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- COVID-19 et son impact -

Briser l’isolement de nos aînés

La COVID-19 et les actions communautaires
Guy Paquin

Source : Hebdo Journal

Si les statistiques de la Santé publique de l’Estrie montrent clairement que nos aînés n’ont pas été frappés par la pandémie aussi durement que dans d’autres régions du Québec (aucun décès depuis le 23 juin), la maladie a accentué fortement leur isolement. Le confinement et la fermeture de beaucoup de services qui leur sont destinés spécifiquement les ont laissés dans une situation d’esseulement plus accentuée qu’auparavant.

C’est dans ce contexte difficile qu’œuvrent comme ils le peuvent les organismes communautaires qui offrent des services aux aînés. « La pandémie nous a très affectés, confirme André Beaumont, président du club FADOQ (Fédération de l’Âge d’Or du Québec) de Bedford et région. Nous avons dû suspendre la totalité de nos activités dès le mois de mars. Toutes les occasions que nos aînés avaient de se rencontrer – bingos, jeux de cartes, jeux intérieurs, formation pour ordinateur et pétanque – tout cela a été soudainement annulé. »

André Beaumont déplore que les consignes de confinement, pourtant si nécessaires, aient eu pour effet d’accentuer l’isolement relatif des personnes âgées vivant seules. « Le rôle principal de la FADOQ et de ses clubs est de briser l’isolement des gens. C’est devenu très dur de faire notre part depuis la COVID. »

La pétanque est la seule activité à avoir redémarré. Annoncées à la mi-juillet, les règles assouplies autorisant la rencontre de 50 personnes à l’extérieur ont permis qu’on puisse jouer à nouveau aux boules. « Nous avons scrupuleusement suivi le protocole dicté par la ville de Bedford pour la pétanque et les autres activités extérieures : distanciation de deux mètres, lavage des mains et des boules, tousser dans le coude etc. Mais nous n’avions pas grand monde en juillet parce que la canicule tapait dur. Ça va un peu mieux maintenant. »

Hormis la pétanque, plus rien donc, pour les 650 membres du Club FADOQ de Bedford.

La Popote : dîners communautaires suspendus

 À toutes les deux semaines, la Popote des Aînés de Bedford organise des dîners communautaires dansants pour les personnes âgées. « Le 16 mars, c’en était fini des repas communautaires, déplore Dale Johnson, directrice du service. Voilà une occasion de socialiser qui disparaît pour nos habitué.e.s. Et je ne sais pas quand nous pourrons relancer ces dîners. »

Cependant, l’organisme est sollicité bien davantage pour un autre de ses services. La Popote livre à la maison des repas congelés. « Avant, on livrait environ 90 repas par semaine. Maintenant, c’est 125. Les gens craignent les contacts et la contagion à l’épicerie, alors ils font appel à nos plats congelés. »

Mme Johnson ne peut compter que sur une petite brigade pour cuisiner et livrer ces repas. « J’ai deux employées en cuisine et un bénévole, et seulement deux femmes qui font la livraison. Je manque clairement de bénévoles pour livrer. »

S’impliquer dans la livraison de ces repas ne constitue pas qu’un geste alimentaire. Les bénévoles sont souvent le seul contact avec les personnes âgées, un rare lien avec l’extérieur. En apportant la nourriture on s’enquiert de la santé de la personne visitée, on lui demande si elle a eu la visite de ses proches, si elle vit de la solitude ou de l’anxiété. Ce lien ne remplace pas les vraies occasions de socialiser mais, en l’absence de ces dernières, il est précieux.

Avante va en ligne

 Le Avante Women’s Centre de Bedford a aussi dû cesser toutes ses activités à cause de la pandémie. Cet organisme à but non lucratif a pour but d’aider les femmes anglophones à développer leur plein potentiel. En temps normal, on y donne de la formation en informatique, on y trouve de l’aide à l’emploi et des groupes de soutien, on y apprend à mieux cuisiner et, comme à la Popote, on vient y manger une bonne soupe en bonne compagnie pour pas cher du tout.

« C’est Peter Iriotakis de la pizzeria Bedford qui nous fait la soupe et nous la vend au prix coûtant, explique Gayl Rhicard, directrice d’Avante. Mais nous avons dû fermer le soupe-café à cause de la pandémie. On y recevait de 10 à 25 femmes tous les mois et ces contacts menaient souvent à une intervention d’aide et de soutien. On a donc été forcées d’inventer le zoom café et de livrer les soupes à domicile. »

Zoom, cette application informatique qui permet un contact vidéo et vocal en direct d’ordinateur à ordinateur, est apprécié de Gayl Rhicard qui se réjouit d’avoir appris son fonctionnement. « Quand vous êtes forcé de tout fermer, vous pouvez aller en ligne et reformer le groupe. Et ça a marché ! »

