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- Les jeunes à l'oeuvre -

Mycotrophe, un beau modèle d’entreprise durable

Édith Ducharme

Ann, Julie, Émilie, Samuel, William, Xavier sont à l’œuvre. Ils créent leurs emplois et développent leur entreprise, s’installent dans notre région et reconfigurent notre environnement. Ils améliorent notre qualité de vie et nous impressionnent.

 Ils sont jeunes, convaincus, débrouillards et ils ont moins de 40 ans ou à peine un peu plus. Nous vous présentons leurs parcours dans cette chronique.

Vous souhaitez faire connaître votre parcours ou celui de jeunes de la région ? Écrivez-nous à journalstarmand@gmail.com

Né en Belgique, Nicolas Van Caloen avait 5 ans quand sa famille s’est établie à ce qui s’appelait autrefois West Brome (avant la fusion ayant donné naissance à Lac-Brome), où il a grandi. Dans la trentaine, il est revenu s’installer en Armandie, animé de la ferme intention de changer le monde avec un projet bien à lui. Il y a tout juste un an, le 24 janvier 2019, il procédait à la première inoculation dans le nouveau laboratoire de la champignonnière Mycotrophe, sur sa terre, dans le Collectif ESPACES, à Frelighsburg. Comme d’autres dans la région, son entreprise est prometteuse.

En quête de modèles économiques et écologiques

Adolescent, Nicolas Van Caloen devient altermondialiste. Il quitte le nid familial et l’Armandie à 17 ans, se donnant pour mission de trouver des solutions globales à l’économie de consommation à laquelle il s’oppose. Son objectif : revenir s’établir ici avec un projet concret et réussir la transition écologique.

Il complète un certificat en écologie, puis comprend que pour être porteur d’avenir, un projet doit aussi être économiquement viable. Il ajoute donc un baccalauréat en économie à son bagage, puis s’intéresse à ce qui se fait ailleurs.

En Amérique latine, il observe que les modèles d’économie communautaires viables répondent à trois conditions fondamentales : ils démocratisent l’économie, reposent sur les ressources locales et participent à sa diversification. Nicolas identifie un quatrième élément essentiel à la réussite d’un projet de société durable : il importe d’écologiser l’économie.

Des champignons pour changer le monde ?

Le jeune homme trouve dans ses propres racines un projet qui répond aux critères qu’il a établis. « Je suis Belge ( …) et comme c’est généralement le cas en Europe, la culture du champignon est plus développée en Belgique qu’ici. La première fois que je me rappelle être allé récolter des champignons, je devais avoir trois ans. Déjà, enfants, faisait ça tout seuls dans les prairies et dans les bois. »

Le champignon est intéressant à tout point de vue. Il tient un rôle de premier plan dans la régulation biologique des écosystèmes. Grâce à son rôle dans les processus de décomposition, il contribue à la qualité du sol dans son ensemble. Mycotrophe ajoutera à la diversité écologique et économique de la collectivité tout en s’intégrant parfaitement dans l’écosystème local.

L’entreprise Mycotrophe naît en 2015 et, en 2019, les Van Caloen l’installent sur une terre du collectif ESPACES (Écologie sociale, Permaculture, ACcès à la terre, Économie solidaire). Cet éco-hameau propose un mode de vie durable, c’est-à-dire que les propriétaires mettent sur pied des solutions économiques complémentaires et diversifiées permettant de vivre en symbiose avec l’écosystème. Ils sont six adultes, bientôt huit, à bâtir ce hameau, dont Nicolas.

Une clientèle variée, des marchés en croissance

La clientèle de Mycrotophe est variée. Les Van Caloen cultivent des champignons gourmets et médicinaux, dont les vertus adaptogènes contribuent à la santé, notamment en favorisant la reconstruction de cellules nerveuses.

Les commerçants, les restaurateurs et les particuliers peuvent acheter leurs produits directement auprès de l’entreprise (www.mycotrophe.com/nos-produits) ou dans ses points de vente. Les champignons enrichissent aussi des paniers biologiques, dont ceux de Les potagers des nues mains (lesnuesmains.com).

On peut également se procurer auprès de Mycotrophe des mycéliums, c’est-à-dire ce réseau de filaments fongiques à partir desquels on peut faire pousser ses propres champignons. Mycotrophe peut aussi mettre au point des mycéliums à partir de champignons de ses clients. On les clone en laboratoire, pour les intégrer ensuite dans les cultures.

Un partenaire de choix pour les producteurs maraîchers 

Mycotrophe accompagne les producteurs maraîchers afin de les aider à intégrer les champignons dans leurs cultures et à diversifier celles-ci mais, aussi, à leur permettre d’en améliorer la valeur écologique.

En effet, le mycélium active la décomposition des matières organiques, jouant un rôle vital dans la régénération du sol et rendant les nutriments plus accessibles aux plantes avoisinantes. De plus, il permet d’obtenir un excellent compost, riche en substances nutritives.

Les biotechnologies : un marché d’avenir

Tout en travaillant pour étendre son réseau et vendre dans les grandes surfaces, Mycotrophe travaille sur deux projets de décontamination des sols ou de mycoremédiation.

Vous avez bien lu ! Le pouvoir du système de filtration du mycélium est suffisamment élevé pour éliminer certains polluants du sol. Cette biotechnologie verte a certainement un bel avenir devant elle.

 La santé dans notre assiette

Sautés, grillés, braisés, frits, les champignons créent de la variété et ajoutent à la valeur nutritive de nos plats. Pour en tirer un maximum de saveur, l’Académie Culinaire de Montréal recommande de les incorporer en fin de cuisson dans les plats qui mijotent longtemps. On peut aussi les faire revenir séparément dans un corps gras et les ajouter à la toute fin.

Mycotrophe vous propose des shitakés (lentins comestibles), une belle variété de pleurotes, des hydnes, qui remplacent bien la viande dans les plats végétariens, des pholiotes, dont le nameko japonais, et des maïtakés (polypores en touffe). Pour ceux qui l’ignorent, les champignons possèdent la saveur umami, le Saint Graal de la gastronomie, le cinquième goût. Et tout ça, localement !

 

 

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