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Le Labohem de Frelighsburg 2012

Jean-Pierre Fourez

Ne cherchez pas, le Labohem n’a rien à voir avec la chanson d’Aznavour ni avec une région de Roumanie. C’est un jeu de mots dont voici la petite histoire.

Dans une petite ville de Normandie, un photographe ami de Stéphane Lemardelé (dessinateur à Sutton), avait eu l’idée de photographier les gens de sa communauté dans leurs activités quotidiennes et surtout les personnes âgées à mobylette. Puis il affichait ces clichés dans les vitrines des commerces. Et c’est ainsi qu’a commencé le LaboMylette, en hommage au célèbre vélomoteur, qui est devenu le Labo M et enfin le Labohem, puisque ce concept artistique s’est mis à voyager de village en village.

Stéphane Lemardelé (photo : Steve Pellerin)

Au départ, il n’y avait comme médium que la photo, et Stéphane y a ajouté le volet dessins et sketchs pris sur le vif avant d’importer ce type d’intervention artistique au Québec, qui a pris de l’assurance et de l’envergure et qui avance en perpétuelle expérimentation.

Le Labohem est une intervention sociale et artistique collective qui crée une exposition avec la population. Il révèle l’identité culturelle locale. Un collectif d’artistes capte le quotidien des gens de la localité et expose les portraits réalisés jour après jour à travers la ville et sur internet. Un « dévernissage » clôt la manifestation avec une projection des œuvres sur écran géant et en musique.

Le Labohem de Frelighsburg (qui a été précédé par ceux de Sutton, Cowansville et Dunham) est sans doute le plus important jamais organisé car il a rassemblé un collectif de 15 artistes (voir liste). Ce fut aussi le mieux pensé et en même temps le plus osé car plusieurs formes d’art y ont été introduites. Le volet céramique ou joaillerie était un défi «  casse-gueule »  qui a pourtant été relevé avec brio.

Durant un mois, les résidents de Frelighsburg ont été observés à la loupe et sous un angle inhabituel puis immortalisés en œuvres d’art. Ils ont eu la surprise de voir chaque jour leur portrait ou celui de leurs concitoyens affichés dans les vitrines, collés sur les murs, sur les arbres et les poteaux ou sur d’énormes boîtes de pommes faisant office de galerie à ciel ouvert.

Les bennes de pommes recouvertes d’affiches, le long des rues du village (photo : Steve Pellerin)

Le Labohem est un genre inclassifiable : c’est à la fois une exposition collective, une expérience, un concept, un happening, un gros party, une vitrine pour artistes, le miroir d’une communauté. Peut-être une immense thérapie de groupe où le sentiment d’appartenance et la fierté d’être « de la place » étaient évidentes avec en prime une petite pointe de narcissisme.

Il fallait assister au dévernissage pour constater l’effet Labohem ! Après un mois de tension créatrice, c’était la fête ; une foule joyeuse composée d’artistes, de gens du village, de touristes de passage, d’enfants et de moins jeunes fraternisaient en constatant qu’ils vivaient là un moment unique. Le mot-clé de cette journée a été « émouvant », ce qui indique bien que tout le monde a été touché en plein cœur. Des visiteurs curieux venus faire un tour à la fête se sont même éclipsés discrètement croyant avoir affaire à une fête de famille !

Si on fait un retour sur cette expérience, il se dégage quelques effets majeurs. D’abord l’effet solidarité : la population, les artistes et les organisateurs ont collaboré pour mettre en place le Labohem tout en se prêtant main-forte mutuellement à l’installation des autres événements comme Festivart, Tricot – graffiti et ce, avec souplesse et efficacité.

On constate aussi un effet identitaire véhiculant la fierté de faire partie de la « gang » tout en oubliant les chicanes et les divergences de points de vue pour se concentrer sur ce qui est bon pour Frelighsburg.

L’effet le plus important est sans doute un phénomène de rapprochement et de resserrement du tissu social. Habituellement, ce genre de mouvement spontané se manifeste lors de catastrophes, et il est réjouissant de savoir que ça peut arriver lors d’événement festifs !

Quel est l’avenir du Labohem ? Stéphane Lemardelé entrevoit d’infinies possibilités de développement et d’adaptation du concept à des lieux spécifiques comme des quartiers de Montréal ou des grandes entreprises. C’est une histoire à suivre.

LE COLLECTIF DU LABOHEM

Caroline Joncas, Jacques Lajeunesse, Marie-Claude Lord, Isabelle Grenier, Stéphane Lemardelé (dessin-peinture), Yves Langlois (écriture), Johanne Ratté (joaillerie), Sara Mills, Michel-Louis Viala (céramique d’expression), Martin Morissette, Jean-François Hamelin, Alex Chabot (vidéo), Louis Lefebvre, Jean-François Pinel, Steve Pellerin (photographie), Karina Sasseville (coordination), Edith Ducharme (communications) et vous…

Le Labohem a été financé par la municipalité de Frelighsburg, le Pacte rural, le fonds culturel du CLD, le Conseil des arts du Canada, Patrimoine Canada, la Caisse populaire Desjardins. De nombreux partenaires locaux ont apporté leur généreuse contribution par des échanges de services et des produits du terroir.

On peut visiter virtuellement les 380 œuvres de cet événement à : labohemfrelighsburg.blogspot.com

 

 

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