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Pèlerinage à Saint-Kevin

Les humeurs d’Armand
Armand de Saint-Armand

Illustration : Robert Lussier

Il y a exactement 831 km Gaspésie, situé sur la baie des Chaleurs, un endroit de villégiature qui convient à des vacances « made in Québec ».

Quelle splendeur que de franchir en la découvrant la vallée de la Matapédia ! La verdure nous rappelle le Vietnam, et ses pics nous remémorent les Rocheuses canadiennes. Et il y a aussi la rivière de la Matapédia qui serpente dans cette région magnifique nous conduisant vers ce petit patelin sympathique qui est Carleton-sur-Mer.

Face à cette baie des Chaleurs, il y a un barachois, c’est-à-dire un bassin d’eau salée qui convient à la baignade et au camping. Des sentiers de randonnée pédestre et des endroits pour faire du kayak nous réservent des moments choyés.

Surgit alors une marina qui nous servira de sanctuaire et de décor à une anecdote farfelue… Nous avons deux gendres, boute-en-train qui se jouent mutuellement des tours, histoire d’aiguiser leur présence d’esprit.

« L’un » d’eux nous revient du café de la place avec le journal de la région qui arbore une photo de Kevin Parent en page couverture. La photo est autographiée.

« L’autre » enregistre l’information, et le hasard fait qu’en fin de journée, à la brunante, il se retrouve à la marina avec un bateau au moteur capricieux qui le laisse échoué de l’autre côté du quai. Il doit nécessairement se faire remorquer, et il part à la recherche d’un bon Samaritain. Il aperçoit un type dans un zodiac, qui revient de la marina ; il lui demande s’il ne lui serait pas possible de le remorquer. Il s’agit de Kevin Parent. Il le remercie pour l’autographe. Kevin lui réplique qu’il n’a jamais signé d’autographe au café car il n’y a pas mis les pieds récemment.

Quand « l’autre » revient et confronte « l’un » à sa supercherie en lui indiquant qu’il avait perdu la face, « l’un » se trouve devant un dilemme où la réalité dépasse la fiction. Qui et quoi croire ? Son visage devient un tableau sur lequel se manifeste l’incrédulité.

Un autre épisode de la saga de « l’un et l’autre », qui nous ramène à Kevin Parent et à son plus récent

disque Un loup affamé sans croc affrontant l’hiver infernal.

Aux trois ténors classiques Pavarotti-Domingo-Carreras, nous pourrions ajouter les trois ténors acadiens ou bilingues que sont Zachary Richard, Daniel Lanois et Kevin Parent. Ce dernier y va d’accents à la Neil Young et à la J.J. Cale : le folk des bayous vous murmure ses rumeurs qui tendent vers la vérité cachée…

Open House Blues nous souhaite la bienvenue au festival de blues de Carleton-sur-Mer. Nous allons y découvrir des artistes locaux comme Old Fashioned Morphine de Sherbrooke-Drummondville , q u i côtoient une chanteuse connue mais mésestimée du nom de Shemekia Copeland. Deux coups de cœur agrémentés d’un coup de foudre.

Cette chanson de Kevin est portée par la slide guitare acoustique et sa voix rocailleuse et suave. Nous lui avons demandé de répondre à son énigme du temps de La jasette. « Y reviendras-tu ou y reviendras-tu pas ? » « Oui, il reviendra », nous a-t-il confié.

Pour celles et ceux qui aimeraient connaître la réponse à des énigmes, nous portons à votre attention deux lectures délicieuses et informatives sur les péripéties de la vie.

D’abord Shantaram, de Gregory David Roberts, qui nous plonge dans l’inconnu de l’Inde moderne. C’est l’histoire d’un évadé de prison, tout comme l’auteur, qui s’incorpore à la vie indienne, autant chez les défavorisés qui sont souvent les plus heureux que chez les déviants qui bénéficient de toutes les formes de contrebande. Un aperçu du tissu social qui mène le monde ; des réflexions brillantes sur la condition humaine ; un chef de pègre mystique et généreux ; surtout une avalanche d’épisodes aussi surprenants les uns que les autres. Si vous aimez John Irving, G.D. Roberts vous plaira.

La sombra del viento, de Carlos Ruiz Zafon, nous confie à l’ombre du vent : c’est le destin hétéroclite d’un livre et de son auteur. Un livre retrouvé au Cimetière des Livres Oubliés. Ce livre de Julian Carax suit ce fil de vie qui souffle, qui laisse des ombres et des cités construites sur les ruines du passé. Un secret sera révélé seulement au lecteur. Beaucoup d’humour relancera cette tragédie : des histoires superposées à la Paul Auster où apparaissent des tournants rocambolesques. Barcelone de 1900 à 1966 sert de décor à cette histoire d’amour, de haine et de rêves.

Fantômes de la réalité ou fantômes de nos absurdes illusions se heurtent où un inspecteur à la Colombo mais de manière diabolique œuvre dans un scénario à la David Lynch…

Carleton-sur-Mer est synonyme de bonne compagnie et de bons moments ; elle mérite d’être citée avec Saint-Armand au chapitre de l’hospitalité.

Pour terminer, nous aimerions recommander le disque éponyme des Liars aux lecteurs qui aiment leur rock surprenant, incisif et mélodieux ; une petite coche au-dessus du dernier Manu Chao, qui est lui-même très bon.

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