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Grand ménage à la frontière

Jean-Pierre Fourez

Pour Janick Leclerc et Christian Mathieu, employés d’Arboriculture de la Beauce, la déchiqueteuse n’a plus de secrets. (Photo : Jean-Pierre Fourez)

Cet automne, notre frontière avec nos voisins du sud a été l’objet de soins particuliers car, pour être bien délimitée, elle doit être soigneusement entretenue, libre d’obstacles et de végétation. C’est pour cela que Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (Direction générale des approvisionnements) organise tous les 8 à 10 ans une immense opération de nettoyage de notre frontière avec les États-Unis en collaboration avec les services américains. Ce n’est pas une mince affaire que d’entretenir ce long corridor de plus de 8 000 kilomètres de long sur 6 mètres de large dont au moins 2 000 km de bois, forêts et broussailles.

Pour cela, des appels d’offres sont lancés sur Internet et de nombreuses compagnies de déboisement présentent des soumissions, et celles qui sont retenues se voient attribuer une portion géographique de la frontière à nettoyer. Pour la campagne d’entretien 2010, ces contrats sont estimés à une valeur moyenne de 2 à 3 000 $ du kilomètre, car la topographie de la section attribuée joue un rôle important. En effet, nettoyer une traversée de prairie n’a pas le même coût que déboiser un flanc de montagne. Ces contrats sont partagés entre compagnies canadiennes et compagnies américaines.

Pour la région de Brome-Missisquoi, qui inclut Saint-Armand, c’est la compagnie Arboriculture de la Beauce qui a obtenu le contrat pour la zone de 53 km qui court du lac Champlain jusqu’à Mansonville. Son directeur, M. Denis Rancourt, explique que les exigences sont élevées et les opérations très encadrées. Au dire de M. Rancourt, la durée du chantier est limitée de la fin septembre au 19 novembre avec une possibilité de prolongation pour certains territoires où la chasse à retarder les travaux. Ensuite intervient le choix de la vingtaine d’hommes qui seront scrutés à la loupe (passeport, moralité, antécédents judiciaires, etc.). M. Rancourt a su s’entourer d’employés fiables et compétents. Il explique que, pour être efficace et rentable, la logistique des travaux est assez complexe. Plusieurs équipes de 2 ou 3 hommes sont déployées sur le terrain et « ça prend plus qu’un taille-bordure pour faire la job ! » La machinerie est très importante et nécessite du matériel simple comme les tronçonneuses, les élagueuses et les débroussailleuses mais aussi de l’équipement lourd tels que tracteurs à chenillettes et des déchiqueteuses qui réduisent en copeaux des arbres jusqu’à 6 pouces (15 cm) de diamètre. Il faut être bien équipé et bien organisé, dit M. Rancourt, mais ça en vaut la peine.

SURVEILLANCE ET SÉCURITÉ

On peut se demander si ce grand branle-bas est justifié. Oui, semble-t-il, car il ne s’agit pas simplement d’une opération esthétique mais plutôt d’un moyen de faciliter la surveillance du territoire. Traditionnellement, l’amitié canado-américaine faisait que depuis des lustres aucune méfiance ne s’exerçait de part et d’autre et que les petits trafics locaux ne mettaient pas en péril la sécurité nationale.

Aujourd’hui (9/11 oblige), les autorités américaines sont devenues plus frileuses face à la menace terroriste, à l’immigration clandestine et au commerce de la drogue.

Des moyens considérables et de plus en plus sophistiqués ont été mis en place, comme la surveillance aérienne et les censeurs que la frontière canadienne est considérée par nos voisins comme une véritable passoire ! Le récent épisode de restriction des horaires et la probable fermeture du poste de Morse’s Line en est une manifestation.

Nous n’en sommes pas encore rendus à la situation de la frontière États-Unis-Mexique mais l’état d’alerte permanent qui prévaut actuellement frise parfois la paranoϊa. C’est, paraît-il, un mal nécessaire pour que nous vivions en sécurité, et nous, résidents du bord des lignes, avons appris à vivre avec.

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