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- Des nouvelles de la Baie Missisquoi -

Aménagement de cours d’eau inédits au nord de la baie Missisquoi

Anthoni Barbe avec la collaboration de Paulette Vanier

Les travaux de cours d’eau de la branche 46 du ruisseau Morpions consistent à aménager un chenal à deux niveaux et à stabiliser la berge avec des panneaux de cornouillers.

En novembre, nous avons procédé à des travaux agricoles inédits au Québec dans la branche 46 du ruisseau Morpions situé à Sainte-Sabine, un affluent de la rivière aux Brochets qui, elle-même, se jette dans la baie Missisquoi. Ce réaménagement des cours d’eau permettra entre autres de réduire la fréquence d’entretien et d’améliorer la qualité de l’habitat aquatique de ces terres agricoles.

Des cours d’eau entretenus aux 25 ans plutôt qu’aux 15 ans

Au fil du temps, les sédiments provenant des terres agricoles finissent par combler le lit des cours d’eau qui les drainent. En temps de crue, ces sédiments, qui sont souvent enrichis de phosphore, se retrouvent en partie dans la baie Missisquoi, ce qui aggrave l’eutrophisation de ses eaux.

Ce processus consiste en un enrichissement excessif de l’eau en phosphore et en matières organiques, lequel favorise l’apparition de cyanobactérie (algues bleues) et, à long terme, a pour effet de transformer le lac en étang. Pour parer à cette situation, il est généralement nécessaire d’entretenir les cours d’eau agricoles tous les quinze ans, histoire de les débarrasser de leurs sédiments. Or, les travaux effectués dans la branche 46 devraient permettre de n’y revenir que dans 25 ans.

Le chenal à deux niveaux

La technique employée est relativement simple : on creuse un chenal à deux niveaux dont la partie haute recevra les sédiments en cas de crues, tandis que le chenal proprement dit permettra de concentrer l’écoulement. En outre, la pente des fossés est adoucie et végétalisée grâce à l’installation de panneaux composés de cornouillers stolonifères qui, en s’enracinant, contribueront à stabiliser les berges.

 

Panneaux de cornouillers le long de la rive du chenal à deux niveaux. On observe aussi les sorties de drains nouvellement aménagées et, derrière, les amoncellements de terre et de sédiments provenant du lit du cours d’eau.

L’importance de la participation des producteurs agricoles

Les producteurs riverains ont renoncé à une partie de la superficie de leur terre agricole dans le but que soit aménagée une bande riveraine qui fait plus de 5 mètres de largeur et s’entend sur 5,7 kilomètres. Cette mesure permettra de protéger le cours d’eau et de diminuer les apports en sédiments.

Le projet fera l’objet d’un suivi hydrométrique par Aubert Michaud, chercheur de l’IRDA (Institut de recherche et de développement en agroenvironnement), qui s’assurera de l’efficacité des travaux. La gestion des sédiments est un enjeu primordial en milieu agricole puisque, tel que mentionné précédemment, ce sont ceux que les eaux emportent depuis les terres agricoles laissées sans couvert végétal qui dégradent la qualité des cours d’eau avoisinants. On estime que, en milieu agricole, ce qui est le cas de la plaine au nord de la baie Missisquoi, la sédimentation provient à 80 % des terres agricoles.

Sédiments en suspension provenant de terres argileuses (à droite) et de terres noires (à gauche) dans différentes branches de cet affluent du ruisseau Morpions

Heureusement, les bonnes pratiques agricoles qui permettent d’éviter que le sol reste à nu se répandent de plus en plus. Ainsi, le semis direct, la culture de couverture ou encore la culture intercalaire, permettent de maintenir un couvert végétal sur le sol même après la récolte, ce qui favorise sa rétention en cas de pluie à l’automne et au printemps.

Partenariat OBVBM/MRC

Depuis 2016, l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi accompagne les producteurs agricoles dans l’instauration de pratiques agroenvironnementales visant la conservation des sols et le contrôle des eaux de ruissellement dans les bassins versant des cours d’eau entretenus par la MRC Brome Missisquoi. En effet, la participation de ces derniers est essentielle à la pérennité des travaux d’entretien des cours d’eau.

Le suivi hydrologique du projet a été réalisé dans le cadre de la Démarche d’innovation sociale pour l’expérimentation d’infrastructures vertes en milieu urbain,  agricole et montagneux, dans Brome-Missisquoi et financé par le Fonds vert dans le  cadre de Climat municipalités-Phase 2, un programme du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques découlant du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques. L’accompagnement des producteurs agricoles, pour sa part, a été financé par le MAPAQ, la MRC Brome-Missisquoi et l’OBVBM.

 

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