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- Agroforesterie -

L’agrile du frêne 

Quand le frêne tousse, la forêt tremble
Mathieu Voghel-Robert

Agrilus planipennis

Depuis quelques années, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) lutte contre un petit coléoptère, l’agrile du frêne. Les autorités américaines l’avaient découvert quelques années plus tôt dans le Michigan. Depuis la traversée en 2002 de cet indésirable venu d’Asie, les autorités sont sur les dents. « En Amérique du Nord, l’agrile tue toutes les espèces de frênes », affirme Pierre Therrien, biologiste au Ministère des Ressources naturelles et de la faune (MRNF). Ce sont des millions de frênes du sud-ouest de l’Ontario, du Michigan et des états limitrophes qui ont été ravagés par le parasite. Pour limiter la propagation, un décret ministériel a instauré des zones de quarantaine dès qu’on l’a découvert.

Le niveau d’alerte a été relevé le 6 juillet dernier quand des frênes attaqués par l’agrile ont été découverts à l’extérieur de la zone de quarantaine de la région d’Ottawa. « Des restrictions de déplacement des matières de bois réglementées seront mises en place sur les propriétés touchées et les propriétaires seront avisés.

D’autres mesures réglementaires seront envisagées dès la conclusion des enquêtes de dépistage actuellement entreprises pour l’année », annonce un communiqué de l’ACIA.  Il est surprenant de voir l’Agence canadienne d’inspection des aliments mener cette bataille, cet insecte ne constituant aucune menace pour la santé humaine, encore moins pour l’alimentation, mais les insectes exotiques font partie du mandat de l’agence fédérale. « Disons que les impacts sociaux et économiques sont très importants et les répercussions vont outre frontière », explique le biologiste du MRNF.

Au Québec, il y a deux zones de quarantaine. Une qui englobe la ville d’Ottawa et qui déborde sur l’autre rive et la ville de Gatineau. En 2008,

c’est à Carignan que l’insecte a été découvert. La zone de confinement s’étend sur les municipalités de Carignan, Chambly, Saint-Mathias-sur-Richelieu, Saint-Basile-le-Grand et Richelieu. Dans ces zones, le transport des produits du frêne y est interdit. « Aucun frêne ne peut sortir, surtout que l’homme est le principal vecteur de propagation de l’agrile », confirme M. Therrien. C’est par le bois de chauffage, les billes, les copeaux et les plants de pépinière que l’insecte voyage le plus vite.

« Ça prend 1 à 2 ans avant de voir les frênes dépérir, se désole Pierre Therrien. À ce moment-là, il est déjà trop tard. » C’est pourquoi l’insecte fait autant de ravages. Il pond ses œufs entre l’arbre et l’écorce. Ce sont les larves qui font le travail de démolition en creusant des tunnels pour se nourrir. Le mieux c’est d’avertir l’Agence canadienne d’inspection des aliments dès que vous constatez que des frênes dépérissent.

Des campagnes d’information ont lieu dans les zones en quarantaine, mais l’ACIA sollicite tout le monde. L’Agrilus planipennis est un petit coléoptère vert métallique très beau, d’environ 16 mm de longueur. « Le problème c’est que beaucoup d’insectes du Québec lui ressemblent sans s’attaquer aux frênes, souligne le biologiste. Il faut vraiment être un expert pour faire la différence. » Au moindre doute, contactez l’agence.

Aux États-Unis et en Ontario, plusieurs chercheurs tentent de trouver une solution à l’invasion. Des prédateurs sont activement recherchés, puisqu’aucun de ceux d’ici ne semble apte à contrôler la population d’envahisseurs. Des chercheurs américains étudient la possibilité d’introduire trois espèces de prédateurs naturels provenant de Chine. Ils vérifient si le prédateur se reproduit et s’il attaque l’agrile. Les chercheurs doivent prendre soin de ne pas introduire une espèce qui menacera l’équilibre de la biodiversité. « Il y a peut-être un ennemi actif, mais ce n’est pas suffisant pour réduire la population d’indésirable », affirme Pierre Therrien. Des scientifiques ontariens étudient aussi la possibilité de recourir à des champignons pour éliminer les agriles de nos forêts.

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