Le merle d’Amérique (Photo : Jean-Guy Papineau)
Nommé à tort le rouge-gorge, le merle d’Amérique est le plus commun des neuf espèces de la grande famille des turdidés du Québec. Dans le monde, cette famille regroupe quelque 304 espèces. Avec son gros ventre rouge brique et sa tête plus noire que son dos grisâtre, on arrive à bien distinguer le mâle de la femelle, qui est plus terne avec un ventre orangé et une tête brunâtre. On reconnaît les jeunes qui sont tachetés de noir sur la poitrine en plus d’avoir quelques tâches de rousseur sur les flancs.
Dans notre région, les premiers merles d’Amérique arrivent en mars, les mâles migrent les premiers. Mais les femelles ne tardent pas trop et on peut les apercevoir peu de temps après. Les mâles reviennent sur leur même territoire de nidification année après année, sinon pas très loin de celui de l’année précédente. Il arrive qu’on puisse en voir durant l’hiver. Ces dernières années, j’en ai vu en janvier. Le réchauffement des températures en est la cause, car ces oiseaux ne migrent pas très loin derrière la frontière. De plus dans la région de Montréal, plusieurs oiseaux y passent l’hiver. Étant insectivore et aussi frugivore, s’il réussit à se trouver des arbres fruitiers, il peut passer l’hiver au froid et ce, sans petite botte, ni tuque.
La construction du nid commence dès la fin d’avril et dure environ 3 ou 4 jours. Le nid est constitué principalement de brindilles, d’une bonne couche de boue pour retenir les brindilles et il est tapissé d’herbe. La femelle seule construit le nid mais le mâle transporte également des matériaux. Les merles d’Amérique peuvent faire jusqu’à trois nichées par été. En moyenne, ils pondent trois ou quatre œufs turquoise, et l’incubation dure 2 semaines, tout comme le temps du nourrissage des jeunes au nid. La femelle s’occupe seul de l’incubation, mais le mâle reste à proximité. Elle demeure sur le nid par période d’une heure environ. Dès que les jeunes sont autonomes, le couple construit un nouveau nid dans un endroit différent mais sur le même territoire qui fait environ 1000 m carré.
Il est intéressant d’observer son comportement lorsqu’il sautille sur la pelouse à la recherche de vers : la tête se penche sur un côté puis sur l’autre ; ou lorsqu’il attrape un ver et qu’il le tire en se penchant vers l’arrière. Son comportement envers ses congénères est tout aussi intéressant. À leur arrivée, les mâles ne sont pas agressifs entre eux. Mais dès que les couples se forment, ils défendent leur territoire énergiquement ; les combats et les poursuites sur la pelouse sont parfois spectaculaires. Seul le mâle chante et fait sentir sa présence une demi-heure avant le lever du soleil. Son chant est plus insistant lorsque l’éclosion des œufs est imminente. Il émet également plusieurs cris. Lorsque vous êtes à proximité du nid, il émet un tik-tik sonore et agressif, et il lève également la queue. Il ira au nid dès que le danger est écarté. En octobre, les merles d’Amérique partent vers le sud pour aller à leur aire d’hivernage. Durant l’hiver, ils vivent en groupe jusqu’à leur retour.