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- La relève en herbe -

Toute une histoire pour la rentrée des classes

Si l’école m’était contée…
Marie-Hélène Guillemin-Batchelor

Mme Anne Bérat (photo : Denis Carreau)

Les élèves de l’école Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Armand ont eu le privilège de débuter l’année scolaire avec le récit d’un conte. Si, à Saint-Armand, c’était un conte, à l’école Saint-François-d’Assise de Frelighsburg, ce fut une fable. C’est ainsi que la nouvelle directrice des deux écoles, Mme Anne Bérat, assise au milieu des écoliers attentifs, a eu la merveilleuse idée de marquer le début des classes. L’image que l’on a du conteur représente un centre autour duquel est rassemblé un groupe, concentré sur l’histoire racontée et qui forme un cercle. Cela crée un lien social, convivial et rassembleur. C’est dans ce bel état d’esprit que  Mme Bérat a entamé ses fonctions de directrice.

Une fable

À l’école Saint-François-d’Assise de Frelighsburg, chaque enseignant est associé à une fable de Lafontaine. Mme Bérat a choisi la fable L’Âne et le chien pour sa morale qui porte sur l’entraide.

C’est l’histoire d’un âne qui refuse de se baisser pour que son compagnon le chien puisse prendre un morceau de pain dans le panier qu’il a sur le dos. Lorsqu’un loup affamé surgit, l’âne demande l’aide du chien pour le combattre. Celui-ci refuse, parce que l’âne ne l’a pas aidé pour le pain. L’âne se fait donc attaquer par le loup. Rien ne serait arrivé s’il y avait eu de l’entraide… c’est une loi de la nature. Notre nouvelle directrice attache beaucoup d’importance à l’entraide dans les écoles.

Un conte

À l’école Notre-Dame-de-Lourdes, chaque classe, il y en a quatre, est associée à un conte.

Au lieu d’un conte traditionnel, Mme Bérat, inspirée par la nature et la variété d’oiseaux qui peuple notre région, a décidé d’en inventer un. Un beau conte sur la différence.

C’est l’histoire d’une famille de merles qui habite au bord du lac. Un jour, ô sacrifice, ô sacrilège, arrive un merle tout coloré. De mémoire de merle, on n’avait jamais vu ça. Le nouveau venu aux plumes multicolores se fait vilainement chasser car il n’est pas du tout comme les autres. Heureusement, un geai bleu qui n’est pas bleu se précipite pour l’aider.

Le geai bleu pas bleu et le merle coloré partent donc s’installer sur la branche d’un très bel érable, juste devant l’école Notre-Dame-de-Lourdes. Heureux, ils découvrent avec plaisir les rires et les activités des élèves. Cela les comble de joie. Mais arrive l’été, et les enfants disparaissent. Alors ils pensent qu’à nouveau ils ne sont pas aimés et qu’on les abandonne. Mais à la rentrée des classes, les enfants reviennent, alors ils comprennent que les élèves étaient partis pour des vacances et non pas à cause de leur couleur et de leur différence. Anne Bérat avait fait provision de plumes multicolores au Dollarama afin que les enfants puissent récolter quelques plumes dans l’intention de continuer tout au long de l’année l’histoire de « Truc », Truc étant le nom de l’oiseau coloré… Malheureusement, c’était une journée de grand vent et les plumes s’envolèrent par-ci,

par-là… ce qui fit bien rire les enfants qui coururent les ramasser un peu partout.

Quelle merveilleuse rentrée des classes. Merci et bienvenue, Madame la Directrice.

Un œil nouveau capte la beauté de chez-nous

Lorsqu’elle raconte les impressions de son arrivée dans la région, la découverte des richesses qui nous entourent, on a de quoi être fier, nous qui vivons dedans, parfois sans les voir vraiment :

« Frelighsburg, on en a beaucoup entendu parler, surtout avec Star Académie. C’est un très beau village rassemblé dans la vallée. C’est un village où tout le monde se connait, où les arts visuels sont très présents et les écrivains aussi. Arriver à l’école à Saint-Armand, c’est comme arriver dans La petite maison dans la prairie… des champs, des érables, la rivière qui coule et des chevaux qui passent… Quand je suis arrivée ici, la nature entre Frelighsburg et Saint Armand est telle que c’est la plus belle route que j’aie jamais faite, dans un sens comme dans l’autre. Les paysages sont incroyablement beaux. Quand on arrive à Pigeon Hill tout en haut, on dirait que l’air change et que le temps s’arrête, puis la nature s’étale, et je me sens très proche de la terre. »

Anne Bérat comprend la particularité, la spécificité et la beauté de chacun des villages. Elle trouve nos deux communautés très attachantes.

