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- Gens d'ici -

Nos anciens

Éric Madsen

Aujourd’hui, continuons ensemble notre parcours à la découverte de nos concitoyens. À Saint-Armand, Charles-Édouard Messier, 82 ans, et Yolande Coupal, 81 ans, méritent bien un portrait. Arrêtons-nous un moment pour connaître leur histoire. Originaire de Saint-Ignace, Yolande y a vécu jusqu’à l’âge de douze ans, pour ensuite vivre huit ans à Dunham. Charles-Édouard et Yolande se sont mariés à la fête du travail de 1945. Et le travail n’a pas manqué… Cinquante-neuf ans plus tard, fier de ce qu’il a accompli, le couple se laisse aller aux souvenirs. Après les noces, ils vécurent deux ans chemin Bradley à Saint-Armand et trois ans à Bedford, avant de s’installer définitivement chez eux, chemin Dutch, sur la ferme paternelle, pas assez grande toutefois pour faire vivre tout le monde. Car du monde il y en a eu. Yolande et Charles sont parents de treize enfants, six filles, sept garçons, grands-parents de vingt-neuf enfants et arrière-grands-parents de quinze enfants ; au total, à ce jour, ils comptent cinquante-sept descendants. De leurs treize enfants, deux vivent près d’eux sur le même chemin ! Les autres, pas très loin dans les villes et villages alentour. Deux sont au loin, une fille en Alberta, un garçon en Floride. La ferme étant trop petite pour faire vivre tout son monde, le chef de famille s’engage comme apprenti menuisier. L’ouvrage ne manque pas pour le couple : faire les foins, bâtir des granges, rénover des maisons, faire les sucres, jardiner, faire boucherie, faire la couture, réparer une toiture, faire son « cannage » (jusqu’à 700 pots un hiver), fonder son entreprise, couper les cheveux des enfants, cuisiner, bûcher, lessiver… bref, on peut appeler ça une vie bien remplie. Où diable puisaient-ils toute cette énergie ? « Les enfants nous aidaient beaucoup, chacun avait sa tâche. Pas question de sortir dehors tant que leur ménage n’était pas fait, par exemple », dit leur mère. « Les gars étaient toujours avec leur père. » S’occuper de la ferme, dans le bois, « bouillir trois à quatre cents gallons de sirop dans la cabane qui grouillait de monde. » J’y suis moi-même déjà allé. C’était la fête. « Pis les gars bricolaient dans le garage des tracteurs à gazon modifiés, avec leur père ». Quand j’étais jeune, j’avais été impressionné par le nombre de « chars » dans la cour. « Ben comprends donc, sept gars. Mes filles nous aidaient aussi beaucoup, il le fallait bien », dit Yolande, un sourire dans les yeux. Pendant ce temps, Charles-Édouard construit, répare beaucoup de maisons. Une subvention qui, à l’époque, aide les propriétaires à retaper leur maison profite à l’entreprise fondée en 1967. Honnêtement, il ne se souvient plus de tout ce qu’il a construit mais on peut avancer sans trop de risque de se tromper qu’environ une soixantaine de bâtiments de toutes sortes, construits par lui et ses hommes, font partie du paysage de Saint-Armand /Philipsburg. Sans compter ceux qu’il a bâtis ailleurs. C’est en 1982 que Charles-Édouard accroche son marteau et sa poche à clous pour de bon, assuré d’une relève. Trois fils suivent les traces de leur père, dont deux qui sont contacteurs dans la région.

Yolande et son mari ont été très engagés comme bénévoles dans les loisirs, ont participé aux soirées de cartes, aux activités de l’église, au Cercle des fermières, toujours disponibles pour aider les organisateurs. Il n’y a pas si longtemps, ils jouaient aux quilles une fois par semaine, pour le plaisir de jouer, mais aussi pour voir leurs amis. Leurs plus belles années furent ces vingt ans où ils partaient pour la Floride avec leur caravane motorisée pour y passer l’hiver. Après toutes ces années de travail, ils ont beaucoup apprécié ces escapades en amoureux. L’hiver au chaud et l’été à courir les festivals de la province. « Ça nous a pris trois, quatre ans pour faire le tour, et on a rencontré plein de gens qui nous appellent encore ». Votre plus belle réussite ? « La famille, on les aime tous, lance tout de go Yolande. On a été chanceux, car la maladie n’a jamais frappé. » Et elle se rappelle les méga fêtes dans le sous-sol de leur nouvelle maison, où plus de soixante personnes s’amusaient en famille. Des souvenirs refont surface, des joies, des peines. « Te souviens-tu, en 54, au début on payait l’électricité aux Américains, pas de farces ! On était même rationnés. » « Aye ! c’est en quelle année que j’suis tombé du toit à Philipsburg ? » « Eh ! Seigneur », s’exclame Yolande les yeux au plafond. Qu’avez-vous le plus aimé de votre vie à Saint-Armand ? « La fraternité avec le monde. Il y avait beaucoup de communication, la vie sociale dans les années 70 était dynamique. Le monde se tenait plus qu’aujourd’hui », dira Charles-Édouard un peu tristement. Avez-vous fait de la politique ? « Jamais ! Mets-toi à ma place. S’il avait fallu que je dise non à une personne, pis que le lendemain j’aille lui changer ses fenêtres, j’aurais été bien embêté ». Tranquilles et sereins, jouissant d’une santé encore relativement bonne, se berçant tranquillement au salon, ils me racontent leur vie. Mais raconter tant d’événements et de souvenirs relève de l’impossible. Avec le sentiment d’une vie accomplie et réussie, Yolande et Charles-Édouard coulent des jours paisibles, bien conscients « que le genre de vie a changé ». Ils souhaitent qu’on « garde notre église ouverte », qu’on prenne soin de l’environnement, qu’on « ait l’orgueil d’avoir des belles places », et que l’intégration des nouveaux arrivants dans la communauté fasse l’objet de meilleurs efforts. Encore biens lucides, ne vous l’avais-je pas dit ?

Merci Yolande et Charles-Édouard pour votre contribution au développement de notre communauté. Que votre vie continue de s’écouler…heureuse.

À la prochaine.

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