Jonathan Benoît et Christian Guay-Poliquin
Les dieux ont-ils à voir là-dedans ? ou, qu’est-ce que les dieux ont à voir là-dedans ?
On ne sait trop pour quelle raison, mais un jour le mauvais sort trébuche sur nous. Oui, il trébuche. Comment voudriez-vous qualifier autrement le malheur. Dans le cas d’un incendie, par exemple, les flammes ne sont pas le fruit du hasard. Non. Elles proviennent directement des confins de l’enfer, lancées par le diable parce qu’il n’a pas mis la main devant sa bouche avant d’éternuer ou, ce peut être Zeus qui maladroitement a échappé la foudre et court-circuité un fil dans le plafond.
Je parle ici de dieux, mais je parle surtout de l’impuissance à laquelle nous faisons face dans de pareils cas. Et quoi que l’on fasse, le jour où ça survient on n’y peut rien, bien que nous l’ayons souhaité autrement.
Comment réagir quand le destin embrase une maison et dévore les efforts d’une vie entière ? Certains implorent la bonté des dieux, mais lorsqu’ils lèvent les yeux vers les cieux ils n’y voient qu’un ciel sourd et sombre. D’autres sont sidérés et une fois leurs esprits retrouvés, ils n’ont qu’envie d’injurier la vie pour cette injustice. D’autres restent cois, espérant que leurs larmes éteindront l’incendie. Quelle que soit la réaction, nous sommes toujours impuissants quand le destin œuvre.
Une fois la danse diabolique des flammes terminée et qu’elles quittent la scène, ne laissant derrière elles qu’un monticule de souvenirs carbonisés, que faire ? Que faire alors qu’un sinistre silence consume le temps qui brûle les secondes s’écoulant main dans la main du fatum ? Bien peu de choses. À présent, il faut se faire une raison et recommencer de nouveau.
Mais il est difficile de se faire une raison quand on ne sait pas s’expliquer ces choses-là et que la science ne nous est d’aucun recours. C’est pourquoi, nous les humains, nous inventons des dieux ; le malheur nous paraît moins insignifiant. En tout cas, on peut se consoler d’une chose à propos de ces dieux, c’est qu’avec cette histoire ils doivent avoir le visage plein de suie et ils y penseront à deux fois avant de commettre une maladresse.