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Saint-Armand d’hier à aujourd’hui

Histoire du Central Vermont
Lise F. Meunier

Note de la rédaction

Philippe Fournier, qui a longtemps tenu la bijouterie de Bedford, offre son dernier livre à la population de Saint-Armand. Un geste généreux qui permet à la municipalité d’y mettre du sien en offrant un exemplaire gratuit de l’ouvrage à chaque foyer de Saint-Armand. Le livre Saint-Armand d’hier à aujourd’hui. Histoire du Central Vermont sera lancé le 18 février, à 14 heures, à l’hôtel de ville de Saint-Armand, au 414 chemin Luke (la vieille gare récemment restaurée). La population y est gracieusement invitée. Les résidents de Saint-Armand pourront repartir avec leur exemplaire sur présentation d’une preuve de résidence (un exemplaire par adresse civique). Les Armandois qui ne pourront se présenter au lancement pourront se procurer leur exemplaire en se présentant au bureau municipal avec une preuve de résidence. L’ouvrage sera vendu pour la somme de 15$ aux non-résidents, qui pourront se le procurer à l’hôtel de ville.

Philippe Fournier a, pour sa région, une véritable passion et se fait donc un grand plaisir de nous en raconte l’histoire, dont celle du « chemin de fer qui fit en même temps l’épopée de la gare de Saint-Armand, cet arrêt obligé de l’important trajet Montréal-Boston ».

Après la publication fort remarquée de La gazette des paysans en 2013, il publie de nouveau, à compte d’auteur, un récit fascinant de trois cent trois pages dans lequel on retrouve la description autant de structures légendaires que des personnalités marquantes de l’époque : la seigneurie, le village, l’homme derrière le projet américain, l’homme derrière le projet canadien, la gare, sa transformation en hôtel de ville, les gares du Central Vermont en aval, l’embranchement Philipsburg-Stanbridge Station, les statistiques commerciales, municipales, démographiques, sans oublier un imposant survol des minutes municipales de 1894 à 1999.

À six ans, Philippe Fournier est à bord de la Ford familiale (1940) quand il voit  un convoi du Central Vermont entrer dans la gare de Stanbridge Station. Cette première impression muée en un souvenir inoubliable nous porte à travers le récit et les photos des personnages et des bâtiments ; le noir et blanc participe à l’ambiance que colorent les bruits des locomotives, les vapeurs et les fumées, les ordres des chefs de gare, les conversations des passagers et des porteurs.

L’auteur nous rappelle les différentes étapes de cet important chemin de fer qui, grâce à la circulation des personnes et des biens entre Montréal, Boston et New York, en passant par Saint-Jean et Saint-Armand, assura une  large part du développement de la région. Il a regroupé ses recherches en « trois histoires », la première portant sur les variations territoriales de la seigneurie de Saint-Armand.

Trois dates retiennent l’attention : le 23 septembre 1748, Nicolas-René Levasseur, constructeur des vaisseaux de sa majesté au Canada, entre en possession de la seigneurie ; 1842, la détermination de la frontière canado-américaine au 45e parallèle nord, « …détacha  de la seigneurie de Saint-Armand les deux tiers de sa superficie originale, au profit de l’état du Vermont ». Imaginons un instant les effets de cette ligne imaginaire ! Cependant, au printemps 1861, les citoyens apprennent qu’il y aura « …implantation prochaine d’un chemin de fer, …l’ultime raffinement dans le transport des gens et des biens ».

Dans la deuxième histoire, la gare devient un personnage en soi. Le 4 janvier 1849, la Compagnie de chemin de fer de Montréal et Vermont fait l’acquisition du terrain où la gare sera érigée ; cinq autres transactions (1863 et 1864) permettront d’acquérir les lots et parties de lots nécessaires à l’installation complète de la ligne. L’auteur retrace les différentes vocations de la gare de Saint-Armand qui ont contribué à sa survivante : station ferroviaire de 1864, édifice de la douane, bureau de l’immigration, Caisse populaire,  bureau de poste et hôtel de ville actuel.

Monsieur Fournier considère que la troisième phase du récit, c’est l’actualité du bâtiment inauguré en 1864 ; celui-ci présente un intérêt tel qu’il a pu être restauré et retrouver ses caractéristiques originelles, abriter à nouveau l’hôtel de ville et recevoir éventuellement le titre d’« édifice patrimonial ».

Il  importe aussi de savoir que « …l’histoire de la compagnie ferroviaire Central Vermont se déclina en deux phases intimement liées et simultanées, l’une américaine, la seconde canadienne, puisque l’action se déroulait quotidiennement des deux côtés de a frontière commune ».

John Gregory Smith, « l’homme derrière le projet américain », était le fils de John Smith, banquier de St. Albans et directeur d’une compagnie ferroviaire. John Gregory dirigea le Central Vermont de 1858 à 1891. Suite à une entente inhabituelle, il « …cumula les présidences du Vermont Central et de la Compagnie de Chemin de Fer de Jonction Montréal et Vermont… On rapporte qu’il augmenta et modernisa sa flotte de locomotives, reconstruisit des ponts et des gares, dont celle de St. Albans, sa ville préférée.

« Malgré ses succès, Gregory Smith… n’était point satisfait de devoir utiliser, par branchements, la route tortueuse de Swanton à Rouses Point, pour atteindre Montréal. »

« Ainsi prit forme la troisième phase du projet de construction d’une voie ferrée… plus directe… empruntant les terrains plus dociles de la plaine orientale du lac Champlain et à proximité de la rivière Richelieu. »

L’Honorable (Sir) Robert Jones, « l’homme derrière le projet canadien », s‘installa d’abord à Bedford en 1823 et devint un important propriétaire immobilier. Impliqué dans la direction de la compagnie à l’origine du premier train québécois (Saint-Jean-Laprairie, 1836), il n’est pas étonnant de le retrouver comme « pétitionnaire principal de la charte obtenue en 1849 en vue de la construction de la section canadienne du tronçon Saint-Jean-Iberville… » La Compagnie de chemin de fer de Montréal et Vermont a d’abord été nommée Vermont and Canada Railway, puis Vermont Central et enfin Central Vermont, nom qui lui est resté jusqu’en 1932, quand elle fut absorbée par le Canadien National.

Monsieur Philippe Fournier a mené cette recherche avec un vif intérêt, malgré les choix difficiles qu’impose un tel sujet. Il nous faut souligner sa très grande patience : en plus de la consultation de tous les documents officiels, il a concocté un savoureux babillard du village à partir des journaux français et anglais de 1863 à 1953 ainsi qu’un survol des minutes municipales, de 1894 à 1999, présentées en 70 séances de lectures, à l’hôtel de ville même ! Merci !

Bonne lecture à toutes les personnes passionnées par l’histoire et le patrimoine d’ici.

 

 

 

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