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Efficacité de la lutte contre le crime à Saint-Armand

Pierre Charlebois

Statistiques tirées du Rapport Annuel de gestion de la Sûreté du Québec 2005-2006 et Tableau de bord du Poste MRC Brome·Missisquoi (2006·2007)

L’analyse des statistiques présentées dans le Rapport annuel de gestion de la Sûreté du Québec soulève des questions sur l’efficacité d’un service qui coûte 181 521 $ à la municipalité de Saint-Armand. Le tableau qui suit résume les données pour les crimes contre la personne (p. ex. : agression, abus sexuel), les crimes contre la propriété (p. ex. : vol avec effraction, vandalisme, incendie criminel) et les autres crimes (p. ex. : possession et trafic de drogue, infraction au code de la route, infraction aux lois provinciale et municipale). Le tableau présente les données par catégorie pour les 10 territoires desservis exclusivement par la Sûreté du Québec (SQ), les territoires desservis exclusivement par un service de police municipal (SM) et la municipalité de Saint-Armand (Saint-Armand). La partie gauche du tableau présente les pourcentages moyens (2003-2006) de crimes rapportés et la partie droite, les pourcentages moyens de crimes résolus pour la même période.

Comparaison des crimes rapportés

L’analyse des crimes contre la personne montre un pourcentage plus élevé (26,8 %) pour les terri­toires SM que pour les territoires SQ (19,6 %) et beaucoup plus bas pour Saint-Armand (10,9 %). Ces différences pourraient s’expliquer par une plus grande densité de population dans les territoires SM, qui incluent les plus grandes villes du Québec (Montréal, Laval, Québec). L’étalement de la population sur un territoire plus vaste à Saint-Armand semble appuyer cette hypothèse (6 crimes contre la personne sur 55)

L’analyse des crimes contre la propriété révèle qu’il y a deux fois moins (38,8 %) d’infractions sur les territoires SM que sur les territoires SQ (69,5 %) et à Saint-Armand (60 %).

L’analyse des autres crimes montre que le pourcentage est plus élevé à Saint-Armand (29,1 %) que sur les territoires SQ (10,9 %) et les territoires SM (20 % ). Les infractions criminelles liées à la circulation expliquent le pourcentage plus élevé à Saint-Armand (9 sur 16 en 2006-2007).

Comparaison des crimes résolus

L’analyse des crimes con­tre la personne résolus montre que le taux de résolution pour Saint-Armand (66,7 %) est inférieur à celui des territoires SQ (88,9 %) et des territoires SM (87,6 %). Le fait que les victimes peuvent identifier leur agresseur expliquerait le taux de résolution plus élevé de ce type de crime. Le taux plus faible de résolution à Saint-Armand pourrait s’expliquer par le fait que les données fournies par le poste de la SQ Brome-Missisquoi sont plus récentes (2006-2007) et que le processus judiciaire pourrait ne pas être complété.

Le taux de résolution des crimes contre la propriété pour les territoires SQ (20 %) et pour Saint-Armand (15,2 %) est significativement inférieur à celui des territoires SM (53,2 %). Selon l’analyse effectuée par la direction de la Sûreté du Québec, ce faible rendement s’expliquerait par le fait« … qu’il est plus difficile d’enquêter sur des crimes quand les infractions ne sont pas rapportées au moment où elles se produisent ou parce qu’elles sont souvent commises en l’absence de témoin ou dans des lieux isolés … » (p. 44).

Le taux de résolution des autres crimes est similaire pour les territoires SQ (83,8 %) et pour les territoires SM (87,7 %). Un taux plus faible à Saint-Armand (50 %) s’expliquerait par le fait que certains dossiers ne sont pas encore fermés.

Conclusions

1)     Les principaux crimes commis à Saint-Armand sont des crimes contre la propriété (33 sur 55).

2)     La Sûreté du Québec est moins efficace à résoudre ce type de crime parce qu’il est plus difficile de trouver des indices et identifier les délinquants.

3)     Les services de police municipaux sont plus efficaces à prévenir ce type de crimes (33,7 %de moins) et à les résoudre (33,2 % de plus).

Ces données confirment que la meilleure stratégie de prévention proposée par les criminologues depuis près de 30 ans (voir références bibliographiques ci-dessous) demeure l’augmentation de la surveillance des lieux, l’information donnée à la population pour l’aider à mieux se protéger et l’augmentation chez les citoyens de la certitude que les lois sont appliquées. La surveillance de quartier pose un défi particulier à Saint-Armand compte tenu de l’étalement des résidences sur un vaste territoire. La meilleure protection serait, à mon avis, l’installation d’un système d’alarme relié à une centrale et l’intervention rapide du service d’incendie comme premier répondant en attendant l’arrivée de la SQ. La sirène et les gyrophares ont un effet dissuasif certain sur l’activité des cambrioleurs.

Références bibliographiques

Clarke, R. V. G. et Mayhew, P. (1980). Designing out crime. Londres. UK : Her Majesty Stationary Office.

Le Blanc, M. et Morizot, J. (2000). « Trajectoires délinquantes, commune, transitoire et persistante : une stratégie de préven­tion différentielle », Prévention des problèmes d’adaptation chez les enfants et les adolescents. Tome Il : Les problèmes externalisés. Presses de l’Université du Québec.

Rosenbaum, D. P. (1986). Community crime prevent : Does it work ?, Beverly Hills, CA : Sage.

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