On parle trop peu de la place des femmes dans notre société. On croit parfois que les combats qu’elles ont menés relèvent d’une autre époque. Que l’égalité entre les hommes et les femmes est une chose acquise, ou presque. Bref, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cependant, malgré une ouverture d’esprit grandissante sur le sujet, les chiffres ne sont pas très positifs. Ou si peu. Les statistiques, puisqu’il faut toujours y revenir pour avoir le pouls d’une certaine réalité, révèlent que la place des femmes est loin d’être acquise dans notre société. C’est pourquoi, dans tous les domaines, en tous lieux, il y a encore des questions à (se) poser.
Quelle place occupent les femmes dans nos vies professionnelles ? Quels sont les rôles qu’elles tiennent ou qui leur sont accordés ? Dans quelles proportions agissons-nous selon des dynamiques « genrées » ? Que faisons-nous, quotidiennement, pour favoriser l’équilibre entre les sexes dans notre société ? Pourquoi certains hommes se sentent-ils menacés par le féminisme ? Comment apprendre à changer de regard et à ne pas confondre « aplatissement des différences entre les sexes » avec « égalité entre les sexes » ?
Tant de questions qui révèlent la dimension « inconsciente » de cette problématique. Si, encore aujourd’hui, la place réservée aux femmes dans certains milieux est périphérique, voire marginale, ce n’est pas tant parce qu’elles sont absentes mais, bien souvent, parce qu’on leur refuse la légitimité qui leur revient. Le monde dans lequel nous vivons est encore bien imprégné des « veilles façons de faire et d’être ».
Ainsi, dans le chapitre « Pourquoi y eut-il aussi peu de femmes artistes ? » de l’ouvrage Être artiste. Les transformations du statut des peintres et des sculpteurs, Nathalie Heinich avance que la hiérarchie a toujours privilégié les carrières masculines, de sorte que les femmes, même si elles sont parfois étonnamment présentes, ne passent pas à la postérité. Autrement dit, en arts comme ailleurs, la place des femmes relève du rapport général entre les sexes qui, traditionnellement, restreint l’autonomie de celles-ci en réduisant la portée de leurs actions. On se souviendra en ce sens de George Sand, le pseudonyme masculin qu’utilisait Amandine Dupin dans le but de se faire publier…
Ces réflexions et ces questionnements sont incontournables pour changer notre regard et, donc, nos façons de faire. À l’heure où la misogynie ventripotente vient de prendre le pouvoir de l’autre côté de la frontière, à l’heure où des atrocités sont encore commises contre des femmes et ce, jusque dans les campus universitaires, à l’heure où la publicité nous vend des modèles d’hommes et de femmes stéréotypés et complètement décalés de la vie quotidienne, il faut faire preuve de vigilance pour ne pas creuser davantage l’écart entre les sexes ici même au Québec et, plus encore, il faut construire avec enthousiasme cette société où l’égalité entre les hommes et les femmes est garante de la qualité de notre avenir collectif.
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