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- COVID-19 et son impact -

La COVID et la rentrée scolaire

Confiance malgré les inquiétudes
Guy Paquin

Fin août, à la veille de la rentrée scolaire, la haute direction du Centre de services scolaires Val-des-Cerfs se disait très confiante que tout se passerait pour le mieux malgré le contexte de pandémie. « Nous avons le personnel pour faire face à la musique et nos enseignants et enseignantes ont la formation requise ainsi que l’entrainement en cas d’éclosion » affirmait M. Éric Racine, directeur général du Centre.

Expliquant que le personnel enseignant et les directions d’écoles avaient eu une répétition générale au début et à la fin mars derniers lors de l’apparition de cas de COVID et d’éclosions, il ajoute : « On a eu à gérer tout ça déjà et nous savons quoi faire. De plus, en mai nous avions beaucoup de personnel en restriction à cause de la maladie, ce qui n’est pas le cas pour la rentrée. »

Y a-t-il suffisamment d’enseignants pour encadrer les 16 762 élèves du secteur « jeunes » ? À ce sujet, nous avons reçu une note adressée par la direction des ressources humaines qui répondait à la question du manque potentiel de personnel enseignant et qui se lit comme suit : « À court terme, notre plus grande source d’inquiétude pour le début de l’année est au niveau du personnel de soutien. Certains enseignants non légalement qualifiés (NLQ) risquent d’être embauchés pour quelques contrats seulement. Nous pouvons pour le moment nous compter épargnés à ce niveau pour reprendre les paroles de notre directeur général : nous vivons une rareté plus qu’une pénurie. »

Il faudrait combien d’enseignants touchés par la COVID pour que l’on passe de la rareté à la pénurie ? Mystère pour l’instant.

Un syndicat inquiet

« Faut pas se leurrer, résume Alina Laverrière, présidente du syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska. Quand on nous dit que nous avons pu vivre une répétition générale au printemps, c’est inexact. En mai et juin, les écoles secondaires étaient fermées et du personnel était donc disponible pour aider au télétravail, pour la surveillance en classe au primaire pendant les récrés et à l’heure du lunch. Ce n’est plus le cas à la rentrée de septembre. »

Selon elle, d’autres conditions ont aussi changé : « En mai et juin, le nombre moyen d’élèves par classe (le ratio élèves par prof, pour reprendre le terme technique) était moindre. En septembre on revient au ratio normal, soit, au primaire, 26 élèves par classe. À cet âge, au primaire, et à ce nombre, le maintien de la distanciation est impossible. » Quant à la rareté ou à la pénurie de personnel, elle  exprime un sérieux doute. « Sur le terrain, les profs parlent de pénurie. Ils disent manquer de ressources spécialisées pour les élèves en difficulté. »

Pourtant, le 17 août dernier, le ministre Jean-François Roberge annonçait une enveloppe de 20 millions de dollars pour le rattrapage scolaire et l’aide aux devoirs, soit l’équivalent de 350 professionnels. « C’est insuffisant pour toute la province, estime Alina Laverrière. » Quant à la direction des ressources humaines du Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs, on écrivait ceci, toujours dans une communication écrite dont nous avons eu copie : « Pour ce qui est du fameux 20 millions… toujours pas de nouvelles de notre côté, nous sommes en attente de confirmation ministérielle et d’enveloppes budgétaires. »

Le 17 août, Manon Dufour, directrice du Centre de services scolaire des Draveurs, dans l’Outaouais, estimait elle aussi que ces 20 millions ne feraient pas de différence. Elle confiait à Radio-Canada que son service scolaire ne recevrait que quelques centaines de milliers de dollars ce qui, d’après elle, est insuffisant.

 Où est le plan pour la rentrée ?

 Au début de septembre, le plan officiel pour la rentrée et les situations d’urgence n’était toujours pas disponible. La direction des ressources humaines à Val-des-Cerfs l’attendait encore.

On a allongé 1,3 million de dollars depuis avril pour acheter 3 000 portables et on parle de virage technologique en cas de deuxième vague ou d’éclosions importantes, mais comment tout ça fonctionnera-t-il ? On ne le sait pas. Aux ressources humaines, on écrivait : « Nous avons tous entendu le ministre dire que nous devrions nous “revirer” en 24 heures s’il advenait une fermeture, mais nous cherchons comment organiser le tout. »

Le Journal a contacté cinq directions d’écoles de la région immédiate pour connaître leur degré de préparation au cas où la COVID obligerait la Santé publique à retourner les enfants à la maison. Comment s’organiserait l’enseignement à distance ? Une seule direction d’école a répondu et ce, sous le couvert de l’anonymat. Voici son commentaire : « Ça reste à organiser. Le Centre de services doit nous aiguiller bientôt (le fameux plan d’urgence à déposer deux semaines après la rentrée) mais, pour ma part, je préférerais que l’enseignement à distance, si on en vient là, soit centralisé en utilisant les ressources de tout le territoire plutôt que les maigres ressources de chaque école. Mes profs, dans mon école, sont déjà très pris. »

Cette direction reconnaît toutefois que les professeurs sont mieux préparés qu’auparavant à l’enseignement à distance. « Notre groupe d’enseignants et d’enseignantes est bien plus efficace pour manier les outils en question. »

N’empêche, à la base, on s’inquiétait lors de la rentrée parce qu’on attendait toujours le plan d’urgence. « On a eu de mai à août pour préparer ce fameux plan, déplore Alina Laverrière. Quatre mois, et on l’attend toujours. »

 Silence radio imposé

Quand j’ai demandé aux directeurs et directrices des écoles de notre région si le personnel était prêt pour la rentrée, une de ces personnes a immédiatement communiqué avec la direction des communications de Val-des-Cerfs pour faire savoir qu’un journaliste cherchait à lui parler !

Paméla Blouin, coordonnatrice aux communications, m’a expliqué que les directeurs et directrices avaient instruction de ne pas parler aux journalistes en attendant la rentrée. « Ils sont très occupés avec la rentrée et n’ont pas le temps de vous parler. » On m’a donc demandé de ne pas chercher à communiquer avec les directions d’écoles.

Chose étrange, une de ces personnes a pris le temps de répondre à mes questions à peine 24 heures après mon appel (effectué avant la consigne de ne pas communiquer avec les directions). On peut donc penser que cette personne avait un peu de temps pour les journalistes, contrairement à ce qu’affirmait Paméla Blouin.

Il y a tout lieu de se demander pourquoi on considère que les directeurs et directrices de nos écoles sont assez responsables pour prendre en charge leur personnel et leurs élèves, mais pas assez futés pour parler aux journalistes. On rêve du jour où on laissera ces gens-là décider par eux-mêmes s’ils ont le temps de parler aux journalistes et quoi leur dire.

La situation au Québec et en Armandie au début d’octobre

Dans l’ensemble du Québec, les réseaux scolaires publics et privés comptent quelque 1,3 million d’élèves et plus de 200 000 employés(enseignants et autres). Le 1er octobre,1716 élèves et 425 employés avaient reçu un diagnostic de COVID-19, pour un total de 2141 cas déclarés depuis la rentrée et aucun décès n’avait été rapporté. Aucune des écoles de l’Armandie n’était touchée à cette date.

 

 

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