Photo : Ève Lamont
Le 14 juillet dernier, une trentaine de personnes de Saint-Armand et d’ailleurs participaient à un bi de récolte d’ail chez un producteur de Pigeon Hill.
Pour une p e r s o n n e seule, ce travail relevait de l’exploit pur et simple car il fallait récolter dans la journée pas moins de 30 000 têtes d’ail avant de les disposer sur des treillis montés sur des cadres qu’on devait ensuite empiler sur d’immenses étagères construites à cet effet dans un bâtiment.
Il faut l’avouer, il y avait un petit quelque chose de grisant dans cet événement rassemblant toutes ces personnes en train d’accomplir la tâche plutôt ingrate et salissante, c’est le moins qu’on puisse dire, d’extraire du sol les milliers de caboches d’ail puis de monter à bout
de bras les cadres lourdement chargés sans trop se bousculer, se marcher sur les pieds ou les doigts, ou y laisser carrément un morceau de peau. Quelque chose de réjouissant à se retrouver autour de deux r e p a s collectifs, préparés par des amis venus encourager à leur manière la corvée paysanne, et servis sur des tables à pique-nique (combien ? 4 ? 5 ? 6 ?) aboutées l’une à l’autre entre maison et grange.
Quelque chose de quasiment magique dans l’assentiment tacite de dame Nature, de mauvais poil depuis des mois, qui[Tapez une citation prise dans le document, ou la synthèse d’un passage intéressant. Vous pouvez placer la zone de texte n’importe où dans le document et modifier sa mise en forme à l’aide de l’onglet Outils de dessin.]
s’est calmée le pompon pour cette journée, et rien que cette journée, retardant son ondée quotidienne jusqu’à ce que tout l’ail soit rentré et que chacun (ou presque) soit bien au sec sous l’immense bâche installée au-dessus des tables, pour le souper.
On se prend alors à rêver d’un retour de la tradition des « bi », ces corvées collectives qui étaient jadis monnaie courante dans nos campagnes : bi pour bâtir une maison, une étable, l’église, le presbytère ; bi pour couper et fendre le bois de chauffage, ou pour aider un voisin à semer ses champs et à les récolter ; bi organisés par les femmes pour faire leur provision de savon ou piquer une courtepointe.
Bi invariablement suivis d’un souper convivial et d’une « veillée » dansante, chantante ou simplement parlante.
Rencontre linguistique au sommet
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le mot anglais bee, dont viendrait « bi », n’aurait pas la même origine étymologique que bee, mot qui désigne l’abeille, et il ne ferait donc pas référence à l’esprit d’équipe de cet insecte. Il dériverait plutôt de bene, mot du moyen anglais qui signifiait « service supplémentaire que le locataire d’une terre rend à son seigneur ». C’est du moins l’hypothèse avancée par certains linguistes. Toutefois, pour compliquer un peu plus les choses, d’autres linguistes croient que « bi » vient non pas de l’anglais, mais de l’ancien mot français « bien » (également écrit « bieng », « biain » ou « bian ») qui désignait « toute corvée d’hommes utile au seigneur pour son approvisionnement ou l’entretien de sa forteresse et du domaine qui l’accompagnait ». D’une façon ou d’une autre, en traversant l’Atlantique autour de 1769, le mot a pris le sens qu’on lui connaît aujourd’hui dans les deux langues, soit celui d’un travail collectif en vue d’aider un ami ou un voisin.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le mot anglais bee, dont viendrait « bi », n’aurait pas la même origine étymologique que bee, mot qui désigne l’abeille, et il ne ferait donc pas référence à l’esprit d’équipe de cet insecte. Il dériverait plutôt de bene, mot du moyen anglais qui signifiait « service supplémentaire que le locataire d’une terre rend à son seigneur ». C’est du moins l’hypothèse avancée par certains linguistes. Toutefois, pour compliquer un peu plus les choses, d’autres linguistes croient que « bi » vient non pas de l’anglais, mais de l’ancien mot français « bien » (également écrit « bieng », « biain » ou « bian ») qui désignait « toute corvée d’hommes utile au seigneur pour son approvisionnement ou l’entretien de sa forteresse et du domaine qui l’accompagnait ». D’une façon ou d’une autre, en traversant l’Atlantique autour de 1769, le mot a pris le sens qu’on lui connaît aujourd’hui dans les deux langues, soit celui d’un travail collectif en vue d’aider un ami ou un voisin.
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