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- À tire-d'aile -

Le bruant des neiges

Jean-Guy Papineau

L’hiver dernier, j’étais stationné en bordure du chemin Saint-­Henri et j’observais des alouettes hausse-col avec ma lunette d’approche. Une voiture s’arrête derrière moi : c’est un de mes amis de Montréal qui vient faire de l’observation dans la région et qui me demande si j’ai vu des plectrophanes dernièrement. Il y avait bien longtemps que j’avais entendu ce nom, que les ornithologues donnaient jadis au bruant des neiges.

Tandis que nous discutons, un groupe d’une trentaine de bruants des neiges passe en vol au-dessus de nous et se pose à une cinquantaine de mètres. Nous les observons attentivement quelques secondes, puis une voiture passe et le groupe repart en direction du champ. Ils vire­voltent et reprennent la direction de la route pour se poser un peu plus loin, répétant ce manège dès qu’un véhicule approche.

Ces petits passereaux blancs tachetés de noir sont de la taille d’un moineau. Très grégaires, ils sont facilement repérables le long des routes car ils viennent s’y nourrir lorsque la neige est abondante dans les champs. Ils se rassemblent en groupes d’une dizaine, voire de plusieurs centaines d’individus. L’hiver, on différencie le mâle de la femelle par son croupion blanc et son plumage plus blanc. En période de nidification, le mâle arbore une tête, une poitrine et un croupion tout blancs, le dos et le bout des ailes étant noirs. La femelle porte des raies grises et blanches sur la poitrine. La nuit venue, ils sont moins grégaires et dorment seuls au sol dans un champ, à l’abri du vent ; même s’il fait très froid, ils gardent une distance minimale de 30 centimètres entre eux, peu désireux de se blottir les uns contre les autres.

Le bruant des neiges se nourrit de graines d’aster et de verge d’or durant l’hiver ainsi que de diverses graminées. Il est possible de l’attirer près de votre maison en lui installant des mangeoires. Pour ce faire, vous devez habiter dans un endroit ouvert près d’un grand champ.

Migrateurs, les bruants des neiges qui vivent en Amérique hivernent dans le nord des États-Unis et dans le sud du Canada. Leur habitat d’hiver ressemble beaucoup à leur site de nidification : de grands espaces dénudés. Ils nichent dans l’extrême nord de la province, le pourtour de la baie d’Ungava et le long de la côte jusqu’à la pointe la plus au nord. En période de reproduction, ils sont aussi présents dans l’Arctique circumpolaire. Fait intéressant, les mâles arrivent sur les lieux de nidification environ un mois avant les femelles. Pour réussir à survivre, ils doivent presque doubler leur poids avant de repartir vers le nord, car là-haut la neige et le froid sont encore présents à leur arrivée. Le nid est construit au sol dans une anfractuosité rocheuse ou entre les pierres d’un monticule, à une profondeur d’environ 30 centimètres. Fait de mousse et d’herbe, il est tapissé de poils et de plumes. La femelle pond généralement de 4 à 7 œufs d’une couleur blanc grisâtre à blanc bleuâtre et marqués de petites taches brunes. L’incubation dure environ 13 jours et commence lorsque le dernier œuf est pondu. Seule la femelle s’occupe du nid. Les jeunes quittent le nid avant même de savoir voler. Environ 50 % des nids sont détruits par des prédateurs, principalement le renard arctique et l’hermine. Les oiseaux qui survivent viendront nous visiter à leur tour, l’automne venu.

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