Revoici donc les ateliers devenus virtuels et les contacts avec les femmes rétablis. « Il a d’abord fallu téléphoner à nos 250 membres et leur demander comment ça allait, si elles avaient besoin d’aide. Puis, avec l’application zoom, les formations reprennent et on enseigne même comment faire soi-même ses produits de nettoyage et de désinfection ! »

Et le 15 août, Avante a pu rouvrir ses portes et recevoir des femmes, mais seulement 6 à la fois. « L’isolement reste un problème majeur, conclut Gayl Rhicard. »

Maison de la Famille des Frontières : dompter l’inquiétude

La COVID a fragilisé des familles qui n’étaient déjà pas si fortes. Annie Boulanger dirige la Maison de la Famille des Frontières de Bedford. Elle affirme que ce ne sont pas de nouveaux problèmes que la COVID a créés, mais surtout de nouvelles inquiétudes.

« Dois-je envoyer mon enfant à l’école ? Est-ce que l’on va suspendre ma PCU ? Comment m’arranger pour l’épicerie ou le déménagement ? Comment me déplacer s’il n’y a plus de taxis et que les garages sont fermés ? Voilà les sources récurrentes d’inquiétude qui revenaient au moment où les mesures sanitaires étaient les plus strictes. »

L’anxiété a baissé d’un cran quand on a appris que la prestation fédérale aux familles (allocation canadienne pour enfants) a été bonifiée. « Il y a eu un gros soupir de soulagement de la part de nos familles, souligne Annie Boulanger. »

Reste que transport et nourriture sont toujours un souci central pour les familles. Et reste que pour la Maison, briser l’isolement est l’obsession principale. « Pour le transport et la nourriture, nous avons des ententes avec le Centre d’action bénévole (CAB) de Bedford et environs, et ça nous aide beaucoup, insiste la directrice. Quant au contact de base, il nous fallait à tout prix garder notre travailleuse de proximité. Nous avons eu des sous de Centraide et nous sommes assurés qu’elle restera jusqu’au 31 mars 2021. »

Le CAB de Cowansville, IGA et la COVID

Le Centre d’action bénévole (CAB) de Cowansville a une banque alimentaire depuis 25 ans et, depuis 8 ans, IGA lui offre ses invendus – fruits, légumes ou viande. Les bénévoles du CAB les ramassent et les distribuent à ceux qui en ont besoin.

Cependant, quand la pandémie a frappé, à la mi-mars, les personnes âgées, confinées chez-elles, ne pouvaient plus passer ramasser leurs boîtes de nourriture à la banque alimentaire. « Comment nourrir ces gens, s’est demandée Nathalia Guerrero Velez, coordonnatrice aux activités du CAB ? Nous recevions plus de cent appels par jour, le besoin était criant.

« C’était déchirant parce que, d’un côté, IGA souhaitait faire sa part, mais n’avait pas le personnel requis pour effectuer toutes les livraisons. Or, nous, au CAB, nous avions les bénévoles. On a formé deux équipes, au total soixante personnes et plus, et on a organisé une procédure avec les gens d’IGA. »

Ça fonctionne comme ceci : la personne âgée appelle chez IGA, qui prend ses coordonnées et les transmet au CAB. On rappelle cette personne dans le besoin et on prend sa commande téléphonique. Les bénévoles assemblent la commande chez IGA et paient. Puis, ils livrent. Les aînés confinés reçoivent ainsi leur commande sans risque pour leur santé.

Et où a-t-on trouvé tous ces bénévoles ? Eh bien, il y avait Stéphane Marcoux et Pleins Rayons. Pleins Rayons est un atelier de réparation et d’entretien de vélos où des jeunes atteints de déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre de l’autisme apprennent à travailler et à le faire en équipe. Or, voilà : pandémie et donc, fermeture de l’atelier. Du coup, ces jeunes ont fait savoir qu’ils voulaient aider. Ça tombait bien !

Après le déconfinement, IGA et le CAB se sont demandé s’il ne serait pas possible de préserver ce service, compte tenu de son excellent fonctionnement durant le confinement. « Nous avons passé avec IGA une véritable entente d’économie sociale, explique Nathalia Guerrero Vélez. D’une part, nos bénévoles prennent la commande de chez eux, la placent sur un fichier Excel et l’envoient chez IGA, qui se charge de l’assembler et de la livrer. L’épicerie nous remet un certain montant d’argent pour chaque commande reçue de cette manière. »

En outre, les bénévoles du CAB tissent des liens avec la clientèle aînée au fil des échanges téléphoniques. D’autres besoins se font jour, restés sans réponse du fait de l’isolement. « Nos bénévoles peuvent ainsi référer notre clientèle âgée à d’autres organismes qui interviennent selon les besoins et selon leurs spécialités. »

Briser l’isolement des aînés, encore, évidemment.

 

 

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