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- Des nouvelles de Saint-Armand -

Entrevue avec la mairesse

Entrevue avec la mairesse

Caroline Rosetti, mairesse de Saint-Armand ; Crédit : Alain Marillac

Je suis à Saint-Armand depuis peu. Puisque nulle intégration ne se fait sans prendre le pouls du village, le premier lundi de mon premier mois d’adoption, je prenais place sur une chaise inconfortable pour assister à l’assemblée du conseil municipal comme une bonne partie des villageois. Ce soir-là, j’ai reconnu dans la mairesse une jeune femme avec laquelle j’avais parlé la veille dans ma rue alors qu’elle promenait ses enfants. Jeune, sympathique, souriante et dynamique. Je l’observais désormais dans son rôle officiel avec curiosité et j’ai aimé son style : direct, clair, documenté et respectueux de chacun. Bref ! Après trois conseils j’avais envie d’en savoir plus sur la personne derrière la fonction. Je voulais voir la mairesse, mais surtout la femme et comprendre ses motivations, saisir son énergie alors qu’elle s’apprête à mettre au monde un quatrième enfant.

Du coup, elle prenait une identité que j’avais ignorée jusque-là : Caroline Rosetti élue en août 2019 avec 384 voix contre 197 par près de 56 % de la population. Le tout avec un crédo bien défini : « faire des changements positifs, travailler en équipe et avoir une belle cohésion au sein du conseil pour qu’on puisse avancer. Le but est d’avoir un nouveau regard, un nouveau départ. » Génial ! Mais quelle est la personne qui désire s’astreindre à ça ? Elle m’a répondu sans détours.

Elle a baigné dans la politique locale grâce à son grand-père, Raymond Rosetti, puis à son père, Jean. Une imprégnation de jeunesse qu’elle laisse derrière elle durant sa scolarité, à Sherbrooke notamment. Période d’études ouverte sur le monde, nourrie de voyages et de découvertes sur près de huit ans. Puis la rencontre amoureuse, le mariage, le désir de se perpétuer dans un contexte aussi agréable que possible.

Son époux étant souvent sur les routes, quoi de mieux, en 2012, que le retour aux sources, retour au « clan », à la famille et à l’école Jean-Jacques-Bertrand de Farnham, où elle a fait ses classes et où elle pose à nouveau ses cartons. Comme professeur au secondaire trois, elle a l’habitude des jeunes de quinze ans, de leurs crises, de leurs contradictions et de leurs fragilités. Le portrait craché de ce qui se brasse en politique. Alors, pourquoi pas. Elle revendique des idées bien à elle.

« À titre personnel, j’aime travailler pour ce que je désire. Je cherche un endroit harmonieux, qui va être attrayant et qui va m’offrir les choses que je veux. Alors c’est dans cette optique-là que, avec le temps, je me suis intéressée à la politique, où je pourrais faire des changements. Je suis une femme d’action, je voulais du concret, agir. »

En novembre 2017, elle devient conseillère à Saint-Armand. Elle va non seulement mettre au monde des enfants rapprochés, mais aussi accoucher d’elle-même dans un univers prédestiné. Elle assume son travail de prof, son implication de mère et d’épouse, et ses obligations de conseillère. Pas sûr que beaucoup résisteraient à ce régime.

Une fois au conseil, elle découvre les contradictions de la communauté. En gros, permettez-moi la métaphore de la recette de cocktail qu’imagine Marcel Pagnol pour César* : on trouve un tiers de gens qui veulent la paix en bordure du lac, un tiers d’agriculteurs dont certains lorgnent du côté bio, un tiers d’artistes et de vignerons, puis un tiers de personnes tournées vers l’avenir et rêvant d’un Saint-Armand uni. Quatre tiers utopiques qui rassemblent plus ou moins 1220 personnes attachées à leur propre identité. Saint-Armand, qui existe depuis 1748, date de création de la seigneurie de ce nom sous le régime français, est riche d’un beau potentiel de prospérité, pour peu qu’on lui donne une chance de le développer.

