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- Gens d'ici -

Benoit Labonté, neuroscientifique, de Bedford à New-York

Éric Madsen

Le cerveau est le plus fondamental et le plus mystérieux des organes, l’essence même de l’humain. Quand on sait que le cerveau humain contient environ 100 milliards de neurones connectés à environ 10 000 synapses, on a de la difficulté à imaginer la complexité de notre filerie cervicale. Organe des plus complexes, notre cerveau est un laboratoire de recherche depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours, faisant presque l’unanimité des chercheurs : effectivement le cerveau est l’organe de contrôle du corps et le siège de l’âme.

Benoit, 31 ans, petit gars de Bedford, petit-fils du docteur Adrien Tougas, est aujourd’hui docteur en neuroscience. Diplômé de McGill en 2012, son doctorat spécialisé dans les mécanismes moléculaires lui a ouvert les portes de l’école de médecine du Mont Sinaï de New-York, haut lieu de la recherche en neuroscience sur la planète, la mecque internationale des chercheurs.

La neuroscience désigne l’étude scientifique du système nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement, depuis l’échelle moléculaire jusqu’au niveau des organes, comme le cerveau, voire l’organisme tout entier. Apparues à l’origine comme une branche de la biologie, les neurosciences ont rapidement évolué vers un statut plus interdisciplinaire qui les situe aujourd’hui à la croisée des sciences biologiques, médicales, psychologiques, chimiques, informatiques et mathématiques.

Marie-:Ève, Gabrielle, Benoit et William (photo : ric Madsen)

Le grand-père n’est pas étranger au choix de carrière de Benoit, qui se rappelle les discussions et l’encouragement qu’Adrien prodiguait dans le verger familial.

De grands noms canadiens figurent parmi l’élite des chercheurs. Pensons au Dr Wilder Penfield qui, en 1934, fonde l’Institut neurologique de Montréal, au Dr Herbert Henri Jasper, premier canadien à utiliser, en 1939, l’électroencéphalogramme pour examiner l’activité électrique cérébrale.

Des découvertes majeures ont étés réalisées par des Canadiens. En 2003, une équipe de recherche a identifié une molécule associée à la douleur neuropathique. Cette découverte pourrait mener à de nouvelles façons de traiter la douleur chronique. En 2006, une équipe de recherche de l’Université de la Colombie-Britannique fait une découverte révolutionnaire qui pourrait mener au traitement de la maladie de Huntington. En 2007, des Canadiens découvrent un gène associé à la maladie d’Alzheimer.

Benoit cherche quoi exactement ? Pour simplifier, disons qu’il cherche à réparer des brisures dans le cerveau. Comment trouver le remède neurologique pour une personne ayant vécu un stress traumatique ? Les victimes d’accidents graves, d’agressions, de viols, d’abus, vivent tous en majorité avec des séquelles posttraumatiques. Trouver l’endroit précis du cerveau qui permettrait une réparation. Découvrir les mécanismes organiques du cerveau qui ne répondent plus ou qui sont déréglés afin qu’au bout du compte, un patient ne souffre plus. En ce moment, Benoit expérimente sur des souris. Il est capable de leur induire la dépression. Il cherche le mécanisme qui va permettre au cobaye de revenir à son état antérieur. Il analyse l’hippocampe des sujets, étudie l’épigénétique qui est l’ensemble des mécanismes qui régulent l’expression des gênes sans affecter la séquence de l’ADN. Bref, comme il le dit lui même, il travaille comme un fou, de 60 à 70 heures par semaine dans un établissement à la fine pointe de la technologie toute concentrée dans le même bâtiment. Son patron, chef de département, et mentor, Eric Nestler, l’un des meilleurs chercheurs en neuroscience au monde, qui peut compter sur des ressources financières uniques au monde, supervise les travaux de Benoit. Ses moyens d’investigation sont divers, mais l’imagerie cérébrale (IRM) constitue un outil désormais incontournable.

Quand Benoit n’est pas dans son labo en train de triturer le cerveau de ses souris, ou de suivre une conférence d’éminents collègues, ou d’écrire pour une revue spécialisée, ou de courir dans les rues de Manhattan, il est chez lui à l’intersection de la 97e rue et de Madison Avenue, avec son épouse Marie-Ève Gravel, son fils William et sa fille Gabrielle. Afin de décompresser un peu, une sortie en famille dans Central

Park, à deux coins de rue, est salutaire pour tous. Vivre intensément dans une mégalopole qui n’arrête jamais demande une bonne dose d’adaptation et de courage, mais lui procure un stimulus intellectuel incomparable.

C’est à ce moment qu’il se pince sans doute un peu, réalisant toute la chance qu’il a eue d’être d’une famille en partie vouée à la médecine. Sa mère Christine, son oncle Gervais, son grand-père Adrien ayant chacun à leur façon pris soin du genre humain. Benoit est aussi l’arrière-petit-fils de Paul-Omer Roy, chercheur et pionnier de la pomiculture québécoise. Quand les atomes crochus se mêlent à l’ADN des gènes… le résultat est parfois surprenant.

Durant les rares vacances, Benoit embarque sa petite tribu dans une fourgonnette louée, direction Bedford. Le contraste entre ses deux mondes est parfois déstabilisant. New-York, la ville où tout roule à vitesse grand V, et Bedford, la petite ville de province en mode stationnement. N’empêche, Benoit est heureux de retrouver les siens, de décompresser ailleurs que dans le béton, le béton,  de faire des marches silencieuses dans le verger de grand-père.

Un jour il se promet de revenir s’installer ici, de reprendre racine dans la communauté d’où il est venu, et de redonner. Il voudra alors transmettre tout son savoir aux générations futures, enseigner ses recherches. Mais pas avant d’être retourné dans son laboratoire, de creuser encore plus loin dans l’infiniment complexe, et de trouver l’aiguille dans la botte de foin.

On ne peut donc que lui souhaiter bonne chance à ce petit gars de Bedford et être fier de lui. Et qui sait, il pourrait nous revenir avec une découverte majeure dans le domaine très particulier de la neuroscience, et pourquoi pas un Nobel…

Pour ceux qui veulent pousser plus loin la lecture sur les recherches de Benoit, allez sur le site www.pubmed.com, là où plusieurs de ses publications se trouvent.

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