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30e anniversaire du premier vignoble québécois

Le Domaine des Côtes d’Ardoise
Jean-Jacques Humbert-Droz, ambassadeur, Compagnie des Vignolants du Vignoble neuchâtelois

Dr Jacques Papillon  (photo : Jean-Jacques Humbert-Droz)

Le Domaine des Côtes d’Ardoise, le plus ancien vignoble du Québec encore en exploitation, est situé à Dunham, à quelque 80 kilomètres au sud-est de Montréal et à moins de 10 kilomètres de la frontière du Canada et des États-Unis. Il est juché sur les premiers contreforts de la chaîne des Appalaches à une altitude de 150 mètres, et repose sur un sol franc, dérivé d’ardoise et de schiste argileux. Du haut de la butte, Montréal est visible par temps clair.

Les parcelles en pente douce du vignoble sont ceinturées de fortes haies d’arbres matures qui s’élèvent majestueusement aux quatre points cardinaux. Elles bénéficient de la couche d’air chaud qui flotte entre 150 et 250 mètres au-dessus de la vallée du Saint-Laurent de même que de deux ou trois semaines supplémentaires sans gel au sol, et cela, tant au printemps qu’à l’automne. Encore de nos jours, le Domaine des Côtes d’Ardoise s’accommode fort bien d’un climat exceptionnel qui lui assure en moyenne 200 jours sans gel chaque année. À titre comparatif, de 1980 à 1990, la moyenne y était de 182 jours alors que dans les environs, elle n’était que de 144. L’ensoleillement dont jouit le vignoble produit plus d’unités de chaleur que ceux de la péninsule du Niagara, en Ontario ; cependant, la floraison et la récolte y sont plus hâtives.

Plongeons maintenant dans le passé, histoire d’en savoir davantage. C’est à la fin du XIXe siècle qu’un fermier s’installe sur cette parcelle de terre, à Dunham. Au cours des années 1940, il produit les premiers légumes de la région au printemps et les tout derniers à l’automne. En somme, il sait déjà tirer profit du microclimat qui réchauffe ce coin de pays. Il est important de noter que les bâtiments construits autour de 1923 et de 1952 existent encore.

Photo : Jean-Jacques Humbert-Droz

En 1977, conscient du potentiel qu’offre la terre de la propriété, Christian Barthomeuf en fait l’acquisition. Il lui faut cependant aller en Ontario pour acheter des plants de vigne. La première plantation, en l’occurrence du Maréchal Foch, du Seyval et du Pinot noir, a lieu en 1980. Une deuxième suit en 1981, toujours constituée de Seyval, à laquelle s’ajoute du Chardonnay. La toute première vinification a lieu en 1982. Les bouteilles sont alors vendues dans la plus totale illégalité car il n’existe à l’époque aucun permis de production de vin artisanal québécois ni permis de vente. En fait, le gouvernement du Québec ne sait pas quel statut il faut conférer au Domaine des Côtes d’Ardoise ni aux autres cultivateurs qui commencent à s’intéresser à la viticulture.  Par la suite, de multiples pressions politiques et autres amènent le président de la Société des alcools du Québec et son directeur à accepter une invitation à participer à une dégustation au Domaine des Côtes d’Ardoise. Ils s’y rendent donc par un beau dimanche de 1984, tout en se gardant bien d’être surpris par les médias dans une organisation clandestine. Or, leur conclusion est claire : le vin qu’on leur sert est non seulement buvable, mais vendable. Les tout premiers permis sont délivrés au printemps 1985, après de difficiles et pénibles démarches. Les conditions rattachées à ceux-ci ne facilitent pas la tâche de ceux qui espèrent créer une petite industrie viticole au Québec. Bien au contraire ! Les règles à suivre sont à ce point restrictives qu’elles semblent avoir été élaborées pour les décourager, à savoir des taxes à payer de plus de 40 %, la vente permise exclusivement sur place, l’interdiction d’offrir des dégustations dans tout vignoble ou autres foires et manifestations, de même que celle de vendre aux restaurants, etc. Ces restrictions resteront en vigueur jusqu’à la fin des années 1990.  Un petit rappel s’impose ici : la Société des alcools contrôle toujours d’une main de fer la production locale et la vente des boissons alcoolisées dans la province.

Depuis sa création, le Domaine des Côtes d’Ardoise n’a cessé de croître aussi bien en qualité qu’en quantité. On y dénombre aujourd’hui 25 000 plants répartis sur 7,5 hectares. Les 2 mètres séparant les rangs permettent de travailler la terre plus facilement et laissent pénétrer le soleil jusqu’au sol. La production annuelle du vignoble se chiffre à environ 20 000 bouteilles. On y élabore 14 vins à partir des cépages Gamay, Riesling, Maréchal Foch, de Chaunac, Chelois, Lucy Kullman, Aurore ainsi que Seyval blanc et noir.

Au fil des ans, le Domaine des Côtes d’Ardoise a reçu maintes mentions et reconnaissances. Pour donner un aperçu de son succès, soulignons que, déjà en 1987, il remportait la première médaille d’or accordée à un vignoble québécois aux Sélections mondiales, dans la catégorie vin blanc populaire, devant la France. De plus, dix de ses vins ont été primés en 2010, soit quatre médailles d’or, quatre médailles d’argent et deux distinctions décernées aux concours de la Coupe des Nations et des Grands Vins du Québec. Notre coup de cœur va sans contredit à La Marédoise 2009 (Seyval-Aurore), un blanc fruité aux arômes floraux, d’une richesse et d’une fraîcheur sans pareil, sans compter sa grande persistance. Enfin, le vignoble s’est vu attribuer, au Château Frontenac, à Québec, le Prix du public 2011, notamment une médaille d’or (La Marédoise, 2008) et deux médailles d’argent.

 

Photo : Jean-Jacques Humbert-Droz

Le réputé Dr Jacques Papillon, qui a été l’âme du vignoble de 1984 à 2009, a tourné une page de l’histoire du Domaine des Côtes d’Ardoise en le vendant tout récemment à Julie Tassé, Steve Ringuet, Marc Colpron et Ginette Martin. Les nouveaux propriétaires ont des projets d’agrandissement et s’estiment heureux de pouvoir compter sur l’expertise de Jean-Pierre Ménard, viticulteur, de David Cottineau, oenologue, et de celle de toute l’équipe, qui demeurent en poste.

En terminant, il est important de préciser que le vignoble des Côtes d’Ardoise est un des premiers à obtenir l’appellation « Vin certifié du Québec », qui est une promesse de qualité et d’authenticité et qui témoigne bien du savoir-faire de son vigneron.

 

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