Le minuscule village de Pigeon Hill, un quartier de Saint-Armand, ne compte que quelques maisons, une église fermée en permanence, sauf pour la messe de minuit annuelle, une vieille station-service qui rappelle celle d’un film dont le nom m’échappe, un couple de potiers, ainsi qu’une toute petite galerie de photos. Mais il abrite aussi d’illustres personnages qui en font un endroit remarquable. Christian Marcotte, cultivateur d’ail biologique, est l’un d’eux. Mon voisin, qui, comme par magie, se retrouve inévitablement au même endroit que moi, le nomme Monsieur Super Bio Ail du fait que Christian cultive cette plante de la famille des liliacées depuis une bonne dizaine d’années et qu’il en maîtrise tous les secrets.
À notre première rencontre, Christian nous a offert une dégustation d’ail. Surpris par cette approche non conventionnelle, mais curieux de connaître ce fameux produit local, nous n’avons pas hésité. Un doux sourire aux lèvres, l’homme a coupé à l’aide de son canif une fine tranche dans une gousse juteuse. En la croquant, j’ai eu l’impression que je n’avais jamais mangé d’ail de ma vie et pourtant, ce condiment fait partie de mon alimentation depuis toujours. Mais ce jour-là, j’ai goûté à ce qui se fait de mieux dans le genre et ma perception de la chose a été transformée à jamais. Oprah dirait que j’ai eu un Aha ! Moment !, une véritable révélation culinaire. Il peut sembler bizarre de faire tout un plat avec une petite gousse d’ail, mais il faut y goûter pour le comprendre. Et puis, quand on y pense, on emploie plus souvent qu’autrement l’ail dans nos préparations de tous les jours. La vinaigrette, par exemple, ne peut s’en passer.
L’ail de Christian Marcotte est velouté, fondant et tendre, mais il garde cette pointe d’amertume qui lui est propre avec, en prime, un soupçon de fraîcheur. Et nous voilà presque en extase devant un bulbe blanc aux effets cardiovasculaires non négligeables, puisqu’il fait baisser le taux de cholestérol, augmentent la fluidité du sang et quoi d’autre encore…
L’ail permet aussi de cultiver les relations, car mon cher voisin s’est noué d’amitié avec une jeune famille de Pike River qui, à la mi-juillet de chaque année, participe avec des dizaines d’autres à la grande corvée de cueillette de l’ail dans les champs de Christian. On apprend alors les rudiments de cette culture, on passe une journée à donner un coup de pouce et, en soirée, on se rassemble autour du super méchoui offert à tous ces bénévoles en guise de remerciement. À la fin de cette expérience, on n’a même plus le goût de demander à Christian pourquoi il a choisi cette culture, car on se rend compte que cela va tout simplement de soi.
Velouté à l’ail
4 portions
8 gousses d’ail, écrasées
2 pommes de terre moyennes, pelées et coupées en gros morceaux
1 oignon, haché grossièrement
1 poireau, coupé en morceaux
1 ½ c. à soupe d’huile d’olive
2 3/4 tasses de bouillon de poulet
2/3 de tasse de lait
Sel et poivre fraîchement moulu
Chauffer l’huile à feu moyen dans une casserole. Y faire suer les oignons, le poireau et l’ail jusqu’à ce qu’ils commencent à s’attendrir. Ajouter les pommes de terre et le bouillon, et porter à ébullition.
Baisser le feu à doux et laisser mijoter, à couvert, environ 20 minutes ou jusqu’à ce que les pommes de terre soient tendres.
Réduire le mélange en purée au robot ou au mélangeur. Ajouter le lait. Saler et poivrer au goût, et réchauffer le velouté quelques minutes.