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- Chronique littéraire d'Armandie -

Les mondes réels et les mondes parallèles

Christian Guay-Poliquin

Ce printemps, Luce Fontaine a été récompensée d’un prix Éloize pour son roman jeunesse Lizzy d’Armoirie ou la légende du médaillon publié en 2012 aux éditions Boutons d’or d’Acadie. Ce prix souligne le prestige et la qualité du travail d’artistes professionnels acadiens ou en lien avec l’Acadie.

En s’inspirant d’histoires et de légendes acadiennes, ce roman raconte l’histoire d’une jeune protagoniste découvrant la frontière ténue qui sépare et unit deux mondes parallèles. Deux mondes qui sont, au fond, à la fois autre et nôtre. De l’un à l’autre les référents se recoupent, des amitiés improbables se scellent et les mystères se multiplient.

Si l’univers de ce roman dépasse nettement ce que le sens commun entend par roman jeunesse, c’est que, au-delà de la notion de roman jeunesse, il y a la littérature. L’auteure souligne à ce titre qu’il s’agit d’un moyen privilégié pour véhiculer des valeurs qui lui tiennent à coeur. Et ces valeurs, qu’il ne faut pas confondre avec la morale, Luce Fontaine souhaite surtout leur donner vie par le récit. La ténacité, la persévérance et le dépassement, représentent ainsi les trois pôles des différents romans de l’Armandoise. Dans ces derniers, on fait la rencontre de personnages qui sont confrontés à plusieurs difficultés très réelles, très humaines. Et c’est ça, au fond, un récit. Et c’est ça, au fond, la vie. C’est d’ailleurs le message qui circule entre les lignes des oeuvres de Luce Fontaine.

Rappelons au passage qu’en plus de Lizzy d’Armoirie ou la légende du médaillon et du tome suivant, Luce Fontaine poursuit l’écriture de deux autres séries romanesques publiées aux éditions Guérin : la série Mélo et la série Max Mallette. Ces différents univers romanesques, parfois plus réalistes, parfois tournés vers le fantastique, se complètent et se répondent. Comme le précise l’auteure, la vie de ses personnages dépasse les histoires auxquelles elle les a assignés. Ainsi, les péripéties se renouvellent et, pour le bonheur des jeunes lecteurs (et des moins jeunes), une oeuvre en appelle souvent une autre… En replongeant dans sa propre enfance et dans celle de ses filles, Luce Fontaine avance que les réponses aux questions que soulève l’écriture ne sont jamais très loin. La fiction se nourrit du réel, de l’intime, du vrai. L’oeil de l’écrivain est ce regard rêveur qui apprend à regarder ce qui est tout près de lui.

À ce titre, mentionnons au passage que le premier tome de la série Max Mallette, intitulé Max Mallette et le secret du Mont Pinacle, plonge la fiction dans notre région. Ou l’inverse. C’est selon. En fait, les décors dans les romans de l’auteure tiennent lieu de personnages ; ils font, indiquet- elle, partie intégrante de l’intrigue, de la fiction, de cet univers où des ponts inédits mènent là où nul aurait pensé se rendre.

Enfin, la question d’usage : pourquoi la littérature jeunesse ? Parce que c’est comme ça, rétorque-t-elle. Après avoir travaillé pendant plusieurs années auprès des jeunes, s’adresser à eux allait de soi. Si certaines de ses oeuvres sont construites sur la notion de frontière entre le « réel » et le « parallèle », l’auteure s’empresse d’ajouter qu’une frontière doit néanmoins tomber. Il s’agit de celle que l’on a construite au cours des dernières décennies entre le monde de l’enfance et « le monde des grands ». Pensons notamment à Saint-Exupéry qui, dans Le petit Prince, a réussi à remporter ce pari avec élégance et simplicité. Parce qu’il ne faut jamais sousestimer la portée de l’imaginaire d’un enfant ; l’enfance, peut-être, finit un jour par changer de nom, mais ce qui l’a constitué nous accompagnera toujours

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