Illustration : Jean-Pierre Fourez
L’arrivée du printemps dans nos campagnes est de plus en plus marquée par le passage des VTT (véhicules tout-terrain ou quads) qui, lorsque la couverture neigeuse disparaît, viennent remplacer les motoneiges. L’usage de ces bolides motorisés est devenu un « sport » répandu, malheureusement pas toujours très civilisé.
Les quads, tout comme les motoneiges, peuvent représenter une nuisance publique bien réelle en l’absence de quelques règles élémentaires de civisme. Il n’est pas rare que les conducteurs de ces engins sortent des sentiers balisés pour circuler sur des terrains privés ou sur des terrains publics dont l’écologie est relativement fragile. Si on n’hésite pas à dénoncer la pollution par le bruit qu’ils engendrent, on oublie trop souvent les dégâts qu’ils causent à l’environnement.
Dans la Hungry Valley de la Californie, on a estimé que les hors route entraînaient une érosion se traduisant, chaque saison, par le déversement dans les cours d’eau de quelque 72 000 tonnes de sédiments (terre arable). Dans un parc de l’Alaska, on a également observé qu’il suffisait d’une dizaine de passages en VTT sur un espace donné pour y détruire le quart ou le tiers de la végétation basse qui y pousse.
Au Canada, on a constaté qu’un seul passage de motoneige pouvait endommager jusqu’à 78 %de la végétation arbustive, telle celle que l’on retrouve en bordure de nos marais, et détruire 28 % des jeunes tiges. Or, la motoneige est moins dommageable que le VTT ou le quad, la neige offrant une certaine protection, ce qui n’est bien sûr pas le cas en été. Enfin, selon des chercheurs de l’université du Montana, le passage d’un seul VTT peut avoir pour effet de disperser plus de 2 000 graines de plantes envahissantes (ces « mauvaises herbes » qui prennent la place de plantes plus fragiles) sur une distance de 16 kilomètres.
Monsieur Christian Marcotte, propriétaire de la Ferme du vieux bouc à Pigeon-Hill, se demande bien comment il pourra convaincre les motoneigistes de s’abstenir de circuler dans ses champs cultivés. « C’est certain que mes cultures d’ail en souffriront. Ces personnes ne semblent pas être conscientes des dégâts qu’elles peuvent causer en circulant sur des terrains privés ». Souhaitons-lui de ne pas avoir à supporter, en plus, les conducteurs de quads.