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La seigneurie de Saint-Armand (6)

Charles Lussier

Alors que les activités de l’industrie navale deviennent de plus en plus soutenues et organisées au lac Champlain, la fin précipitée de la Nouvelle-France met un terme au début d’une société française autour de ce grand cours d’eau.

Pendant la première moitié des années 1750, les explorations et l’exploitation des forêts pour les vaisseaux de la Marine royale sont concentrées surtout aux secteurs des rivières Chasy (Chazy river, N.Y.) et Senaranac (Saranac river, Plattsburg, N.Y.) au lac Champlain. En remontant ces deux rivières et celle dite aux Pins, Levasseur et ses collègues découvrent et font exploiter des pinières de pins rouges et de cyprès (pin gris) de bonnes dimensions qui serviront pour les mâtures mais aussi pour les pièces de bordages. Ce bois de valeur est expédié par flottaison au chantier de Québec pour les grands vaisseaux comme L’Orignal (1750), L’Algonquin (1753) et l’Abénaquise (1756).

Le père de René-Nicholas Levasseur œuvrait déjà dans la construction navale à Dunkerque et à Toulon en France. Marié à Marie Angélique Juste, ils ont deux garçons et cinq filles en Nouvelle-France. Le fils aîné, Jacques, devient à son tour aide constructeur de bateaux et travaille au chantier du fort St-Jean. En 1758, il construit au lac Champlain, 4 chébecs, petits bâtiments de 3 mâts à voiles et à avirons, munis de six canons. Ces embarcations étaient sûrement destinées au transport et à la protection des terres et des seigneuries françaises du bassin du lac Champlain et du cours supérieur de la rivière Richelieu, en amont du fort St-Jean. C’est le début d’un système de communication plus organisé de ce territoire un peu à l’écart du fleuve Saint-Laurent et coupé par les rapides de Chambly.

Dans une lettre de 1758, malgré les dangers des conflits de plus en plus imminents avec les Britanniques, Levasseur écrit qu’il a le projet d’aller dans le fond du lac Champlain faire couper la mâture nécessaire à la frégate Québec et aux vaisseaux du roi « qui viendront ici l’année prochaine ». L’année suivante, la remontée progressive des troupes britanniques vers le fleuve puis la fin du régime français en 1760 sur ces vastes étendues en Amérique mettent fin aux activités seigneuriales au lac Champlain.

Selon les documents consultés, les activités d’exploitation des forêts pour l’industrie navale ont surtout été concentrées vers le centre du bassin du lac Champlain. Le territoire de la seigneurie de Saint-Armand, possession de Levasseur, est moins accessible par sa position au nord-est et ne semble pas avoir subi la même intensité d’exploitation des ressources. Sur la rivière Missisquoi, on a aménagé un moulin à scie où on a produit de la planche pendant une dizaine d’années. René-Nicholas Levasseur et sa nombreuse famille seront au nombre des passagers que les autorités britanniques retourneront en France à leur charge. Il y laisse « sa fortune et toutes ses espérances ».

Sources :

  1. Lettre de René-Nicholas Levasseur au ministre de la Marine et des Colonies, J758, Québec. Centre des archives nationales d’outre-mer (France), 3 p.
  2. Société d’Histoire et de Patrimoine de Frelighsburg, 2006. Frelighsburg d’hier à aujourd’hui. Ed. Louis J3ilodeau & fils Ltée, 472 p. (N. Gaumond).
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