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Amener la campagne à la ville

Mathieu Voghel-Robert

En 1999, quand Marie-Ève Voghel-Robert quitte Saint-Armand pour la grande ville, ce n’est, au départ, que pour poursuivre ses études. Elle a toujours l’espoir de revenir un jour à la campagne. Mais voilà que, treize ans plus tard, ses études ne sont toujours pas terminées et les perspectives de retour à la campagne restent hypothétiques. Alors si on ne peut venir à la campagne, eh bien, on la fait venir à soi !

L’été dernier, elle a transformé une ruelle terne et grisâtre du quartier Centre-Sud de Montréal en un jardin verdoyant. Le défi était de taille, cette ruelle passant entre deux stationnements de l’usine de tabac Macdonald, à l’angle des rues Iberville et Ontario. Si vous ne le connaissez pas, sachez que c’est l’un des coins de la ville qui pourraient remporter le prix de la laideur. C’est dans un des stationnements que se tient, tous les samedis, de juillet à octobre, le Marché Solidaire Frontenac, initiateur du projet. Depuis huit ans, ce marché alternatif offre légumes et fruits frais à une clientèle défavorisée. L’ajout du jardin allait de soi dans la mission de l’organisme, surtout que le fait de cultiver ses propres aliments permet de réduire les factures d’épicerie.

Le projet est tellement intéressant que le célèbre Ricardo Larrivée s’y est intéressé lors du tournage de son émission, Fermier urbain. Depuis le 26 avril, l’émission, qui suit également le parcours de jardinage de trois familles montréalaises, est diffusée tous les jeudis à Radio-Canada. Il ne suffit pas de faire pousser des légumes, mais aussi de sensibiliser la population à l’agriculture urbaine, d’offrir des plants aux gens du quartier et d’informer les plus jeunes sur la provenance de leurs aliments. L’agriculture urbaine prend une place de plus en plus importante à Montréal, l’objectif étant d’approvisionner en produits frais sa population grandissante tout en diminuant l’apport d’intrants et de pesticides, ainsi que les distances qu’ils doivent parcourir avant d’atterrir dans l’assiette du consommateur. Les projets se multiplient : réintroduction des poules en ville, construction de serres sur les toits, comme le font Les fermes Lufa, transformation des toitures goudronnées en toits verts et récoltes au verger urbain du Jardin botanique. Grâce, entre autres, à l’engagement de Marie-Ève, la ville de Montréal s’est frottée à la question plus sérieusement. Avec son aide, le Marché Solidaire Frontenac a recueilli près de 30 000 signatures dans le but d’obtenir des autorités municipales qu’elles tiennent des consultations publiques sur l’agriculture urbaine. Les recommandations sont attendues d’ici à la fin de l’été et Gérald Tremblay ne pourra pas feindre de ne pas être au courant.

Bien entendu, il n’est pas question d’indépendance alimentaire ; les villes auront toujours besoin de leurs campagnes environnantes pour s’approvisionner en produits frais. Cependant, si l’agriculture urbaine permet de diminuer, ne serait-ce que légèrement, les coûts environnementaux associés au transport des aliments (qui, en moyenne, parcourent 1500 kilomètres), ce sera un bel accomplissement.

Photo : Laetitia Laronze

 

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