Mais surtout, elle trouve très important que les enfants sachent d’où ils viennent, qu’ils apprennent à connaitre où se trouve leur passé et qu’ils s’y attachent. « Car un jour, dit-elle, ils devront quitter pour étudier ailleurs et ce serait bien qu’ils reviennent ». Cet attachement qui les marquera toute leur vie ne peut se faire que lorsque l’appartenance à leurs racines a été ancrée solidement pendant leur enfance. Anne Bérat croit dans ces valeurs fondamentales.

Et nos écoles ?

Quant aux écoles, là aussi, elle les apprécie toutes deux. Elle admire le magnifique bâtiment qu’est l’école Saint-François-d’Assise bientôt centenaire, ses grands escaliers, ses hauts plafonds de tôle. Elle trouve la cour très agréable et les ajouts modernes bien intégrés à l’architecture. L’école accueille environ 120 élèves pour une population de 1 094 habitants.

Mme Bérat a eu beaucoup de renseignements sur le village grâce à la Société d’histoire et de patrimoine de Frelighsburg qui possède documents et manuscrits racontant l’histoire des lieux, des bâtiments et des familles qui vivent là depuis longtemps. Elle aimerait bien avoir l’équivalent sur le village de Saint-Armand afin de mieux connaitre son histoire et son architecture : celle des loyalistes par exemple… car notre directrice part du principe que « lorsqu’on sait ce qu’il y avait avant, on peut comprendre ce qui est maintenant ». L’école Notre-Dame-de-Lourdes reçoit une cinquantaine d’enfants dont huit nouveaux en maternelle et deux nouveaux arrivants sur une population de 1 248 résidents.

Sa vision de Saint-Armand est un village étalé sur une très grande distance. Frelighsburg semble une vallée plus concentrée. À Saint-Armand, l’école a une architecture différente, avec des demi-étages et pleins d’escaliers en bois qui craquent et qui ont du vécu : cela lui plait beaucoup. « La commission scolaire a investi des dizaines de milliers de dollars pour remettre à neuf le chauffage, sabler les escaliers, les vernir et commencer à repeindre certaines parties, me confie-t-elle. L’année prochaine, nous continuerons en rénovant la cour et les structures un peu âgées en y mettant de la couleur. J’aimerais que les enfants reconnaissent la beauté de la nature qui les entoure et que cela soit une fierté. L’agriculture est une belle réalité du paysage dans lequel ils vivent. »

Des idées novatrices

Pour Anne Bérat, cette rentrée scolaire est nouvelle et comme elle le dit si bien, elle doit  prendre le temps de faire le tour du jardin. Ses souhaits vont vers la collaboration entre les enseignants, les enfants, les parents et les grands-parents. Elle espère une participation des élus municipaux, des associations locales, des ainés, du journal local.

À ce propos, Mme Bérat trouve qu’un projet journalistique pour les élèves serait une bonne idée : le Journal Le Saint-Armand pourrait avoir une colonne pour chacune des écoles, où les élèves, avec l’aide des enseignants, pourraient faire un article ou un reportage. Une belle idée à développer, avec un coup de main des collaborateurs du journal. Elle croit aussi que l’école doit être moderne et dynamique. La modernité, c’est d’utiliser les nouvelles  technologies. Il y a donc maintenant à l’école deux tableaux blancs interactifs (TBI). Son rêve va plus loin : « Mon rêve est un peu peppy, dit-elle, mais c’est décidé : un élève, un i-Pad ! » Expérimenter, connaître et apprendre à travers l’électronique, c’est un outil supplémentaire d’apprentissage. Voilà une directrice bien branchée !

Nous avons de la chance, Mme Bérat est passionnée par son métier qu’elle appelle plutôt une mission. « L’école et l’enseignement, c’est ma vie. » dit-elle. « C’est l’amour des enfants qui a mené ma carrière. Rien ne me satisfait plus que le bonheur des enfants et de leurs parents ». Et elle ajoute : « Notre base apprise dans les écoles, c’est ce qui plus tard dirige notre vie. »

À ces mots, on ne se sent plus de joie… comme dans une certaine fable… et on retournerait bien s’asseoir sur les bancs d’école

Photo : Marie-Hélène Guillemin-Batchelor