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Par monts et par vaux

Mario Paquette : percer les mystères du comportement chevalin
France Groulx

Mario Paquette et Cashman, un cheval d’école des Écuries de la SAM à Bedford, où Mario enseigne et entraîne. (Photo : France Groulx)

Quand Mario Paquette approche un cheval, il agit comme s’il en était un : « Je cherche à entrer dans la tête de l’animal pour deviner ce qu’il pense. »  Après autant d’années passées à examiner les comportements et les regards, Mario devine le caractère, la personnalité d’un cheval. Doté d’une mémoire phénoménale, il se souvient des centaines de bêtes qui lui sont passées entre les mains.

Cadet d’une famille de 14 enfants, Mario était le fils d’un producteur laitier de Frelighsburg. L’hiver le père coupait du bois et le petit Mario sortait les billots avec le cheval attelé. Il a fait sa première expédition en solitaire, alors qu’il était âgé de neuf ou dix ans. Il se souvient être grimpé sur une mangeoire dans l’étable pour passer la bride au cheval. Une fois dehors, il a grimpé une clôture à carreaux pour atteindre le sommet du piquet et finalement sauter sur sa monture. Les parents, qui avaient momentanément perdu la trace du petit, ont été à la fois troublés et soulagés de voir Mario rentrer de sa balade sur le dos du cheval de trait.

En faire un complice 

Mario Paquette est fasciné par la force, par la dimension de l’animal, et par la façon dont un humain, aussi chétif soit-il, arrive à le maîtriser. Non pas pour le dominer, mais pour la satisfaction d’en faire un complice. Il se souvient que, adolescent, il passait beaucoup de temps assis sur un muret de roches à observer les comportements des trois ou quatre chevaux de la ferme. Il était fasciné par leur façon d’établir la hiérarchie dans le groupe et par la communication entre les individus au moyen du regard et de la position de la queue, des pattes et des oreilles.

Quand Mario approche un cheval, il ne parle pas ou peu, il communique par le  geste. « J’agis comme si j’étais un cheval. Par mes déplacements et mes mouvements, je fais comprendre au cheval que je ne suis pas menaçant, que je ne suis pas un prédateur. Plus tard, quand j’aurai gagné sa confiance, je deviendrai l’animal dominant. »

Mario est un ardent défenseur de l’entraînement graduel. Les coups de fouet et d’éperons dans les côtes donnent des résultats rapides, sauf que l’animal qui agit sous la crainte de corrections sévères risque tôt ou tard de décrocher. Mario essaie de faire naître chez le cheval le goût du travail. Une fois bien formé, l’animal pourra entreprendre une longue relation de confiance avec les humains.

Le cheval perçoit ce que l’humain dégage. Pour travailler avec les chevaux, il faut d’abord travailler sur soi-même, soutient Mario Paquette. Il n’hésite pas à affirmer que les chevaux ont fait de lui une personne plus posée. « Si tu respectes l’animal, il te respectera aussi. Le jour où tu deviens trop sûr de toi, tu peux t’attendre à prendre une plonge, à te faire mordre ou à recevoir un coup de patte ! »

Le cheval, un paresseux ?

Contrairement à la croyance, Mario considère que le cheval est paresseux. Et il se sert de ce trait de caractère : « Quand je veux amener un cheval à surmonter une crainte, je le soumets d’abord à l’entraînement. À la fin, il choisira la facilité et acceptera d’exécuter ce qui l’effrayait, par exemple de traverser un trou d’eau sur un sentier. » Sous plusieurs aspects, croit Mario, le comportement du cheval peut ressembler au comportement humain !

Depuis son enfance à Frelighsburg jusqu’à aujourd’hui, Mario Paquette n’a jamais cessé d’acquérir des connaissances sur la santé et le comportement des chevaux. Avec son diplôme de mentor entraîneur et instructeur, niveau I, reconnu par la Fédération équestre du Québec, il possède à la fois l’expérience sur le terrain et les diplômes.

Il y a deux ans, il a pris sa retraite du métier de mécanicien industriel qu’il a exercé pendant 36 ans à Bedford. Même avec son travail à l’usine, il a toujours continué à entraîner des chevaux et à donner des cours d’équitation western et classique.

Le défi des rebelles

Mario Paquette est convaincu de la valeur du sport équestre pour amener les jeunes à se dépasser. Le contact avec les chevaux ouvre aux enfants un univers fascinant. C’est encore plus vrai pour ceux qui connaissent peu de succès à l’école ou qui souffrent d’un manque de confiance en soi. Dernièrement, il a enseigné l’équitation à un jeune atteint de surdité et est fier du résultat : le jeune cavalier a appris la discipline et acquis de l’assurance en ses capacités.

Le défi que pose l’entraînement d’un cheval rebelle stimule Mario. Il travaille de façon à ce que l’animal qui est constamment en mode panique passe outre ses blocages. Au fil des ans, il a fait sa spécialité de traiter les chevaux à problèmes ; il agit comme un psychoéducateur. Sa patience en rééducation a sauvé bien des chevaux engagés sur le chemin de l’abattoir.

Depuis quelque mois, Mario Paquette consacre plusieurs heures par semaine à l’écurie que la Société d’Agriculture Missisquoi a remise sur pied à Bedford. Il vient d’ailleurs de joindre le conseil d’administration de l’organisme à titre bénévole.

Comme il aime partager son expérience, l’équipe qui travaille à l’écurie, les élèves de l’école d’équitation et les pensionnaires ont tout le loisir d’avoir accès à ses conseils. Le but de son engagement ?Transmettre au plus grand nombre de gens possible de la région sa passion des chevaux. Mario Paquette peut être joint aux Écuries de la SAM au 450-248-2539.

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