La vingtaine de résidents des Villas des Rivières de Bedford menacés d’expulsion par l’Office d’Habitation de Brome Missisquoi retrouveraient facilement le sommeil s’ils pouvaient remonter le cours du temps. « Il y a 18 ans, au moment de sa création, la résidence était gérée par des gens du milieu, soutenus par la municipalité de Bedford et avec l’appui financier de la Fondation Lévesque-Craighead, » se souvient Serge Therrien, un de ceux qui se sont impliqués dans la Fondation au fil du temps.
En ce temps-là, Bedford avait exempté les Villas de taxes pour une durée de 20 ans et la Fondation y était allée d’un don initial de 20 000 $, suivi d’autres un peu plus tard, pour un total de quelque 100 000 $. D’une part, le milieu veillait sur la résidence, de l’autre, celle-ci pouvait compter sur un complément budgétaire de la part du gouvernement provincial. Les résidents bénéficiaient des soins de santé et des services sociaux nécessaires à leur bien-être.
Invoquée par l’Office d’Habitation comme raison pour justifier le changement de vocation des Villas, la disparition du programme provincial SERVICE + n’a, en fait, entraîné qu’un déficit de l’ordre de 25 000 $ par an. Sur un budget global de 500 000 $, cela représentait un trou de 5 %, facile à raccommoder.
« On avait là un modèle très économique pour l’État et qui aurait pu être exporté un peu partout dans la province, soutient Serge Therrien. La clé, c’est l’arrimage de l’habitation et des services de santé. »
Que faire ?
La solution proposée par Serge Therrien et par quelques autres qui sont membres à la fois du comité de citoyens pour les services de santé du pôle de Bedford et de la Fondation Lévesque-Craighead consiste à retourner aux conditions présentes il y a dix-huit ans. « Il est clair que l’Office d’Habitation de Brome-Missisquoi n’a absolument pas la vocation de donner des soins. Il est fait pour veiller sur un parc immobilier, pas pour recruter des préposés aux soins. Même la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforêt, refuse d’intervenir. L’Office doit céder les Villas au milieu, aux gens qui en veulent. Il faut les sortir d’un giron administratif pas fait pour elles. Et, cela fait, il faudra une entente avec le CIUSSS pour fournir les soins nécessaires. Je siège au conseil d’administration du CIUSSS de l’Estrie et aucune demande en ce sens ne nous est parvenue en fin d’avril. »
Quand on sait que, depuis leurs fenêtres, les résidents des Villas peuvent voir les employés du CLSC voisin ainsi que les préposés du CHSLD qui loge à la même adresse, on n’a aucun mal à imaginer qu’arrimer habitation et soins ne constitue pas un obstacle infranchissable. Ce qu’il faut, c’est revenir aux fondements. Ou, comme disait si justement Môman, dans La petite vie : « Tu forces trop, ma perruche. Faut juste revenir aux jeux de base : steak haché, blé d’Inde, patates. » On n’a pas besoin de gestionnaires créatifs pour nous montrer comment faire le pâté chinois. On sait parfaitement comment.
Voir aussi :
https://journalstarmand.com/villas-des-rivieres-de-bedford-des-residents-deplaces-2/
https://journalstarmand.com/villas-des-rivieres/
https://journalstarmand.com/combattre-la-devitalisation-lexemple-de-la-matapedia/