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- Édito -

La fibre optique, ça y est !

Pierre Lefrançois

Benoit Lancieault, directeur des opérations chez IHR, Denis Paradis, député fédéral de Brome-Missisquoi, Étienne Gingras, représentant des citoyens de Brome-Missisquoi chez IHR et Patrick Bonvouloir, président-directeur général d’IHR.

Quand nous avons commencé à en parler, il y a quelques années, nous passions pour de doux rêveurs, des « pelleteux de nuages ». Chaque fois que j’évoquais devant les élus, les gens d’affaires et les gestionnaires locaux l’idée de déployer la fibre optique dans nos campagnes, je butais immanquablement sur une fin de non-recevoir obstinée : « C’est impensable ! » me lançait-on au visage. Dans le meilleur des cas, on m’écoutait patiemment, sourire aux lèvres, l’air de penser que j’étais un peu déjanté et que la « réalité » finirait bien par l’emporter sur les élucubrations fantaisistes des rêveurs de mon espèce.

Pourtant, le 18 décembre dernier, lors d’une conférence de presse tenue à la MRC de Brome-Missisquoi, des élus du fédéral, du provincial et du monde municipal annonçaient en grande pompe qu’un nouveau réseau de fibre optique serait enfin déployé partout afin de brancher toutes les résidences, commerces, industries et institutions qui ne sont pas adéquatement desservies.

Que s’était-il donc passé pour que soudainement, la « réalité » cède la place à l’ « impensable » et que les obscurs rêveurs d’hier soient aujourd’hui transfigurés en visionnaires illuminés ? Un bref retour sur le parcours qui a conduit à ce succès pourrait permettre de retenir quelques leçons pour le futur.

Le nouveau paradigme

Un tel revirement de situation porte en fait le nom de « changement de paradigme » : les règles du jeu changent radicalement parce que le point de vue s’est transformé du tout au tout. Comme on ne voit plus les choses de la même manière, on envisage d’autres solutions aux problèmes qui nous paraissaient hier insurmontables.

Dans le cas présent, nous nous sommes dit que si nos ancêtres avaient eux aussi cru que les choses étaient immuables, l’électricité et le téléphone seraient encore absents de nos campagnes. Nous avons cessé d’attendre nous avons pris les choses en main. Le modèle d’affaires traditionnel ne fonctionnait pas ? Eh bien, nous en inventerions un nouveau ! Un organisme à but non lucratif (OBNL) a été créé dans le but de gérer le déploiement du réseau et offrir les services d’Internet, de télévision et de téléphonie au meilleur prix possible. Le conseil d’administration de cet OBNL, Internet haute vitesse rural (IHR), est composé d’élus du monde municipal et de représentants de citoyens des MRC du Haut-Richelieu et de Brome-Missisquoi.

Si nous avons opté pour un OBNL plutôt que pour une compagnie privée avec actionnaires, c’est que ceux des grands fournisseurs de connectivité haute-vitesse exigent que leurs investissements dans les infrastructures soient rentables dans les trois années qui suivent. Les administrateurs d’un OBNL n’ont pas à satisfaire des exigences de ce genre et, par conséquent, peuvent envisager un endettement à plus long terme.

Ainsi, les dirigeants d’IHR sont déjà à pied d’œuvre pour concevoir et dessiner le réseau, inventorier tous les poteaux de Bell, d’Hydro ou des autres entreprises sur lesquels la fibre optique devra être fixée, embaucher le personnel nécessaire et commander le matériel requis. « Nous commençons à déposer les premières demandes d’autorisation pour le déploiement », explique Patrick Bonvouloir, président du CA et directeur général de l’OBNL. « Si tout va bien, et il semble que ce soit le cas pour le moment, nous commencerons à déployer la fibre dès ce printemps ou au début de l’été. »

La leçon à tirer de tout cela c’est, bien sûr, qu’on ne devrait jamais baisser les bras, ne jamais cesser de regarder plus loin, de viser plus haut. Ça paraît aller de soi, et pourtant…

(Voir aussi l’article de Carole Dansereau à la page 9 et l’hommage à Réal Pelletier à la page 23.)