En 2019, la démission du maire Brent Chamberlin et d’un conseiller force la tenue d’élections. Caroline Rosetti saisit sa chance de briguer la mairie. « Mon but, mon mandat, c’est de détruire les barrières entre les différents secteurs de Saint-Armand afin que tous en bénéficient. »

La candidate innove en faisant campagne sur Facebook, une stratégie qu’elle entend poursuivre pour garder le contact avec les citoyens répartis sur un vaste territoire. Elle remporte son pari. « C’est sûr que c’était un souhait. Ça a été une campagne harmonieuse, j’avais un bon adversaire, un collègue, un conseiller, avec qui je m’entendais bien. »

Côté projets, elle tient à ce que la fête locale demeure au cœur du village de Saint-Armand avec, notamment, l’apport des élèves de l’école. L’été, les Festifolies se tiendront toujours au bord du lac, car c’est un décor dont il faut profiter. Pour le reste du territoire, la mairesse désire qu’on se penche sur la manière de bonifier le secteur, promouvoir les centres d’intérêt tels que l’agriculture de proximité, les marchés publics, les auberges. L’agrotourisme peut compléter aisément la route des vins. Ajoutons à cela : randonnées bien balisées et itinéraires vélo sécurisés. « On a un beau gros diamant, il faut le polir ! »

À peine quatre mois après son élection, Caroline Rosetti s’accroche à la réalité et mise sur le futur. « Je n’aime pas parler sans agir. Je tiens à garder le contact avec la population et les projets, notamment avec le développement secteur riverain autour du quai, un projet qui a évolué au fil des réunions de la Société de développement de Saint-Armand. »

Pour elle, « l’idéal est un groupe de quatorze personnes, employés et élus compris, capables de répondre à toutes les demandes et de servir toute la population. »

Dans les six mois qui suivent leur élection, les conseillers reçoivent une formation obligatoire sur l’éthique et leur rôle au sein du conseil. Toutefois, selon Caroline Rosetti, une formation plus complète serait souhaitable. On pourrait aussi suggérer aux élus de consulter le code municipal (voir l’encadré) afin de mieux comprendre en quoi consistent leur rôle et leurs responsabilités. La mairesse mise sur les personnes motivées, imaginatives, créatrices et tournées vers l’avenir. Les groupes d’intérêt sont nombreux et si les vieux ancrages résistent, comme à toutes les époques, l’adaptation et l’innovation sont les seules pistes possibles en réponse à l’effritement.

« Je me tiens disponible, mais étrangement, peu de personnes viennent me voir. J’affectionne le direct, la vraie rencontre. Et puis j’aimerais impliquer les jeunes dans la communauté pour qu’ils se sentent appartenir à Saint-Armand ou au moins à la région. Pourquoi pas les consulter à l’occasion d’une soirée pizza, pour savoir ce qu’ils désirent réaliser vraiment ? » L’unité au sein du conseil changera la donne. C’est elle qui permettra la réflexion et la mise en place de ses visions d’élue.

Dans les yeux de Caroline Rosetti, j’ai vu les hésitations, les fragilités, mais aussi la force et la certitude d’être là où elle doit être. Désormais, je sais qu’elle peut parvenir à ses buts. Elle a même organisé les choses pour la période de son accouchement en avril. Certes, il y aura une personne en intérim à la mairie, mais la technologie prendra aussi le relais : « Je n’aurai aucune difficulté à rester connectée à l’action et je serai de retour en juin à 100 %. »

La politique provinciale ou fédérale l’intéresserait-elle éventuellement ? Pourquoi pas ministre, dans une vingtaine d’années ? L’avenir le dira. « Je ne suis pas prête. Pour le moment, je m’en tiens à ce que j’ai à faire ici. Je ne me suis pas fixé d’autre objectif. À ce jour, j’aimerais simplement avoir un mandat complet à la mairie. Quatre ans pour pouvoir mener les projets à terme. »

* Dans cet extrait de la pièce Marius de Marcel Pagnol, César donne à Marius sa recette des quatre tiers : « Tu mets d’abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c’est joli. Et à la fin, un GRAND tiers d’eau. Voilà. »

 Le Code municipal

Le Code municipal du Québec est une loi québécoise qui encadre et normalise le fonctionnement des municipalités rurales du Québec. Sa dernière refonte majeure a été effectuée en 1916 et s’applique à quelque 880 municipalités. On peut en consulter la version actuellement en vigueur, mise à jour en décembre dernier, à l’adresse suivante :

Code municipal, décembre 2019

Les municipalités qui ont un statut de ville, comme Bedford et Dunham, sont plutôt régies par la Loi sur les cités et villes :

Loi sur les cités et villes, décembre 2019

Si vous avez des questions au sujet de l’interprétation de ces lois ou si vous désirez obtenir des éclaircissements concernant leur application, que vous soyez élu(e) ou simple citoyen(ne), vous pouvez solliciter les lumières d’un conseiller du Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec, qui se fera un plaisir de vous aider :

Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec

Direction générale de la Montérégie (région 16)

201, place Charles-Le Moyne, bureau 403, Longueuil (Québec) J4K 2T5

450 928-5670, Dr.Monteregie@mamh.gouv.qc.ca

 

 

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