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Quand toutou dérange

Paulette Vanier

Chien qui aboie sans cesse, chien errant qui détruit vos plates-bandes de fleurs, chien qui mord, le « meilleur ami » de l’homme se transforme parfois en une nuisance détestable quand ce n’est pas un véritable danger public. D’où l’intérêt de l’éducation canine.

Selon les résultats d’un sondage réalisé par Léger Marketing pour le compte de l’AMVQ (Association de médecine vétérinaire du Québec en pratique des petits animaux) en 2013, 24 % des foyers québécois possédaient au moins un chien. La province en abriterait donc environ 978 000. C’est donc en moyenne une habitation sur quatre qui en compte au moins un. Compte tenu de cette densité, il n’est pas étonnant que les chiens présentent divers problèmes, que ce soit à leurs maîtres ou aux voisins, aux piétons, aux cyclistes et aux automobilistes.

Il sera question de diverses autres problématiques canines dans un prochain numéro, mais dans celui-ci, nous nous pencherons sur les aboiements intempestifs puisque, selon Carl Girard, éducateur canin et fondateur de la SPA des Cantons, 60 % des plaintes concernant les chiens ont trait aux aboiements excessifs et 70 % de celles-ci sont légitimes. Soulignons que Monsieur Girard est mandaté par plusieurs municipalités de la région pour intervenir auprès des propriétaires d’animaux domestiques en cas de problème.

D’ailleurs, la plupart des municipalités se sont dotées d’un règlement municipal concernant spécifiquement ce point. Sa formulation peut varier légèrement d’une région à l’autre mais, en gros, on peut y lire qu’est considéré comme une nuisance le fait, pour le gardien d’un animal, de le laisser aboyer, hurler ou faire du bruit de façon à ce qu’une personne raisonnable soit incommodée.

En cas de non-respect du règlement, les autorités ont prévu des amendes allant de 100 $ à 1000 $ pour une première infraction et de 200 $ à 2000 $, pour une seconde (commise au cours des 12 mois subséquents). Cependant, Carl Girard, qui est habileté à dresser contravention dans les municipalités où il en a le mandat, affirme que c’est rarement nécessaire. « Je donne d’abord un avis verbal, puis, si nécessaire, un avis écrit. » La contravention ne viendra que s’il n’y a aucun changement. « Les gens comprennent le bon sens. On leur explique le problème. On leur donne des trucs pour gérer les aboiements. »

Cependant, il n’y a pas que les voisins qui se plaignent. Souvent, ce sont les propriétaires de l’animal eux-mêmes qui se disent incommodés par ses jappements, mais ne savent comment régler le problème. D’ailleurs, pourquoi un chien jappe-t-il et comment le faire taire ?

« Le chien jappe de manière excessive soit parce que ses maîtres ne s’en occupent pas, soit parce qu’ils le provoquent, soit parce qu’il est anxieux, explique Carl Girard. Dans ce dernier cas, c’est son environnement qui est la cause de son anxiété. Un chien vient rarement au monde anxieux. L’ennui est l’une des principales raisons des aboiements. Le chien attaché dans le fond de la cour n’a aucun contact physique, aucun contact social. Donc, aussitôt qu’il voit quelque chose, il s’excite et sa manière d’exprimer son excitation, c’est de japper. Il faut repenser toute notre manière de voir cet animal : est-ce qu’un chien attaché au fond de la cour a une belle vie ? Je ne le pense pas. Ses maîtres doivent se demander pourquoi ils ont un animal. » Pour éloigner les cambrioleurs, peut-être ? « Je serais curieux de connaître les statistiques sur le cambriolage. Combien de gens en sont victimes dans leur vie ? On va mettre un animal dans une condition de vie qui frôle l’esclavagisme pour le 0,03 % de risque qu’on se fasse cambrioler. C’est complètement ridicule. »

Selon lui, la manière la plus simple de faire cesser les aboiements consiste à projeter sur le museau du chien un jet d’eau à l’aide d’un petit pistolet à eau, le genre de gadget à 1,79$ ! « Quand il jappe, vous lui dites d’abord “Non !”, puis lui envoyez un jet d’eau. Vous répétez la chose aussi souvent que nécessaire. » Et s’il jappe quand son propriétaire est absent ? « Quand il est seul, c’est souvent l’anxiété qui pousse le chien à japper. Je conseille alors aux gens de garder un jouet juste pour cette situation. Quand ils partent, ils lui donnent son jouet ; quand ils reviennent, ils le lui enlèvent et le rangent. » Le chien sera occupé et, donc, moins anxieux. Mais il faut le lui enlever systématiquement dès le retour et ne le lui redonner qu’au moment de repartir.

Et la cage ? « La cage, c’est très bon aussi. Ça rassure le chien. Il faut toutefois faire en sorte qu’elle soit agréable, par exemple en lui donnant son jouet quand il s’y trouve. Personnellement, je conseille l’os de bœuf. C’est super efficace ! On lui donne dans sa cage au moment de partir, on le reprend au retour. Par contre, je déconseille fortement les colliers automatiques (à la citronnelle ou qui délivrent des chocs électriques), c’est-à-dire qui se déclenchent en réaction aux aboiements. Le chien qui aboie cherche à exprimer quelque chose et si on l’empêche tout le temps de le faire, il devient anxieux. Et qui dit chien anxieux, dit souvent chien agressif. »

L’idéal serait bien sûr de laisser Fido libre, mais d’autres ennuis risquent alors de survenir : il pourrait, par exemple, se retrouver sur la rue ou la route et se faire frapper par une voiture ou provoquer un accident grave. Quant à clôturer son terrain, ce n’est pas toujours possible, particulièrement s’il est de grande taille. Dans ce cas, Carl Gingras conseille l’enclos :

« Avec l’enclos, il y a moins de risques de blessure que si le chien est attaché. De plus, il se sent moins prisonnier et risque moins de japper. On vend des enclos à 200$. Il suffit ensuite de mettre l’équivalent de 20$ de céramique autour pour empêcher l’animal de creuser. »

Et si, malgré ces conseils, votre chien continue d’aboyer et de vous incommoder, de même que vos voisins, vous pouvez vous tourner vers les cours d’éducation canine. Selon l’animal, et surtout son ou ses maîtres, il ne faut souvent que quelques séances pour régler un problème de comportement.

En effet, Frédéric Labbé, maître-chien professionnel de l’école de dressage Brigade canine, expliquait, dans un article publié le 10 mars 2014 dans La Presse que « pour ce type d’interventions, le taux de réussite est de 96 % ».

« À mon école d’éducation canine*, poursuit Carl Girard, je travaille 90 % avec l’humain et 10 % avec le chien. Souvent, je ne touche même pas à l’animal. C’est l’humain que j’éduque. Une fois qu’on donne au chien un chemin à suivre, il va le suivre. Les gens pensent que c’est très difficile d’éduquer un chien, mais ce n’est pas le cas. C’est l’humain qui est censé diriger le chien. Une fois qu’il sait comment faire, c’est facile. »

« Je fais d’abord une évaluation gratuite. Je pose des questions à ses maîtres, observe comment ils se comportent avec leur animal, puis rédige un rapport de quatre pages. Ensuite, je propose aux clients divers scénarios à expérimenter à la maison avec leur chien. » Cette approche graduelle permet d’apprendre à l’animal à changer de comportement sans créer chez lui des problèmes psychologiques d’une autre nature.

 

*Il s’agit de l’école ÉducOchien, située au 409 rue de la Rivière, à Cowansville, dans le même bâtiment que la SPA des Cantons.

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