Faire ses marques dans le monde de la création est un horizon qui s’éloigne à mesure qu’on avance. Ça prend de l’énergie, du temps, de l’acharnement, un brin de folie et, quoi qu’on en dise, ça prend aussi un réseau. Qu’arrive-t-il alors lorsque l’Amour nous pousse à s’établir loin, très loin de chez soi, là où on ne connaît plus personne ?
Cette histoire, c’est entre autres celle de Marie Braeuner, résidente de Saint-Armand depuis bientôt deux ans. Née en France, en 1985, elle s’est installée en Belgique pour faire ses études. Durant son séjour là-bas, elle a participé à la rédaction de plusieurs scénarios et a réalisé un court-métrage ainsi qu’un documentaire. Peu à peu, elle sentait que les portes du milieu cinématographique belge s’ouvraient à elle. Sa vie professionnelle démarrait.
En désirant s’isoler pour rédiger un nouveau projet, Marie a pris un billet d’avion pour le Québec où elle avait déjà vécu quelques années, enfant. Le Québec a toujours été, dit-elle, « son pays de cœur ». Elle n’aurait pas su mieux dire, car depuis, elle n’est jamais retournée vivre outre-Atlantique. Par contre, au-delà de sa « lune de miel dans le Nouveau-Monde », elle devait désormais relancer sa carrière en retissant un réseau professionnel dans le milieu du cinéma. Facile à dire…
En participant à La course des régions – un concours pancanadien de courts-métrages, en association avec Radio-Canada et l’INIS (Institut national de l’image et du son) – elle espérait donc obtenir « sa carte de visite » dans le milieu cinématographique québécois. Et c’est ce qui est en train de se produire ! En remportant la première ronde, avec un court-métrage de deux minutes intitulé Contre-champs, la jeune cinéaste passe en finale du concours. Elle a donc deux mois pour réaliser un film de sept minutes.
Donc, le 27 octobre prochain, lors de la Soirée des Premières, la jeune cinéaste présentera une fiction sur la chasse… Dans la foulée de l’incontournable Bête Lumineuse de Pierre Perrault, où l’on s’attarde davantage à la tension qui règne au sein du groupe de chasseurs plutôt qu’à la traque de la bête, elle explore « l’espace social de la chasse », c’est-à-dire les codes, les habitudes et les dynamiques qui régissent les adeptes de Saint Hubert (saint patron des chasseurs) entre eux. Le camp de chasse devient ainsi un lieu en marge du monde, une espèce de huis clos, où les rivalités les plus secrètes comme les vérités les plus enfouies peuvent soudainement éclater au grand jour… Ou rester en travers de la gorge…
Autrement, Marie Braeuner travaille sur un projet de long métrage qui croisera les thèmes de l’exil et de l’identité de manière à proposer une fiction qui interroge nos rapports actuels à l’ailleurs, au voyage et à un « chez soi » de plus en plus éparpillé. « Qu’on le veuille ou non, nous sommes des êtres de meutes, avance la jeune cinéaste. Qu’arrive-t-il lorsque l’un d’entre nous, pour une raison ou une autre, est séparé du groupe ? »
Peut-être faut-il alors apprendre, à tout recommencer ?
* La finale de la Course des Régions aura lieu le jeudi 27 octobre 2016 à 19 h 30, au Théâtre Granada de Sherbrooke. Les billets sont en vente en ligne.
https://www.indiegogo.com/projects/course-des-regions-2016-encouragez-les-cineastes-canada#/
Marie Braeuner vit présentement à Pigeon Hill avec son conjoint Hugue Paquette, un gars du coin. Leur projet est de se construire une maison à Stanbridge East pour y élever une petite famille (Marie est actuellement enceinte). La jeune cinéaste tiendra une nouvelle chronique dans nos pages à compter du prochain numéro. Elle y présentera, dans chaque numéro, des jeunes entrepreneurs installés dans la région.