elle était malheureusement ravagée par d’incessants et nombreux incendies. Le préfet de Rome a donc assigné une escouade spéciale qui avait pour mission de combattre les feux. Formant une chaine humaine, ils transportaient, au moyen de seaux, l’eau puisée dans les canaux, les thermes et les fontaines, en très grand nombre dans la ville. Ils se servaient aussi d’une invention fort ingénieuse, le siphon, espèce de grande pompe « aspirante et refoulante », ancêtre de la pompe à bras. Ils utilisaient également des catapultes afin de détruire toute maison susceptible d’être atteinte par les flammes, faisant ainsi le vide autour du foyer d’incendie.
Ces escouades s’appelaient Vigiles Urbani, expression signifiant « gardien de nuit dans la cité ». Rome avait « VII cohortes de vigiles » c’est-à-dire 7 fois 120 hommes, ou 840 gardiens qui veillaient à ce qu’il n’y ait pas de début d’incendie. Pas mal comme équipe de prévention !
Histoire au coin du feu
Avec le déclin de l’Empire romain et de Constantinople, le nombre de grandes villes organisées a décliné. Puis, avec les invasions barbares et le Moyen Âge, la lutte contre les incendies a été laissée à la charge des habitants eux-mêmes et ce, pendant très, très longtemps.
Après de multiples guerres, conquêtes et reconquêtes, les peuples se sont à nouveaux regroupés pour former de grandes villes. Construites un peu n’importe comment, ces dernières avaient un besoin urgent d’une certaine organisation et des instruments permettant de lutter contre les multiples incendies qui y sévissaient. Souvent causé par les feux des immenses cheminées qui chauffaient les maisons et servaient aussi à cuisiner, par les bougies et les torchères destinées à l’éclairage, par les brasiers des forgerons et les fours des boulangers, et par d’autres flammes nues, le feu se propageait rapidement, étant donné la proximité des habitations. Les incendies prenaient vite des proportions désastreuses. Un exemple : Londres, qui a été la proie du tristement célèbre incendie de 1666. Débutant dans la boutique d’un boulanger, il s’est répandu rapidement, réduisant en cendres environ 5 km² de la ville et laissant des dizaines de milliers de personnes sans habitation.
Des boyaux et des hommes
En 1648, New-York mettait en place son premier système de surveillance des incendies et en 1672, Jan Van der Heiden, un inventeur néerlandais génial créait les premiers tuyaux à incendie en cuir souple, qui permettaient une plus grande portée de l’eau vers les foyers d’incendie.
Après la pompe à bras, utile mais exténuante, la pompe à incendie sur roue était inventée en 1725 par le londonien Richard Newman. Tirée par des chevaux sur le lieu de l’incendie, elle était actionnée par plusieurs hommes.
Elle a donné naissance aux systèmes de plus en plus élaborés et performants qui ont évolué grâce au progrès de la science et de la technologie, et ont débouché sur la création de nombreux modèles de camions de pompiers.
Au niveau de l’organisation des effectifs humains, c’est presque à la même époque, soit en 1736 que Benjamin Franklin créait, à Philadelphie, la première compagnie de pompiers volontaires, la Union Fire Company. À compter de ce moment-là, dans la plupart des pays, les grandes villes se sont dotées d’un corps de pompiers, suivies graduellement des villes de taille moyenne et des municipalités rurales. Comme il faut une certaine force physique pour combattre le feu, les pompiers étaient tous des hommes. Molly Williams a été la première femme à être accueillie parmi eux : c’était aux États-Unis, dans les années 1800.
Évolution en ville
En 1734, l’intendant Hocquart mettait sur pied le premier corps de pompiers volontaires de Montréal. Leur équipement était alors rudimentaire. L’inauguration du premier aqueduc, en 1816, et l’achat d’une pompe à bras, en 1824, ont ensuite facilité leur travail.
En 1841, la ville fait ériger ses premières « l’équipement et logement pour le gardien. En 1862, les premiers avertisseurs d’incendie publics étaient installés. Il s’agissait de boîtes Maisons des Pompes » avec garage pour rouges contenant un dispositif de transmission télégraphique. Ces boites étaient malheureusement fermées à clef. Par conséquent, en cas de feu, le citoyen devait se rendre chez le « garde-clef », qui ouvrait la boîte, puis tournait la manivelle vingt fois… ce qui donnait l’alarme à l’une des quatre églises stratégiquement positionnées, laquelle se mettait à sonner le tocsin… pour signaler l’incendie. Le système s’est amélioré avec le code morse et, par la suite, avec l’invention du téléphone. C’est en 1863 qu’on construira les premières vraies casernes de pompiers. Quelques années plus tard, on voit apparaître la première pompe à vapeur, qui est habituellement tirée par deux chevaux.
