La famille Thomas à son arrivée à Saint-Armand (Photo : Jean-Pierre Fourez)
Voici une histoire peu banale pour ceux et celles que l’aventure humaine intéresse. Ma nièce, Estelle Fourez, et son mari, Arnaud Thomas, originaires de Normandie, ont décidé il y a quelques mois de parcourir différents coins des Amériques pendant un an avec leur quatre enfants : Nathanaël, 11 ans, Gabriel, 9 ans, Noé, 4 ans, et Éva, 2 ans. En auto ? En camping car ? Non ! À vélo ! Et ils ont vu grand.
Estelle et Arnaud expliquent le pourquoi de cette aventure par le besoin de se retrouver en famille. En effet, Arnaud travaille à Paris dans le domaine audiovisuel et Estelle est enseignante en congé parental, et les horaires fous de la vie professionnelle et familiale font qu’ils ont planifié un voyage hors du commun leur permettant de créer une sorte de cocon familial mobile. Cette expérience, à leur avis, donnera aux enfants des outils pour la vie comme la rencontre avec d’autres mondes, apprendre d’autres langues, se contenter de l’essentiel. Même si les deux aînés manquent une année scolaire, ils continueront l’apprentissage avec leur mère et suivront un programme à distance, et puis ils découvriront que la planète, après tout, est une vaste cour d’école.
Ils ont donc loué leur maison près de Paris, vendu l’auto et acheté des tandems « high tech » à trois places, et pris la route.
Arrivés le 24 juin à Québec, en pleine Fête nationale, ils ont démarré leur périple en se dirigeant vers Sherbrooke et le lac Massawipi. Après quelques jours de repos à Ayer’s Cliff, ils sont partis cette fois vers Saint-Armand. Autre arrêt de plusieurs jours avant d’atteindre Montréal. En langage cycliste, avec quatre enfants, cela veut dire 6 ou 7 km/h quand tout va bien, ou 30 km par jour. Habitués que nous sommes à l’auto, aller à Montréal est l’affaire d’une heure et quelques ; pour eux, c’est trois jours de voyage, avec arrêts camping, bivouacs, repas, etc.
Lorsqu’on voit passer sur la route cet équipage impressionnant, on ne peut qu’être admiratif et se poser des questions fondamentales sur le sens d’une telle aventure, sur les plaisirs et les dangers du voyage.
Jusqu’à présent, ils ont fait peu de réel camping, étant souvent logés chez des citoyens de rencontre ou des gens curieux qui veulent en savoir plus sur eux et qui les invitent…manière idéale de confronter les cultures.
Estelle et Arnaud, écologistes déterminés, veulent mettre en pratique leurs convictions de citoyens du monde, persuadés que la chance et l’amitié les porteront.
Bien que parfois les trajets et les horaires semblent anarchiques, cet apparent désordre est en fait une sorte d’« improvisation organisée », qui permet de ne pas être prisonnier d’une routine. Pour eux, le rapport au temps est devenu un éloge de la lenteur, qui permet la découverte du détail de paysage que ne verront jamais les automobilistes passant à 100 km/h. De même, le rapport au temps météo devient aléatoire… Il pleut ? Et bien, ça mouille ! Il fait grand soleil ? Et oui, il fait chaud !
Le Québec est donc leur terrain d’essai, physique et psychologique, d’une grande aventure. Après une semaine à Montréal, ils ont pris l’autobus pour l’ouest Canadien d’où ils se dirigeront vers la côte du Pacifique jusqu’à Los Angeles. Puis, lorsque nous aurons les deux pieds dans la neige, ils feront un autre saut de puce jusqu’au Chili et pédaleront vers le Pérou.
Vous pouvez les suivre dans leur périple sur leur site Internet 6tzen.org, qui vous mènera sur leur blogue. Alors, bon voyage, Estelle et Arnaud, et votre joyeuse marmaille !