Deuxième rencontre avec Armand Colmor, chez lui, à Saint-Armand. On se promène dans sa cour à scrap, dans ce qu’il en reste, au travers des hautes herbes. « Ce n’est plus ce que c’était », dit-il en marchant. Derrière chez lui, le long des granges, un peu plus loin dans le champ, du métal : vieilles voitures, machineries agricoles, débris d’acier de toutes sortes. Une fois dans sa maison, il pointe un cadre sur un mur : photo aérienne des lieux en 1981, lorsque sa petite entreprise roulait à plein régime. « J’ai dû, de 1972 à 2000, ramasser un peu plus de 8 000 véhicules », avance-t-il.
C’est auprès de son grand-père, à l’âge de quatorze ans qu’Armand Colmor a appris à travailler le métal. Plus tard, c’est en étant employé dans une entreprise de la région qu’il se familiarise avec les rudiments de la soudure. Ainsi, quelques années après, laissant de côté sa fermette de subsistance, Armand Colmor devient ferrailleur. Du métal qu’il récupérait, une grande partie était revendue au poids alors qu’une autre était utilisée par M. Colmor comme matière première. D’ailleurs, bon nombre de gens de Saint-Armand et des environs connaissent les fameux poêles à bois Colmor faits à partir d’une moitié de réservoir d’eau chaude.
Aujourd’hui, Armand Colmor est rendu à l’âge vénérable de la retraite ; il a donc pris congé de son métier de ferrailleur. Il ajoute toutefois, avec une certaine ironie, que même s’il avait voulu continuer, il aurait été contraint d’arrêter. La raison ? C’est que la fin du XXe siècle marque non seulement l’ampleur de la dictature subtile du libre marché à l’échelle mondiale mais également, ou plutôt parallèlement, la fin de l’ère du métal au profit de l’ère du plastique.
C’est pourquoi, entre autres, dans l’atelier de M. Colmor, les nombreux outils de forge, dont certains datent de l’époque de son grand-père, quoiqu’ils soient en excellent état, datent, en quelque sorte, d’une autre époque.
Même si bien du savoir-faire se dissout dans l’incroyable capacité de production de la mécanisation et de la robotisation, Armand Colmor conclut sans trop d’amertume, que c’est ainsi : les conditions matérielles changent ; les procédés de fabrication aussi, des métiers apparaissent ; des métiers disparaissent. « C’est ainsi », répète-t-il avant de refermer la porte de l’atelier.
Un autre poêle Colmor dans toute sa splendeur rouillée. (Photo : Éric Madsen)
Celui-ci a servi à d’autres fins qu’au chauffage, mais on peut facilement imaginer son pouvoir de réconfort durant les saisons froides.
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