En conséquence de la révolution industrielle, les véhicules motorisés font leur apparition en 1911. Montréal achète une pompe, une échelle et une voiture à boyaux, toutes les trois motorisées. Durant les décennies suivantes, on assistera à de nombreux changements, qu’on peut résumer ainsi :
- Ø 1928 : le « service des incendies », tel qu’on le connait aujourd’hui, est créé ;
- 1936 : les chevaux de pompiers sont définitivement mis à la retraite ;
- 1947 : on met sur pied les premiers cours de formation pour les pompiers ;
- 1981 : les derniers avertisseurs d’incendie, les fameuses boites rouges, sont débranchées ;
- 1985 : le service 9-1-1 est mis en place pour répondre aux urgences ;
- 1990 : Marie-Josée Dupré devient la première femme pompière de Montréal ;
- 1991 : l’informatique fait son entrée au service des incendies.
Au Québec, il y a actuellement 4 500 pompiers à temps plein et 18 000 pompiers à temps partiel (cette dénomination a remplacé récemment le terme de « pompier volontaire »). Dans les villes de plus de 200 000 habitants, 90 % des pompiers travaillent à temps plein, tandis que, dans les petites municipalités comme la nôtre, ils/elles travaillent sur appel
La première caserne de Philipsburg date de 1940. Elle se trouvait sur la rue Phillips. On y avait érigé une grande tour afin de suspendre les boyaux d’incendie et les faire sécher. Elle n’existe plus Sise sur la rue Notre-Dame, notre caserne actuelle vient de s’agrandir et abrite un équipement de pointe. À Saint-Armand, nous avons 23 pompiers/ères et deux cadets. Ils forment une équipe formidable. Grant Symington, qui a 33 ans de service à son actif, en est le Chef depuis 1996.
Tradition de famille… Son père, Hugh Symington, a lui aussi été Chef pompier. Son oncle Léon a été pompier. Son frère Hugh junior aussi et ce, durant 50 ans. Nathalie, la femme de Grant, est pompière et leur fils Tyler suit leurs traces.
Toutefois, le métier change. Les hommes et les femmes qui le pratiquent doivent se tenir constamment au courant des technologies modernes, qui évoluent rapidement. Ils doivent aussi être au fait des nouvelles réglementations et normes qui sont dictées par une société en constante transformation. Par exemple, depuis plusieurs années, les experts en incendie et en sinistres de tout genre sont venus grossir les rangs des pompiers. Il faut compter aussi avec les premiers répondants, qui reçoivent une formation poussée en premiers soins et qui jouent un rôle fondamental dans les municipalités rurales. En cas d’urgence et en attendant l’arrivée des ambulanciers, ils sont les premiers à arriver sur place et pour cause, car ils connaissent mieux que quiconque nos chemins, nos maisons éloignées, nos gens et les routes qui traversent notre région. Ils sont diplômés en réanimation cardiorespiratoire, en immobilisation des victimes et en premiers soins d’urgence.
De la réforme dans l’air
Au conseil municipal de Saint-Armand, c’est Marielle Cartier qui est en charge des relations avec la sécurité publique. Son rôle consiste à servir d’intermédiaire entre les pompiers et la municipalité.
Depuis environ six ans, le ministère de la Sécurité publique du Québec procède à une réforme dans les petites municipalités. Ces changements portent sur le partage des tâches et des accords passés entre municipalités voisines. Par exemple, notre service des incendies travaille en relation avec la municipalité de Pike-River dans une proportion de 70 % pour Saint Armand.
Au Ministère, on pense que ces ententes vont permettre d’améliorer la prévention. En informant la population sur cette question, le service des incendies s’assure que les citoyens prennent conscience des dangers quotidiens qui les menacent et participent ainsi à la sécurité dans un esprit communautaire.
Quant à nos valeureux pompiers et pompières, une partie de leurs tâches consiste à élaborer des plans d’intervention en cas de désastres naturels (inondations, affaissement de terrains, verglas ou autre) ou d’accidents plus ou moins catastrophiques (sur la route, sur l’eau, sur la glace, dans nos maisons, sur nos fermes et dans nos industries). On mène régulièrement des exercices et simulations afin que chacun connaisse parfaitement le rôle qu’il doit y jouer. Grant Symington se souvient bien du rôle important des pompiers pendant la crise du grand verglas. Et nous avons été témoins, au printemps 2011, de l’aide qu’ils ont apportée aux citoyens dont les résidences ont été inondées.
De l’équipement adapté à notre région
Pour réussir à créer un environnement sécurisé et compter sur le service des incendies en cas de danger, il faut de l’équipement adapté à notre environnement. Comme notre région est bordée par un lac, il nous faut donc un bateau et nous l’avons : c’est un Achilles de 16 pieds équipé d’un moteur de 45 forces.
