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- Chronique de mon terroir -

Le buzzzz show des Pettigrew

Marc Thivierge

 Photo : Johanne Ratté

C’est avec un grand sourire bienveillant que Carole Pettigrew nous a reçus pour une visite à la « miellerie ». Déjà qu’on ne regrettait nullement le détour, la balade étant très agréable. Rien de plus simple que de se rendre au royaume du miel des Pettigrew : à partir du village de Frelighsburg, on prend le chemin Richford jusqu’à l’adresse civique 173. Chemin faisant, on aura passé Le Clos Saragnat et, plus haut dans la montagne, Le Domaine Pinnacle. Une courte excursion qui, par un jour ensoleillé, élève littéralement les esprits.

Dans sa jeunesse, Pierre, le conjoint de Carole, a voulu faire l’expérience de garder quelques ruches. Les abeilles l’ont fasciné. Les hyménoptères l’attiraient davantage que les troupeaux de bovins à viande ou de vaches laitières de ses parents. Pour lui, ces petites bêtes qui vivent dans un monde souverainement aseptisé et produisent un des nectars les plus prisés au monde, représentaient le monde du merveilleux. Dans sa petite enfance, il croyait sans doute, comme bien d’autres, que les abeilles apportaient à la ruche le miel qu’elles trouvaient dans les fleurs, ce qui est aussi farfelu que de croire que la terre est plate ! De son côté, le grand Einstein disait que la vie sur terre s’éteindrait en moins de quatre ans sans le travail de pollinisation des abeilles. Pour soutenir cette affirmation, l’ami Jules, vous savez, le grand magicien du boudin du bistro de Philipsburg, m’a affirmé avoir, un printemps, emprunté une ruche à un ami apiculteur, pour ensuite voir son potager et ses platebandes littéralement redoubler de santé et d’abondance.

Trente années et 210 ruches  plus tard, Pierre, Carole et leurs abeilles produisent différents miels qui se déclinent en une multitude de saveurs subtiles, comme notre séance de dégustation nous a permis de le constater. Comme le vin, chaque miel révèle sa personnalité : fleurs sauvages, bleuet, trèfle, sarrasin, pommier, framboisier ou centaurée, chacun est unique en son genre.

Le nectar dégage un parfum spécifique aux fleurs dont il provient. Plus le miel est foncé, plus il est corsé. Il est néanmoins remarquable de voir que la couleur ambrée du miel de fleurs de framboises n’empêche pas celui-ci d’être suave et subtil, et surtout, plus long en bouche que les autres que nous avons dégustés ce jour-là. Tandis que le blond du miel de centaurée mire exactement son apparence. Son goût vif, clair et léger en fait le produit idéal pour la confection de baklavas ou de fines gâteries. À l’opposé, l’arôme discret du miel de sarrasin cache une saveur puissante et boisée qui  fait merveille sur les crêpes du dimanche matin. Entre les deux, le fameux miel de bleuet du Nouveau-Brunswick. Chaque année, les Pettigrew expédient cinq douzaines de ruches pour polliniser les fleurs d’une bleuetière située dans cette province. Elles reviennent portant un miel unique au goût juste assez prononcé et bien équilibré.

En discutant avec les Pettigrew, on réalise que l’humain utilise tout ce que l’abeille fabrique : des substances aux vertus antiseptiques, aux capacités antibiotiques et énergisantes, aptes à revitaliser le système immunitaire et à harmoniser la digestion. La gelée royale et le pollen sont utiles pour redonner du tonus et remettre sur pied en cas de maladie. Les abeilles produisent également une cire à partir des bourgeons et de la résine des arbres et des arbustes. On s’en sert pour fabriquer des bougies, bien sûr, mais aussi pour l’entretien des meubles en bois. Contrairement aux chandelles communes, ce produit naturel est exempt de pétrole. Quant aux opercules (membranes de cire qui recouvrent les alvéoles des abeilles), ils permettent d’élaborer des savons aromatisés, relaxants pour le corps. Il reste à espérer que nos abeilles québécoises ne seront pas trop affectées par des parasites comme la mouche Apocephalus borealis ou la mite Varroa qui déciment actuellement des colonies entières aux États-Unis.

Si vous passez par la ferme des Pettigrew et que personne ne vous répond, vous pourrez quand même vous procurer un ou plusieurs de leurs miels, car ils sont offerts sur un modeste présentoir installé à l’extérieur. Dans la petite boîte qui fait office de caisse, on peut échanger des dollars pour des pièces avant de reprendre son chemin. Tout bonnement… et muni de délicieux nectars.

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