L’hiver, le lac gèle et pour les secours sur glace nous sommes très bien équipés : nous avons le Rescue Alive, sorte de « marchette » particulièrement bien conçue qui permet à un sauveteur d’aller à pied et même au pas de course récupérer une personne en difficulté sur la glace. Si cette dernière cède, on peut pagayer au centre en se tenant debout, un pied sur chacune des deux planches flottantes. Allez voir la démonstration sur le web : http://www.youtube. com/watch?v=pPAQe89f2U
L’autre appareil de sauvetage est l’Oceanid Water Rescue Craft, sorte de grande saucisse double, jaune, gonflable et très solide, d’un peu plus de 15 pieds de long et de 4 pieds de large. On peut s’en servir sur l’eau comme sur la glace et elle peut être manœuvrée par une ou deux personnes. On peut marcher dans les espaces ménagés aux extrémités, ramer ou se faire remorquer par un bateau de sauvetage ou un autre véhicule. Allez le voir en action sur internet :
http://www.youtube.com /watch?v=kfA1vorjY3s
Les sauveteurs en eau et sur glace doivent être équipés d’une combinaison étanche Ice Commander Rescue (orange), d’une veste de flottaison Mustang Survival (rouge) et d’un casque Cascade CFE Kayak (jaune). Ils doivent être prêts en 90 secondes, d’où l’importance de s’aider mutuellement à revêtir leur équipement. Cependant, comme ils partent de leur domicile et non de la caserne, ils peuvent mettre un certain temps à arriver sur les lieux de l’accident.
Sur le lac, qu’il soit gelé ou pas, le Rescue Alive et l’Oceanid sont rattachés à la rive par une corde de sauvetage qui peut se déployer sur une distance de 600 pieds. Comme nous avons aussi des falaises et des carrières, des silos à grains et des puits, le sauvetage dans ces endroits exige de disposer de treuils, de harnais et de câbles spéciaux afin de secourir les éventuelles victimes.
Tous ces attirails demandent une formation spéciale, une forme physique impeccable et une connaissance parfaite des techniques. Être pompier, c’est vraiment plus que de savoir éteindre un feu…
Rutilant comme un camion de pompiers…
Pour ce qui est de l’équipement roulant, nous avons le véhicule des premiers répondants qui ressemble à une ambulance et est entièrement équipé pour fournir les premiers secours. Il a servi dans de nombreuses situations d’urgence, y compris des arrêts cardiaques et des accidents de la route. De plus, il accompagne systématiquement les camions de pompiers en cas d’incendie ou de catastrophe. C’est le seul jaune au milieu des beaux camions rouges.
Dans les zones rurales, l’eau ne court pas les rues… Seuls certains endroits sont desservis par des bornes fontaines. Certain points d’eau ont maintenant des bornes sèches, sortes de tuyaux vides implantés dans l’eau qui permettent au camion-pompe de l’aspirer et d’en remplir les camions citernes. En cas d’incendie dans des endroits éloignés, il faut parfois tirer l’eau du lac et l’acheminer vers des piscines portatives et dépliables.
Les pompiers disposent de quelques camions :
- le camion principal de la caserne est une autopompe d’une capacité de 1050 gallons.
C’est le seul à avoir de la mousse. On la projette sur le foyer de l’incendie afin de l’étouffer et d’empêcher l’air de l’aviver.
- le gros camion-citerne d’une capacité de 3200 gallons. Il peut être rempli d’eau par les autres camions ainsi que par des pompes portatives.
- le camion-citerne de 1700 gallons, le petit dernier de la caserne. Il peut pomper directement de l’eau n’importe où et la tirer d’une borne sèche.
- le camion Poste de commandement. À l’intérieur, à l’arrière, se trouve l’équipement complet pour l’habillage des pompiers/ères ainsi que les bombonnes et les masques.
Vers l’avant, un bureau d’où l’on dirige les opérations : c’est le poste de commandement à proprement parler. De là partent les ordres, les stratégies à adopter selon l’évaluation de la situation. Il est équipé d’un écran sur lequel sont retransmis les signaux de détection des caméras thermiques que les pompiers utilisent dans les endroits enfumés et qui indiquent les sources potentielles de danger : câbles électriques, propagation des flammes et autres éléments invisibles à l’œil nu. Il y a aussi des radios portatives permettant d’assurer les communications, des cartes de repérage pour le secteur terrestre et une, pour le secteur nautique. Enfin, il y a la valise : il s’agit d’un miniposte de commandement destiné aux endroits inaccessibles au camion ou permettant de se rapprocher du lieu d’intervention.
Dans la communauté
Que ce soit à Montréal ou ailleurs, les pompiers se sont toujours impliqués dans des œuvres de charité ou des causes qui aident leur communauté. Chez nous, ils se sont toujours montrés chaleureux. Je me souviens que, il y a une dizaine d’année, ils ramonaient nos cheminées et, une fois par année au printemps, organisaient « l’encan des pompiers », où on se retrouvait à la caserne pour acheter une bicyclette à 1$ ou une télé à 5$ tout en avalant des hotdogs et du café. Cette convivialité rurale qui m’avait tant plu ne pourra bientôt plus exister. Ils n’y sont pour rien. Tout est plus réglementé, structuré, légiféré, au détriment d’un mode de vie plus simple. Bien sûr, nos pompiers/ères s’impliquent toujours dans des petits déjeuners à la Légion ou les BBQ.
Et ils nous ouvrent toujours les portes de leur caserne, nous invitant à partager leur fierté. Mais pourront-ils continuer à le faire tout en assumant l’énorme tâche qu’on leur confie ? Le progrès a fait évoluer bien des techniques et il est en train de produire de super experts en incendies et en catastrophes. Espérons que cela ne leur fera pas oublier leur cœur de chevaliers des temps modernes, surtout dans le monde rural.
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